Le monde selon Has
Ses films étaient des chocs cinéphiliques — La Clepsydre, Le Manuscrit trouvé à Saragosse —; ils sont devenus cult1
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Jozef vient voir son père dans un sanatorium où règne une très mystérieuse atmosphère. Le temps y est suspendu et libère les inconscients.
Jozef vient voir son père en traitement dans un sanatorium, où le Dr. Gotard entretient une très mystérieuse atmosphère. Dès que l’on y pénètre, on entre dans un monde de fantaisie issu du subconscient. Son directeur est en effet parvenu à reculer le temps qui précède la fin, mais dans ces instants suspendus, il n’offre pour toute évasion à ses hôtes que le sommeil. Plongé dans un état de léthargie permanente, l’homme est envahi par ses souvenirs désordonnés, dans un temps disloqué devenu lieu. "La Clepsydre" est une initiation au rêve et à la mort. D'après Bruno Schulz, un film éblouissant au croisement des créations visuelles de Gilliam, Fellini et Tarkovski. Un chef-d"oeuvre, prix du jury au Festival de Cannes 1973.
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" ... fantastique, cette Clepsydre polonaise, réalisé par Wojciech Haas, mais dont le véritable maîtr
" ... fantastique, cette Clepsydre polonaise, réalisé par Wojciech Haas, mais dont le véritable maître d’œuvre est l'écrivain Juif polonais Bruno Schulz (1893-1942). Dans son pays — demain chez nous, on veut l'espérer, — l’œuvre de Schulz revêt une importance comparable à celle de Kafka dont il fut, d’ailleurs, le traducteur. Ses romans, ses nouvelles, brassent et entremêlent, en autant de visions d’apocalypse, l'histoire du peuple juif et celle de sa propre famine, assorties de variations freudiennes sur les rapports subtils entre morts et vivants.
Le récit s’ouvre en même temps que la porte d'une étrange clinique où Joseph, le héros, vient rendre visite à son vieux père, mort selon certains ; selon d’autres, bien vivant. Les uns et les autres ont raison. Défunt dans son pays (comprenez, sur la terre), Jacob, le père, persiste, ici, dans un no man's land qui pourrait bien être l'intervalle entre la mort apparente et la mort réelle, peut-être aussi le temps qui s’écoule entre le jugement particulier et le jugement dernier.
Quoi qu’il en soit, en même temps qu’il retrouve son père, Joseph se souvient, dans une aboutirai totale de l'espace et du temps. Tantôt, il se promène dans son passé, escorté par les ombres familières de l’enfant qu’il fut. Tantôt c’est tout le peuple juif, sa longue et douloureuse diaspora, au fil des siècles, qui servent de support à la quête du père.
Tantôt, enfin — et nous retrouvons ici une inspiration voisine de celle d’un autre polonais, le Jan Potocki du célèbre Manuscrit trouvé à Saragosse, — c’est l’histoire universelle qui se voit triturée, malaxée — par le biais de « Mannequins vivants » — dans la mesure où les rois, les chefs, les potentats, les révolutionnaires, forgèrent le destin des peuples et, singulièrement, du peuple d’Israël.
A la fin, la clé du mystère nous sera fournie... enfin, presque (...) le film se prête à des dizaines d’interprétations divergentes, voire contradictoires."
" Grand prix du jury au Festival de Cannes 1973 (...) cette œuvre inspirée de textes de Bruno Schultz — écri
" Grand prix du jury au Festival de Cannes 1973 (...) cette œuvre inspirée de textes de Bruno Schultz — écrivain juif polonais fusillé par les nazis en 1942 — est typique des recherches esthétiques d’un cinéaste (polonais) auquel on doit, déjà, le troublant Manuscrit trouvé à Saragosse. Une clepsydre était, autrefois, une horloge à eau avec laquelle on mesurait le temps. Et, dans le film de Has, le temps tient le rôle principal. Un temps non mesurable, « un temps psychique » de souvenirs et de fantasmes angoissés (...)
Le sanatorium en ruine est encore habitable par endroits, mais tout y porte la marque d’une décomposition, d’un pourrissement qui affectent, d’ailleurs, tous les décors — étonnants décors de studio et paysages réels mais fantastiques — traversés par Joseph. Présent, et passé se mêlent au seul gré de l'imagination. Si la figure du père se précise au cours de cette évocation, on y voit surgir des personnages apparemment déplacés : François-Joseph d'Autriche, Maximilien empereur du Mexique, les rois mages, ou une « infante » brune.
Vitres sales et brisées, meubles croulants, poussière, toiles d'araignée, bois et tissus effrités, nourritures gâtées, mannequins disloqués qui s’animent, on éprouve toujours, à travers les songes, les visions de Joseph, une sensation d’inquiétude d'autant plus forte que le style de Has n’est absolument pas naturaliste. Nimbées de brouillards bleus et gris, traversées d'éclairages orangés, les images ont une prodigieuse beauté baroque bien faite pour produire, au premier degré, un choc émotionnel qui retient le spectateur jusqu'au bout.
