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De 1980 à 1991, Nikita Mikhalkov a filmé tous les ans sa fille Anna en lui posant toujours les mêmes questions sur ses craintes, ses espoirs et ses attentes.
Entre 1980 et 1991, Nikita Mikhalkov a filmé tous les ans sa fille aînée Anna en lui posant toujours les cinq mêmes questions : Qu'est-ce qui t'effraie le plus ? Quel est ton plus fort désir ? Que détestes-tu plus que tout ? Qu'est-ce que tu aimes par-dessus tout ? Qu'attends-tu de la vie ?
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" L'art d'expliquer le vide C'est le film d'un illuminé. Il faut l'être passablement pour songer, dan
" L'art d'expliquer le vide C'est le film d'un illuminé. Il faut l'être passablement pour songer, dans une URSS pétrifiée, où tout cinéaste doit justifier du moindre mètre de pellicule qu'il tourne, à réaliser un film « hors normes ». Hors critères et, donc, hors la loi. Un film qui tenterait d'expliquer l'évolution d'une petite fille comme les autres dans un pays qui ne l'est pas.
Donc, grâce à des amis qui, à leurs risques et périls, dérobent puis développent quelques bobines de film, Nikita Mikhalkov entreprend son projet insensé (...) Anna répond. Des enfantillages, d'abord. Et puis, assez vite, des phrases toutes faites qu'on lui a inculquées à l'école ou ailleurs. Quand, coup sur coup, les premiers secrétaires cacochymes d'un Parti qui ne l'est pas moins tombent comme des mouches (Mikhalkov fait de ces deuils successifs une vraie farce macabre), Anna, les larmes aux yeux, récite la leçon qu'on lui a apprise. Ce n'était pas une écervelée, mais la voilà devenue une décervelée. Le plus important, alors, n'est pas ce qu'elle raconte, mais la façon dont Mikhalkov l'écoute. Ce qu'il découvre.
Dans ces moments, il ressemble vaguement à Kotov, le héros de Soleil trompeur. Kotov, qui, brusquement, réalisait la fausseté de Staline, cette idole qu'il avait aidée à prospérer... (...) Le film de Mikhalkov est un pamphlet. Un pamphlet contre l'absence de Dieu (...) Réac, vous avez dit réac ? Réac ou pas, Mikhalkov est formel. « En Occident, en France notamment, vous avez la loi. La seule loi que les Russes aient jamais connue, c'est Dieu. En supprimant Dieu, le pouvoir communiste a extirpé les racines du peuple, qu'il s'agit de retrouver. » Car Mikhalkov le répète assez ni l'art ni l'âme slaves ne peuvent se concevoir sans cette trinité : la foi, l'espérance et l'amour. Comme Anna est un pamphlet, Mikhalkov se permet quelques outrances (Jean-Paul Gaultier pour symboliser la décadence, c'est un peu ridicule, a-t-on envie de lui dire). Mais l'originalité du film et sa force , c'est d'avoir su, par l'itinéraire d'une enfant (plutôt) gâtée, refléter le vide d'un pays. Mieux : l'expliquer. Clairement et tendrement. Et puis, il y a aussi ces instants lyriques où Mikhalkov prouve que son art n'a rien perdu de sa magie. Notamment la séquence où, tandis que la voix de Nikita évoque les souvenirs de réveillons enfuis, une datcha enneigée s'illumine soudain dans la nuit. Scène où passé et présent se rejoignent dans la recherche du temps perdu."
" Nikita Mikhalkov appartient à l'illustre famille des Mikhalkov. Pour ceux qui ne le sauraient toujours pas, Nikita rappel
" Nikita Mikhalkov appartient à l'illustre famille des Mikhalkov. Pour ceux qui ne le sauraient toujours pas, Nikita rappelle que son père, Serguei, est « le grand poète Mikhalkov dont tous les enfants russes récitaient les vers ». Il oublie juste une chose, Nikita, c'est que les enfants russes n'avaient pas le choix : le grand poète Mikhalkov était, du temps de Staline, le grand poète de la nomenklatura. Les temps ont changé. Haro sur les tsars communistes ! Oui, ils sont bien morts, et, pour mieux s'en convaincre, Nikita les enterre à nouveau. Qu'en pense la petite Anna ?
Sous le communisme, nous explique Nikita, elle avait bien failli être embrigadée. Et voilà que, aujourd'hui, elle retrouve « d'elle-même » les valeurs vraies de la Russie éternelle. C'est-à-dire celles de son père... Anna Mikhalkov est la digne héritière de ses ancêtres. Son père peut être fier d'elle. C'est quoi, la pensée Mikhalkov ? Le retour à l'isba, un petit morceau de terre nourricière, sous la bienveillance d'un Dieu qui a enfanté « la mystérieuse âme russe ». Les malheurs actuels de la Russie ? L'absence de Dieu. Mais encore ? L'absence de Dieu, vous dis-je. La guerre d'Afghanistan ? La faute au matérialisme historique.
On attend l'explication future de Mikhalkov sur le carnage de Grozny : Dieu était-il absent lorsque Catherine II a colonisé le Caucase, que le nouveau tsar russe ensanglante aujourd'hui ? Il est vrai que Mikhalkov appelle de ses voeux « la Grande Russie »... Il est vrai aussi que le communisme n'a pas le monopole du matérialisme. Pourquoi juxtaposer les images de l'explosion de Challenger, l'accident du Bourget, l'intégrisme iranien et... les défilés Jean-Paul Gaultier ? L'absence de Dieu, voyons ! Ajoutez-y la disparition « de l'idée du péché et de la honte » et vous comprendrez que la vie est transformée « en jeu vidéo ». Voilà ce que ressasse Mikhalkov face à la caméra. L'absence de Dieu. Sous la dictature brejnevienne, il y avait un cinéaste que cette absence crucifiait : Andrei Tarkovski. Il n'en parlait pas, il la filmait. Il ne moralisait pas, il montrait. Pour cela, on l'a contraint à l'exil. Il en est mort. Aujourd'hui, Mikhalkov nous propose la Russie des boyards. Forte des certitudes de son père, la petite Anna étudie en Suisse. Quand elle reviendra, dans quel état sera la Russie ?"
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