Né le 28 juillet 1960, à Nazareth, en Palestine, Elia Suleiman aborde dans ses films la question palestienne de façon inédite : par le biais de l'humour, dans la filiation de Jacques Tati et Buster Keaton...
Sa filmographie est courte, comme celle de tous les cinéastes palestiniens, qui, pour travailler, doivent faire appel à des producteurs étrangers. C'est d'ailleurs à New York, où il réside dans les années 80, qu'Elia Suleiman réalise ses premiers films, deux courts métrages toujours inédits en France. Il revient en 1994 dans les territoires palestiniens, où il enseigne le cinéma à l'Université de Bir Zeit.
Il tourne en 1996 Chronique d'une disparition, vrai-faux documentaire à la première personne, dans lequel il inaugure sa manière décalée de rendre compte des situations qu'il capte ; le film est remarqué au Festival de Venise (Prix du premier film), mais attendra deux ans avant de nous parvenir. Ce qui ne fut pas le cas de son titre suivant, Cyber Palestine, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2001, qui n'eut pas les honneurs d'une sortie publique. D'où la surprise de découvrir dans la compétition cannoise de 2002 Intervention divine, film d'un quasi inconnu qui décrocha le Prix du jury et celui de la Critique internationale. Le traitement comique – un comique sur les pointes, dans le cousinage de Jacques Tati – des difficultés d'un couple palestinien écartelé entre Jérusalem et Ramallah et contraint de se retrouver sur le parking du checkpoint qui bloque le trajet entre les deux villes était suffisamment habile pour que les deux dimensions, humoristique et dramatique, s'équilibrent.
Suleiman s'y révélait, après Chronique d'une disparition, comme un remarquable acteur comique, impassible et lunaire dans la lignée évidente de Buster Keaton. Depuis ce succès mérité, le cinéaste a fait partie des 33 réalisateurs conviés en 2007 à célébrer, en 3 minutes (Chacun son cinéma), le 60e anniversaire du Festival de Cannes.