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L'innocente Susan est terrifiée par de violents cauchemars où apparaît une mystérieuse femme. Un jour, celle-ci est retrouvée morte sur la plage...
Jeune et innocente mariée, Susan est effrayée par les désirs de son mari. Ses nuits sont agitées par des cauchemars terrifiants, bardés de viols et de meurtres. Lors d'une promenade sur la plage, son époux découvre une femme enterrée sous le sable, qui hante justement les rêves de Susan... Adapté du Carmilla, de Sheridan Le Fanu, l'un des fleurons de l’âge d’or du cinéma d’horreur ibérique.
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Sur un schéma typique d’un scénario gothique (mais l’histoire se passe à l’époque contemporai
Sur un schéma typique d’un scénario gothique (mais l’histoire se passe à l’époque contemporaine), le film d’Aranda apparaît très vite comme une fable politique assez radicale. Derrière les projections mentales et péripéties surnaturelles qui se succèdent, au service d’une efficace montée de la tension, se lit une remise en cause de l’ordre patriarcal et de la violence dont il est porteur.
La Mariée sanglante est un brûlot féministe nourri de visions surréalistes (une jeune femme, enterrée sous une couche de sable, surgit nue sur une plage) et de séquences érotiques mêlant viol et ébauches d’étreintes saphiques. Qu’un tel film ait pu être produit dans l’Espagne franquiste laisse évidemment rêveur.
Tourné en pleine période sacro-sainte que l'on pourrait qualifier d'"Age d'or du cinéma fantastique e
Tourné en pleine période sacro-sainte que l'on pourrait qualifier d'"Age d'or du cinéma fantastique espagnol", le film de Vicente Aranda effleure le mythe du vampire en proposant une variante excluant les codes pourtant indissociables du genre. Ici, pas de canines, pas de pieux, encore moins d'ail. Juste de simples morsures métamorphosant Susan en lesbienne fantomatique et habitée par une haine totale envers la gente masculine, transmise par le spectre (?) de Carmilla/Mircalla (...)
Il est d'ailleurs surprenant de constater que derrière cette parabole féministe et clairement anti-mariage se cache en fait un homme.Remarquez, le mâle sort une fois de plus victorieux puisqu'à la fin du récit, il extermine au fusil les lesbiennes/créatures recroquevillées nues dans un cercueil.
Jalonné d'un érotisme gracieux et d'un onirisme troublant (notamment lors de la sublime séquence où le mari, incarné par Simon Andreu, découvre tout à fait par hasard Mircalla/Carmilla ensevelie profondément sous le sable), le film n'oublie pas d'être également gore, au travers de quelques assassinats sanglants au poignard.
Le Dracula de Bram Stoker est aujourd’hui la référence incontestée en matière d’œuvre-source
Le Dracula de Bram Stoker est aujourd’hui la référence incontestée en matière d’œuvre-source vampirique, mais le célèbre comte valaque doit beaucoup de sa popularité à son adaptation avec Bela Lugosi, par Tod Browning. Si la postérité les reconnaît moins, les personnages de Lord Ruthven (de John William Polidori) et de Carmilla (de Joseph Sheridan Le Fanu) demeurent pourtant séminaux. Carmilla, notamment, est à l’origine d’œuvres singulières et fascinantes (dont l’ignoré et splendide Lemora de 1973). Avec sa Mariée sanglante, Vicente Aranda donne une interprétation ardemment politique du personnage.
Les prémices du film voient arriver un jeune couple dans la maison familiale du mari. Il est, on le comprend vite, un homme du monde, ayant goûté aux plaisirs, tandis que son épouse est encore vierge, aussi bien physiquement que moralement. Terrifiée par l’acte de chair, elle est parvenue jusque-là à se soustraire aux assauts de son mari. Mais, le mariage ayant été célébré, il faut maintenant le consommer : à cette occasion, le mari montre un visage violent, autoritaire et pervers, dont il ne va plus jamais se départir. Effrayée par son époux, la jeune femme va bientôt se croire visitée par l’esprit immortel et vampirique d’une aïeule de celui-ci, vouée aux gémonies pour avoir poignardé son mari.
Une seule séquence, authentiquement surréaliste, permet de dépêtrer le surnaturel du réel. Hors de celle-ci, Vicente Aranda choisit d’installer un climat trouble, de la folie au fantastique, entre plusieurs protagonistes ayant chacun sa part de ténèbres. Simón Andreu interprète le jeune marié avec une suffisance perverse, prenant un plaisir troublant à la violence la plus crue (lors de scènes vraisemblablement non-simulées), tandis Maribel Martín compose un personnage d’oie blanche précipité de la plus pure vertu au vice le plus débridé.
Vicente Aranda se place plus volontiers dans le domaine du roman gothique que dans celui du film de vampire : le mari est ainsi un phallocrate barbare, jouissant violemment de sa position de puissance, tandis que sa malheureuse épouse plonge dans une passion féroce ayant toute l’apparence de la folie.
L’élément qui intéresse le plus Vicente Aranda dans le mythe vampirique est celui de l’immortalité.
La libération sexuelle de la jeune épouse au contact de la vénéneuse Carmilla ne représente pas tant un enjeu, que le défi qu’elle représente à la face d’une puissance patriarcale incarnée par Simón Andreu. Elle représente une intarissable soif de liberté qui ne saura être étouffée, pas même par la main de fer du franquisme, dont le mari est un avatar non déguisé.
Visuellement léché, La Mariée sanglante se place dans le canon esthétique des films fantastico-historiques de son époque post-Hammer, pour véhiculer un message politique brûlant. Alors que les femmes libres font face à ce qui est, à toutes fins utiles, un peloton d’exécution, l’une d’entre elles l’annonce comme une sentence : « elles reviendront, elles ne peuvent pas mourir ». Et ce, malgré les flots de sang que les révoltées vont bientôt verser.
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