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Si Charlie Chaplin avait un maître, c'était bien Max Linder. Maud, sa fille, retrace la vie de ce grand comique au fil de son œuvre.
Si Charlie Chaplin avait un maître, c'était bien Max Linder. Maud, sa fille, retrace la vie de ce grand comique, depuis l'acteur soumis jusqu'à son accomplissement de metteur en scène, au fil d'une œuvre renommée jusqu'à Hollywood avec "L'étroit mousquetaire" ou "7 ans de malheur". A travers la vie de Max Linder, c'est aussi toute une époque en pointillé qui surgit.
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" Maud Linder n’a pas connu son père, disparu tragiquement alors qu'elle n’était encore qu’une enfant en bas âge. Et c’est avec les jeunes
" Maud Linder n’a pas connu son père, disparu tragiquement alors qu'elle n’était encore qu’une enfant en bas âge. Et c’est avec les jeunes gens de son âge qu’elle a découvert un jour son image, pour s’étonner de l’allure de ce moderne héros des temps héroïques du cinéma et du peu d’intérêt qu’il suscitait de nos jours.
Des décennies durant, Maud Linder s’est attachée à retrouver ce qui pouvait subsister d'une œuvre abondante, aussi peu protégée, aussi mal explorée que possible en dépit des témoignages et de l’admiration des historiens et des plus grands cinéastes, qui ne se sont jamais cachés d’avoir subi son influence (Keaton et Chaplin, on sait que la plupart des films de Max Linder précèdent ceux de l’école comique américaine).
Sur les quelque cinq cents films dont il a été d’abord le simple interprète, puis l’interprète et le réalisateur, les recherches ont permis, pour l’instant, d’en retrouver quatre-vingts qu'il n’est pas possible de reconstituer tous intégralement.
Dès les toutes premières années du siècle, l'homme au huit-reflets se produisait dans des comédies filmées au jour le jour et qui nous surprennent encore par leur richesse d'invention. Invention étant le mot juste : Max se trouvait un couvre-chef avant Chaplin, il sautait, avec autant d’agilité qu'un Lartigue sur toutes les nouveautés du monde moderne, s’emparant du volant d’un roadster ou des commandes d’un aéroplane voisin, il créait la comédie musicale filmée, soucieux de la synchronisation de ses gestes et de l'accompagnement d'orchestre, l'oeil attentif aux partitions.
Acceptant très vite de le laisser diriger ses films, Charles Pathé avait posé des conditions draconiennes : un film par jour, commencé le matin et bouclé le soir, prêt à l'exploitation dans un minimum de temps. Et le plus merveilleux, c’est que Max ait trouvé le loisir de créer un personnage d’une extrême élégance et d’une insaisissable poésie au sein de cette exubérance industrieuse.
Un personnage d'une vie si intense que sa renommée franchissait bientôt les frontières, provoquant d'épiques bousculades en Russie et séduisant Hollywood, où il abandonnerait définitivement le court film quotidien pour les longs métrages qui devaient achever de consacrer sa gloire, l’immortel Sept ans de malheur, le bouillonnant Soyez ma femme ou l’impayable parodie des Trois Mousquetaires de Douglas Fairbanks (qui, bon prince, lui avait prêté ses décors), L'Etroit mousquetaire.
Maud Linder n’a pas voulu faire un film d’historien, elle s'est contentée de raconter l’histoire de ce père inconnu mondialement célèbre en se servant des images de ses films. Des cartes postales, des prises de vues d'actualité fournissant les liaisons et Max ayant parfois fait jouer sa propre famille, filmé ses propres tournages ou mis en scène des tournages fictifs (inventant, par la même occasion, le cinéma dans le cinéma) il a été possible de donner une certaine cohérence à cette restitution du temps perdu. Il en résulte que nous regardons ce portrait mouvant avec un émerveillement où l'on sent peu à peu sourdre l'angoisse des échéances et des jamais plus.
Il y a là, peut-être, quelque chose de fitzgeraldien avant la lettre chez cet homme comblé, séducteur (le seul des grands acteurs comiques dont le physique ait été irréprochable), bondissant à la rencontre de la vie, plus soucieux de ses fantaisies que de ses misères et chez lequel se dessine lentement la fêlure dont on sait qu'elle s'élargira aux dimensions d'un gouffre.
