
Bill Pohlad : "Ce type un peu bizarre qui s'avère être Brian Wilson..."
Co-écrit avec Oren Moverman, co-scénariste d'I'm not there (rêverie de Todd Haynes d'après les vies de Bob Dylan),1
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Ecrasé par un père autoritaire, schizophrène, Brian Wilson est pourtant devenu le génial compositeur de "Pet Sounds", plus grand album des Beach Boys...
D'épisodes dépressifs en éclairs de génie, de descentes d'acide en regains d'optimisme, la vie tumultueuse de Brian Wilson, compositeur de l'un des plus grands albums de l'histoire du rock, "Pet Sounds" des Beach Boys. Dans un aller-retour permanent entre les années 60 et les années 80, Bill Pohlad fait successivement incarner Brian Wilson par Paul Dano et John Cusack. Romance, film musical et biopic, "Love & Mercy" est au moins une triple réussite.
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"(...) si ces reconstitutions sont à ce point bluffantes, c'est qu'au perfectionnisme du pro le réalisateur Bill
"(...) si ces reconstitutions sont à ce point bluffantes, c'est qu'au perfectionnisme du pro le réalisateur Bill Pohlad ajoute l'affection d'un fan.
Jusque-là connu comme producteur (The Tree of life, 12 Years a slave), il trouve la note juste, jouant d'une gamme de couleurs chaudes et vives pour faire du versant sixties de son film un kaléidoscope. Sans rien éluder de l'infernale spirale qui voit ensuite Brian Wilson s'engloutir dans la quête d'un impossible Graal nommé Smile, opéra pop inachevé que le reste du groupe finit par confisquer à son créateur. Nous sommes en 1967 et s'ouvre une fracture de près de vingt ans, traitée par une ellipse : l'autre temps du film est celui d'une douloureuse rédemption. Le musicien y apparaît, au milieu des années 1980, comme un gentil zombie, cornaqué par Eugene Landy, gourou mental qui le coupe du monde en l'assommant de cachets. Face au fumeux « docteur », John Cusack prête une silhouette épaissie et beaucoup de subtilité à cette seconde incarnation, peu flatteuse. Le beau rôle étant dévolu à Melinda Ledbetter (Elizabeth Banks), l'accorte et très patiente vendeuse de voitures par qui viendra le salut du génie fracassé.
Pic créatif des années bouillonnantes d'un côté, lente renaissance de l'autre. La grande idée de Bill Pohlad et de ses scénaristes est d'avoir choisi, plutôt que leur succession chronologique, l'alternance entre ces deux faces du miroir, suscitant contraste et échos. Dans cette partition des styles, Love & Mercy trouve sa dynamique. Sa forme fragmentée, qui forcément zappe certains moments clés de l'histoire des Beach Boys, offre sur le sujet Brian une perspective généreuse et assez complète. En dépit d'un trop-plein de pathos sentimental sur la fin, signe que le couple Wilson n'a pas été étranger à la production du film, voici, dans le genre semé d'embûches du biopic musical, une réussite qui fera date."
"Love & Mercy remet les pendules à l’heure : le groupe californien n’est pas qu’une bande de plagistes &ag
"Love & Mercy remet les pendules à l’heure : le groupe californien n’est pas qu’une bande de plagistes à chansonnettes mais le porte-voix d’un grand mélodiste incompris. Le film surfe élégamment sur les codes du biopic officiel, croisant l’enregistrement de Pet Sounds, en 1965-66, et, vingt ans plus tard, la rencontre d’un Brian Wilson zombifié avec celle qui le sauvera des griffes de son psy gourou. Étayée par un audacieux changement d’acteur (Paul Dano puis John Cusack), cette construction réduit la distance entre le génie brut (enivrantes scènes de studio) et la folie qui le tire vers le fond. Ainsi, Love & Mercy fait de la musique une réponse au néant."
Laura Meyer" Quand je vivais à Los Angeles, je croisais parfois Brian Wilson dans un coffee-shop, ou chez Tower Records. Il était s
" Quand je vivais à Los Angeles, je croisais parfois Brian Wilson dans un coffee-shop, ou chez Tower Records. Il était svelte, élégant, mais affublé de tics faciaux bizarres, d’une démarche un peu gauche, et d’une lueur d’enfant apeuré dans le regard. Il était chaque fois accompagné d’un jeune homme blond au look de surfeur (ironie noire), et parfois d’un autre homme qui semblait le couver de loin tel un père fouettard surprotecteur.
J’ai vite su que le surfeur était son accompagnant-garde du corps permanent et que l’autre homme était le docteur Eugene Landy, son psychiatre abusif qui le bourrait de médocs. Pour avoir vu ces scènes étranges du purgatoire d’une icône pop absolue, je peux assurer que la partie années 80 de Love & Mercy semble assez proche de la vérité. Bien qu’elles puissent parfois paraître exagérées ou caricaturales, l’emprise du démoniaque docteur Landy, les manières d’enfant terrorisé de Wilson, la bataille affective, psychologique et juridique de sa nouvelle amie, Melinda, pour l’arracher à sa prison dorée, semblent assez réalistes pour qui connaît ce pan tragique de l’histoire de Brian Wilson.
(...)
Mais si Love & Mercy est un si beau biopic, ce n’est pas grâce à l’exactitude fétichiste de ses détails mais par la justesse de ses options globales. Ne pas faire “la légende en or des Beach Boys” mais se focaliser sur les périodes les plus essentielles de son créateur majeur, Brian Wilson ; celle où il a accouché de chefs-d’œuvre mais perdu le contrôle de sa vie, puis celle où il a repris le fil de la musique et de son existence.
Plutôt qu’un feel-good movie surf et ensoleillé, Love & Mercy est une œuvre sombre, élégiaque, introspective, bref, une rareté en territoire hollywoodien, un film pour Michka Assayas plutôt que pour Billboard ou Variety, un bel et digne hommage à la vision artistique d’un génie foudroyant et foudroyé."
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