Elle devient alors la monteuse de celle-ci sur Sans toi, ni loi (1985) puis réalise, en 1988, Peaux de vaches, qui fait sensation, drame familial en milieu rural, placé sous l’égide de la Nouvelle vague et de Pialat : Raoul Coutard à l’image, Yann Dedet, monteur de Pialat et Truffaut, dans un rôle secondaire et Sandrine Bonnaire dans l’un des rôles principaux. Le film remporte un prix du public au festival d'Angers et est nommé aux César parmi les meilleurs premiers longs-métrages de l'année.Elle signe ensuite un épisode de la série « The Hitchhiker » (1991) puis un film pour la collection d’Arte, « Tous les garçons et les filles de leur âge… », Travolta et moi (1993), portrait d’une adolescente à la fin des années 70, qui connaîtra une sortie en salles. En 1999, elle réalise un téléfilm pour France 2, la Finale, qui marque les débuts à l’écran de David Douillet.
Elle revient au cinéma en adaptant un roman d’Yves Dangerfield, la Maison d’Esther, devenu Saint-Cyr (2000), qui conte l’échec du pensionnat de jeunes filles créé en 1685 par Madame de Maintenon, épouse de Louis XIV, interprétée par Isabelle Hupert. Basse-Normandie (2004) est, lui, un curieux film expérimentalo-militant, où la réalisatrice se met en scène avec son compagnon, Simon Reggiani. Celui-ci se consacre à lire les Carnets du sous-sol de Dostoievski, à cheval, devant les paysans réunis au Salon de l’agriculture, tandis que les Etats-Unis s’apprêtent à lancer leur offensive militaire sur l’Irak.
Cinéaste encore trop peu connue, aux projets ambitieux et à la mise en scène exigeante, elle signe en 2011 Sport de filles où s'exprime une fois encore sa passion des chevaux au fil d'une intrigue où Marina Hands, Bruno Ganz et Josiane Balasko personnifient avec intensité l'un des sujets sous-jacents de son oeuvre : le rapport de classe.
Si l'on a rapproché ses films d'un certain naturalisme français, il apparait pourtant que ce rapport au "réel" débouche au fil de son oeuvre sur une dimension autre et inclassable où, de la rudesse, naît une certaine poésie. S'il fallait définir Patricia Mazuy, il faudrait pouvoir écrire qu'il s'agit d'une cinéaste sans pareille.
Camille Taboulay et Philippe Piazzo