A quarante-trois ans, marié depuis peu à une jeune femme ravissante, père d’une petite fille, encensé par l'Amérique et sur le point de commencer une production importante, il se donne la mort avec son épouse sans qu’on ait jamais pu trouver une explication plausible a cette décision. Le retour en arrière nous oblige à scruter ce visage ou ce masque dont on voudrait percer le mystère.
C’est une banalité d’affirmer que les amuseurs les plus fous sont souvent les hommes les plus tragiquement désespérés. Et ce n’est pas le moindre mérite de Maud Linder de se garder de cette banalité pour se limiter à laisser parler les images. Images, rigoureusement contrôlées, certes (Max s'opposera à la sortie d 'Au secours, la très curieuse parodie grand-guignolesque d'Abel Gance qui le montre en larmes et lançant des appels pathétiques), mais dont la vitalité nous rappelle sournoisement que tout élan connaît sa retombée et que toute perfection trouve les sources de son déclin dans sa propre plénitude."
" Elle n'a pas connu son père. Le grand comique, en pleine jeunesse, à peine au faite du succès, se donna la mort dans une chambre d'hôtel
" Elle n'a pas connu son père. Le grand comique, en pleine jeunesse, à peine au faite du succès, se donna la mort dans une chambre d'hôtel avec son épouse. Ils laissaient derrière eux une petite fille, élevée loin du drame et de la gloire du père. Et alors que Chaplin allait sauvegarder et prolonger son œuvre originale jusqu’au bout de son immense carrière, dès 1925, il n'y aura plus personne, en France, pour sauver celle de Max Linder, à une époque où les compagnies de cinéma encombrées de pellicules, passaient les bobines au pilon, une fois l'exploitation commerciale achevée (...)
A sa majorité, Maud, la fille de Linder, aurait dû avoir au moins, en héritage le patrimoine privé dont il ne restait malheureusement rien, car la famille bordelaise n’avait pas le moindre sentiment de la valeur de cette collection personnelle. Un jour de grand ménage, elle avait fait un grand trou au fond du jardin et tout a disparu. Maud ne connaissait toujours pas son père. Par curiosité, elle va au cinéma, le découvre un jour sur un écran. C’est le coup de foudre. Dès lors, Maud Linder cherchera par tous les moyens à rassembler des bouts de trésor qui l'aideront à ranimer une image au moins aussi universelle que celle de Buster Keaton ou de Max Sennett : « Je ne comprends pas, dira-t-elle pourquoi on ne connaît plus Max Linder et je m'emploierai à le faire connaître. » (...)
« Je ne prétends pas, avoue Maud, faire du Max Linder. Je tâche seulement de raconter sa vie à travers son œuvre, consciente de ma responsabilité dans l’inévitable décalage que peut constituer ma démarche personnelle. Je veux communiquer au public cette révélation que j’ai eu moi-même du personnage en tant que simple spectatrice. Je souhaite qu’on redécouvre l’importance de ce premier génie comique du cinéma Français que l’Amérique avait reconnu avant même l’ascension de Charlot. »
Qui était donc L'Homme au chapeau de soie ? Une heure de divertissement dans un autre temps vous en dessinera la personnalité pleine de charme, de tendresse, de vitalité, une certaine folie qui firent la renommée universelle de Max Linder: « A vingt ans on se tue par passion, je n’explique pas autrement sa fin brutale, dit encore Maud Linder qui maintenant a fait le tour de l’œuvre et du personnage. » "
" De Max Linder, on pourrait presque dire que tout le monde connaît son nom mais que personne n’a vu ses films. Au mieux, on sait qu’il fut
" De Max Linder, on pourrait presque dire que tout le monde connaît son nom mais que personne n’a vu ses films. Au mieux, on sait qu’il fut le plus grand représentant de l’école comique française, qu’il a influencé Mack Sennett, Keaton et les grands burlesques américains, que Chaplin l’a reconnu pour maître et que René Clair comme Louis Delluc n’ont pas tari d’éloges à son endroit.
En un film de quatre-vingt-seize minutes, Maud Linder, fille du metteur en scène, nous présente, un étonnant digest de l’œuvre entière de Max Linder ou du moins ce qu’elle a pu en retrouver : après plusieurs décennies de recherches, elle a pu sauver quatre vingts films environ sur les cinq cents qu’il avait tournés.
Mais ce film est avant tout une lettre d’amour envoyée par une enfant à un père qu’elle n’a pas connu (...)
L’admirable est que l’auteur ait pu suivre le cheminement de l’homme à partir de films dont le ressort premier est l’efficacité comique. Et si elle a su rendre bouleversant le portrait de son père, c’est parce qu’elle a senti chez lui — à travers son œuvre, bien sûr — un sens aigu de la fêlure.
