Né le 10 mai 1931 à Trevico, Italie, disparu le 19 janvier 2016 à Rome, Ettore Scola fut l'un des plus brillants serviteurs de ce que l'on nomma en France, "la comédie à l'italienne". Mais le cinéaste est tout aussi à l'aise dans le drame (Une journée particulière) ou dans l'évocation historique (La Nuit de Varenne, Le Bal...) qui se présentent à chaque fois sous une forme originale...
Longtemps homme de l'ombre - dessinateur humoristique, gagman à la radio, auteur, à partir de 1952, de multiples scénarios pour Antonio Pietrangeli ou Dino Risi -, il ne réalise son premier film, Parlons femmes, qu'en 1964, grâce à Vittorio Gassman, avec qui il tournera dix autres films, jusqu'au Dîner (1998). Les trente titres qui suivront, chiffre définitif puisqu'il a désormais annoncé sa retraite, font de sa filmographie une des plus exemplaires du cinéma italien d'après-guerre.
Parmi ces trente, on compte au moins quatre chefs-d'œuvre incontestés, que les années écoulées n'ont pas amoindris : Drame de la jalousie (1970), Nous nous sommes tant aimés (1974), Affreux, sales et méchants (1976) et Une journée particulière (1977). Scola se révèle capable d'aborder avec la même aisance comédie et drame, d'inscrire ses personnages (il participa à tous ses scénarios) dans un contexte qui trace, à partir de ces aventures singulières, un panorama général critique.
Nous nous sommes tant aimés est le premier, et l'un des plus réussis, des grands films générationnels qui ont fleuri depuis, et son évocation drôle et amère des trois décennies de l'Italie d'après-guerre demeure un modèle d'analyse et d'émotion.
Homme de conviction, profondément engagé à gauche (il signe avec de jeunes cinéastes le film collectif Un autre monde est possible en 2001), Scola a toujours su éviter simplisme et schématisation dans ses descriptions de groupes sociaux : La Terrasse (1977) et, dix ans plus tard, La Famille, et, dix ans plus tard encore, Le Dîner, dessinent des tableaux précis de la société italienne du moment. Et lorsqu'il se tourne vers le passé (La Nuit de Varennes, Passion d'amour, Le Bal, Le Voyage du capitaine Fracasse), c'est toujours avec un regard moderne qui lui permet d'interpréter le présent.
Son ultime film, Gente di Roma (2003), est un documentaire sur les habitants de sa ville. Que son œuvre s'achève sur cette chronique attendrie de ses contemporains est une conclusion tout à fait naturelle : Scola a toujours été de son temps. On aurait simplement souhaité qu'il le demeurât plus longtemps.