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L'histoire d'un homme en fuite, éreinté et blessé, qui se cache dans les ruines d'une ville assiégée... Primé au Festival Premiers plans, Angers - 1997.
En Décembre 1993, Jean-Christian Bourcart, Alain Duplantier, Ludovic Carême et Dylan Doyle décidaient de partir faire un film de fiction en Bosnie qui entrait dans son deuxième hiver de faim, de froid et de bombes. Cherchant à s'engager sur un long terme, ils voulaient comprendre quelle était la réalité derrière les informations transmises. Et à partir de cette compréhension nouvelle, ils voulaient raconter une histoire si proche du réel qu’un frisson de vérité devait l’animer. Ils tournèrent ainsi avec les gens qu’ils rencontrèrent... et ce fut l'histoire d'un homme en fuite, éreinté et blessé, qui se cache dans les ruines d'une ville assiégée...
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" Fuir ou rester. Aux pires heures du siège de Sarajevo, les interrogations auxquelles se heurtaient les intellectuels et les artistes bosni
" Fuir ou rester. Aux pires heures du siège de Sarajevo, les interrogations auxquelles se heurtaient les intellectuels et les artistes bosniaques se doublaient, pour les cinéastes, d'une interrogation vieille comme le cinéma : quelle image donner de la guerre ?
Curieusement, aux antipodes de toute introspection
médiatico-narcissique, nous parvient aujourd'hui un film-ovni, tourné durant
l'hiver 1993-1994. Tout y respire l'étrangeté, à commencer par le titre, Elvis
pourtant, Sarajevo n'est pas Memphis , et sa durée 1h05, format insolite
au milieu des films fleuves que la gravité du sujet semble imposer.
Etrange,
aussi, le parcours de ses auteurs, deux photographes français, Jean-Christian
Bourcart et Alain Duplantier, le premier avouant avec une belle lucidité : « Je
voulais qu'il m'arrive enfin quelque chose d'important, aller vers l'horreur et
la mort réelle pour fuir le vide effrayant de mon existence. »
Mais le plus
surprenant, c'est le sujet et la manière, qui font d'Elvis le film à la fois le
plus « sarajévien » et le plus apatride de tous. Cet homme qui dévale les
contreforts de la ville et reçoit une balle au milieu des carcasses
d'immeubles, ces silhouettes et ces visages de survivants, ce sont des images
qui nous sont familières. Ces voix sont bien de là-bas, et ces acteurs ont tout
l'air d'être des habitants de Sarajevo qui se seraient trouvés embringués dans
une fiction qui leur ressemble...
De la même façon, l'histoire qui se dessine
celle d'un homme qu'on surnomme Elvis, dont on devine qu'il a fui les rangs des
assiégeants, tandis que ceux qui l'acceptent parmi eux s'interrogent sur son
identité , avec ses agresseurs et ses agressés, « ressemble » à Sarajevo,
chose que le film ne fait que suggérer, mais ne met pas en doute.
Pourtant,
insidieusement, ces images, qui donnent l'illusion d'être tournées de
l'intérieur par des gens « de là-bas », perdent en route leur identité
singulière : « J'en ai rien à foutre de vos drapeaux, de vos frontières, de vos
religions. J'ai voulu sauver ma peau », dit Elvis. C'est un peu ce qui finit
par arriver à ce film, dont « l'identité sarajévienne » se dilue dans un
cauchemar intemporel et universel, le cauchemar de l'humanité tout entière,
celui du Château, de Kafka.
D'un monde cerné, réduit, fini. Elvis confie à un
malade, sur sa chaise d'hôpital, le soin de faire savoir au monde « qu'il est
vital de devenir fou ». Son message n'en est pas un : « Quand l'inhumain
devient naturel, rester normal est un crime. »
Appel à la déraison, contre
toutes les raisons des fauteurs de guerre. On en sort secoué, soulagé de
regagner l'air libre, avec le sentiment d'avoir sauvé sa peau. Mais aussi la
conviction qu'il ne faudrait pas rester spectateur trop longtemps..."
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