Sa fragilité évidente, Max Linder la masquait sous l’élégance et la désinvolture. La soie du chapeau cachait la plaie à la tête. Chacune des péripéties de son " personnage " est soulignée par un trait brillant et aristocratique : puisque la vie est gouvernée par la mort, alors mieux vaut en rire. D’où ce cinéma où la fugacité de l’instant est démontée avec précision (Maud Linder prouve que son père avait, au temps du muet, " inventé " la comédie musicale : le tempo rigoureux de la musique — ajoutée — de Jean-Marie Senia suit étonnamment l’image). D’où, aussi, ce cinéma de la dérision dont L'Etroit Mousquetaire est l’aboutissement le plus accompli : le roman de Dumas et ses héros sont passés à la moulinette et il n’en reste plus qu’un rire sans fin qui tourne à vide.
En traçant un portrait de Max Linder, sa fille prouve que ce grand créateur a su imposer sa vision du monde. Et s’est efforcé de la masquer et de la présenter comme sans importance.
Maud Linder suit son exemple : en apparence, elle ne parle que d’un cinéaste méconnu. En fait elle nous offre un poème très intime sur les rapports d’une fille qui retrouve un père réel au travers d’un père rêvé. Et cette confession est tout simplement admirable. "
Maud Linder a su éviter le montage documentaire pieux, lénifiant ou par trop didactique, à la mémoire de son illustre père, Max. L’Homme au
Maud Linder a su éviter le montage documentaire pieux, lénifiant ou par trop didactique, à la mémoire de son illustre père, Max. L’Homme au chapeau de soie, au contraire, fonctionne sur un double intérêt, offre un double plaisir. D’abord, il permet de découvrir bien des Max Linder qu’on ne verrait jamais sans cela. Et par là même de (re-)dècouvrir ce comique singulier: une sorte de galant (séducteur, cavalier, escrimeur : charmeur toujours) riant de lui-même, parodique, pourfendant sa propre superbe, mais sans jamais perdre de sa dignité. L’Etroit mousquetaire, titre de l’un de ses films parmi les plus drôles, pourrait ainsi s’appliquer à tout Linder : derrière le jeu de mot, il y a ce paradoxe, proprement comique, entre le mousquetaire «étriqué» (le Superbe moqué) et le mousquetaire « ultra- fin » (le Superbe au second degré, au carré). Jonglant avec le ridicule, l’autodérision, le beau Max s’en sort toujours bien, très bien.
Sans jamais quitter l’humour grâce au maximum d’extraits possible (sur plus de 300 films tournés, il n’en reste que quelques dizaines), ce film brosse un portrait saisissant de l’homme. On voit comment le jeune cinématographe, entre 1900 et la guerre, pioche dans le music-hall ses forces vives : Charles Pathé, après avoir exigé de lui un film par jour (comme la scène exige une trouvaille par soirée), fera de Max Linder le premier « au-1 teur» attitré, scénariste, réalisateur, et bien sûr interprète, de ses propres films.
En 1914, Max s’engage, puis, blessé, s’exile aux USA où il réalise ses longs métrages les plus connus: Soyez ma femme, Sept ans de malheur et la fameuse scène du miroir sans glace... Devenu une célébrité internationale, toujours grand séducteur et grand voyageur, Max-l’aventurier se marie cependant, ouvre à Paris le premier cinéma moderne, tourne à Vienne le Roi du cirque... et se suicide à 42 ans, en pleine gloire, avec sa jeune épouse. Or la pudeur avec laquelle Maud Linder évoque ce suicide, comme toute la vie de ce père qu’elle n’a guère connu, n’est pas la moindre qualité de ce film. A quoi s’ajoute encore la subtile musique de Jean-Marie Senia. L’Homme au chapeau de soie est plus qu’un fort agréable et fort intéressant divertissement. Il révèle un comique somme toute méconnu.
Max Linder n’a pas ce corps comique d’un Chaplin, encore moins d’un Keaton : on comprend que ses films aient moins bien résisté au temps. Or tout en en restituant le charme à peine désuet, ce film permet de réaliser ce qu’était au départ ce comique encore fortement théâtral, toujours très « français», d’avant les grands Américains. De mesurer entre eux la distance... et la filiation. En témoigne cette dédicace fameuse: «A Max, le seul, l’unique, mon professeur, son élève : Charles Chaplin. »
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