Mariette Auvray remonte le temps
Portrait drôle et délicat d'une femme émancipée, La Femme-côtelette est présenté au festival Côté-court dans la se1
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Markus se rêve en chat, Benjamin prêche dans une église virtuelle et Kris est un maître SM...Un documentaire sur trois communautés emblématiques de Second Life.
Markus est un "furry" : l’animal qui sommeille en lui est un chat. Benjamin est un pasteur moderne : il prêche les évangiles dans une église virtuelle. Kris est un maître goréen : il contrôle la vie sexuelle de ses esclaves depuis sa chambre... Pendant plusieurs mois, les réalisateurs ont sillonné les Etats-Unis à la rencontre d’utilisateurs du réseau social Second Life. Portraits autour de trois communautés emblématiques du monde virtuel, et première partie d'un diptyque que les auteurs consacrent à ceux qu'ils appellent "les mutants".
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" On peut dire qu’il y a le réel et le virtuel, mais personne encore n’ose dire à quel point ça tangue dangereusement (au sens où désorma
" On peut dire qu’il y a le réel et le virtuel, mais personne encore n’ose dire à quel point ça tangue dangereusement (au sens où désormais le virtuel, c’est le réel) comme le démontre ce documentaire inouï. Un Français, une Japonaise, parcourant l’Amérique des suburbs, des «non-lieux», à la recherche de gens avec qui ils ont noué des liens sur Second Life (SL) depuis un an. Communautés d’hommes-animaux (les «furries»), d’esclaves sexuels ou d’évangéliques. Eux-mêmes ne savent plus s’ils ont joué pour faire ce film, ou si ce film est né de leur immersion : c’était il y a trop longtemps, dans une autre vie. Ils sont partis à la rencontre de «résidents» et tombent sur des hommes. Filmés sur leur lieu de travail, dans leur salle à manger, tondant la pelouse. Tous parlent sans soif de cette extension de leur vie qui s’est développée dans l’imaginaire SL au point, par un effet boomerang invisible, d’avoir ravalé comme un vortex ce truc difficile que l’on nomme le quotidien. Le réel n’est plus que cet espace neutre entre deux connexions, un temps mou que l’on meuble en continuant de parler de son avatar avec un autre joueur. Et si certains se sont mariés dans la «vraie» vie après avoir dragué dans l’univers coloré de SL, ils ne consommeront leur union que symboliquement, dans le jeu : ils sont devenus les avatars de leurs avatars.
Drôle de jeu, par ailleurs, pour qui regarde le film sans jamais y avoir foutu les doigts : pas exactement un endroit mieux que le monde, mais la vie même, encore et toujours recommencée. Où ce qui est mis en œuvre n’est pas l’égalité de chacun (ça, c’est une utopie, et les joueurs sont névrosés, pas utopistes) mais au contraire une lecture de l’homme à travers l’extension enfin réalisée de son pouvoir : ce qui est joué, ce ne sont jamais que des rapports de dépendance (...)
ce que le film a la sagesse de faire, c’est de les montrer et les écouter totalement. De ne pas se planquer en les désignant comme «Américains», ou «pensionnaires d’un asile virtuel». A la place, il nous dit que si on les juge malades, nous le sommes tous un peu, frères de ceux-là qui ne font jamais qu’articuler une réponse toute neuve à une question vieille comme le monde: « Qu’est-ce que vivre ? Réponse : dépendre ? »
Tous junkies, tous en demande, tous en manque. Il est possible que l’on n’ait pas eu aussi peur au cinéma depuis Evil Dead, mais - et c’est un plaisir rare - en ayant en même temps le sentiment de croiser là un grand portrait du monde - et pour qui continue d’avoir besoin du cinéma pour accepter de vivre et de comprendre ce que la vie même vous refuse comme explication, ça file le vertige."
" ...The Cat, The Reverend and the Slave s'installe avec empathie au coeur de l'ambiguïté (...)"
" On voit bien qu'un couple va à vau-l'eau quand le mari décide d'ouvrir un bar à hôtesses au-dessus du magasin de jouets de sa femme.
" On voit bien qu'un couple va à vau-l'eau quand le mari décide d'ouvrir un bar à hôtesses au-dessus du magasin de jouets de sa femme. Cette scène de ménage fait un moment ressembler The Cat, the Reverend and the Slave à une émission de télé-réalité. Mais en fait, ce documentaire drôle et glaçant s'aventure au-delà de ces exhibitions publiques, dans une autre réalité, numérique, sans existence physique.
Les personnages du film d'Alain Della Negra et Kaori Kinoshita, y compris le trio du titre - un homme qui se travestit en chat dans sa vie amoureuse, un pasteur qui a ouvert une église virtuelle et un travesti entièrement soumis à son maître -, vivent à la fois dans le monde matériel et sur Second Life (...) Les réalisateurs les filment dans leur existence quotidienne et les font parler de leur vie virtuelle. On voit peu d'images du monde de Second Life, et la brièveté de ces extraits ne permet pas d'appréhender la force de l'emprise que le site exerce sur ses adeptes. Mais cette dévotion ne fait aucun doute lorsque l'on entend Krista Kenneth évoquer sa vie d'esclave régie par des règles quasi religieuses. A entendre ces quelques témoignages qui ne peuvent refléter la variété des expériences de millions de "Second Lifers" on dirait que ce monde-là est partagé entre le sexe et la religion.
La dispute conjugale évoquée plus haut est menée autour de petites entreprises ouvertes sur "SL" (c'est ainsi que ses habitants désignent la planète numérique), entre une épouse dévote et un mari qu'on dirait enivré par les possibilités érotiques que lui ouvre ce monde. Plus tard, on rencontre le pasteur Benjamin Faust (on aurait pu penser qu'un patronyme comme celui-là interdisait l'accès aux ordres) qui tente de ramener les âmes perdues de Second Life - et il n'en manque pas - sur le droit chemin. Quant au chat, il faudrait expliquer ce que sont les "soirées furry" (velu), et, sorry, l'espace ici imparti ne permet pas de déployer les circonlocutions nécessaires.
Ce versant du film est amusant, exotique, comme un documentaire sur une tribu inconnue, ou un petit film de science-fiction. Mais les réalisateurs n'oublient pas de rapporter ces moeurs étranges à la vie quotidienne et terrestre des citoyens de Second Life. Della Negra et Kinoshita filment en longs travellings les banlieues pavillonnaires où vivent leurs héros, laissent entrevoir la monotonie de leur vie professionnelle, à quelques pas de la misère. L'un des moments les plus saisissants du film montre un beau jeune homme qui décide de s'intéresser à "l'univers furry" sur Second Life et s'enquiert immédiatement de la rentabilité de la prostitution masculine dans cette communauté.
Les dernières séquences du film qui font le lien entre Second Life et la communauté utopiste qui, dans le désert californien procède chaque année au rituel du "Burning Man" sont sans doute là pour montrer que la vie virtuelle ne génère pas seulement l'aliénation. Il en faudrait un peu plus pour effacer l'impression très violente que laissent le chat, le pasteur et l'esclave."
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