Au second degré, Has se réfère au contexte culturel et social de certaines communautés juives de Pologne. Et l’on peut supposer qu’il en tire une signification métaphysique tenant à la Pologne actuelle. Les symboles d'une peur profonde devant les lois « absurdes » de l’existence tiennent autant à lui qu'à Bruno Schlutz, romancier de l’irrationnel, proche de Kafka, dont il traduisit le Procès en 1936."
" Film énigmatique par excellence, qu'il importe d'appréhender en dehors de toute idée précon&cced
" Film énigmatique par excellence, qu'il importe d'appréhender en dehors de toute idée préconçue, de références politiques ou culturelles quelconques, véritablement météorique, La Clepsydre fait partie de ces œuvres qui vous envoûtent, vous habitent et ne vous lâchent plus ; que l'on reçoit de plein fouet, au plus secret de sa sensibilité et de ses fantasmes personnels : qui démontrent, à l'évidence, qu'il n'est pas de meilleur guide que le cinématographe pour nous faire pénétrer de plain-pied dans les arcanes du subconscient, individuel et collectif. Des titres pour me faire mieux comprendre ? Orphée, La Nuit du chasseur, L'Année dernière à Marienbad, Dodes' Caden. L'éloge, dans mon esprit, n'est pas mince.
Il ne fait guère de doute que Wojciech Has, et à travers lui Bruno Schulz, auteur des récits dont il s'est inspiré, se réclament ici par priorité de la tradition judaïque. Dans une étude sur « Le rire de Dieu », Arnold Mendel, pour caractériser la mentalité hébraïque, parle, en se référant à l'Ancien Testament, des « dimensions d'une perception qui caractérisent les civilisations à leur déclin sur le seuil fascinant de leur décadence » (ed. L'Arche, 1966). Les jeux de Pourim du ghetto sont certainement à la source de ces rondes folles de rabbins, de ces dîners rituels, de cette quête interminable du père, de ces processions, de ces zoos dans la brume et de ces cimetières où le cinéaste se comptait avec une obstination qui ne craint pas la monotonie. Kafka, par comparaison, ferait presque figure d'intellectuel déraciné, et Chagall de petit-maître.
C'est quelque chose comme les Mille et Une Nuits de la Synagogue que nous propose La Clepsydre. Il n'y manque même pas l'angoisse sourde, lancinante, d'une proche apocalypse, avec ces images fugitives d'une débâcle planétaire entrevue par le soupirail d'une cave, tandis qu'au loin retentit le grondement d'un combat meurtrier. Les souffrances du ghetto de Varsovie ont fort bien pu influencer cette horreur furtive, distanciée, distillée (comme le suggère le symbole contenu dans le titre) goutte à goutte (...)
L'odyssée collective n'est qu'une toile de fond pour scander l'Iliade d'un seul. Qui est-il ? Tout simplement un homme à la recherche de son identité (...) L'arrivée dans le sanatorium équivaut, très précisément, à une descente en soi-même : les souvenirs d'enfance, l'appel irrésistible du sexe, le frein parental, le télescopage permanent du permis et de l'interdit, l'achoppement sur le scatologique, l'attirance morbide vers le bas (dessous de lit, dessous de table, puits, etc.), pour déboucher finalement sur la mort, réelle ou figurée, tout cela ferait les délices d'un psychanalyste (...)
... bien peu de cartographes-poètes nous avaient, jusqu'alors, conduits comme l'auteur de ce film au bout du monde, là où tous les mythes, toutes les religions, toutes les passions se rejoignent (...) que s'agit-il de démontrer ? Que les apparences sont, par définition, illusoires : que l'on bute à chaque instant de notre vie sur des spectres, que l'être seul est, au bout du compte, inaliénable.
C'était déjà, à peu de choses près, le fil conducteur du réjouissant Manuscrit trouvé à Saragosse. Tout dans la nature est décor, trompe-l'œil, folie. Voyez ces paysages de neige entrevus par la vitre d'un train fantôme ou I'interstice d'un volet ; ce château mangé par le lierre et a pourriture, dont les portes ouvrent sur le vide ; ces escaliers vermoulus, ces murs lépreux : ces fêtes d'une île désenchantée ; ce Garibaldi, ce Maximilien, ces rois-mages pour livres d'école ; ces mornes chevauchées forestières. On dirait un western au ralenti. Rien en tout cas à quoi se raccrocher de stable, de rationnel. Peu de films, en ce sens, peuvent être dits, autant que celui-ci. fantastiques, ou mieux fantasmagoriques.
C'est un rêve éveillé, une débauche de transparences et de couleurs changeantes, une ensorcelante mascarade. Bref, du cinéma à l'état pur. Et j'ajoute : sans nulle virtuosité gratuite, obéissant plutôt à je ne sais quelle douloureuse exigence intérieure, qui vous empoigne dès la première minute. L'admirable, enfin, est qu'on se laisse porter tout du long par une espèce de complicité euphorique, de jubilation sournoise (...) Nous sommes « de mèche » avec le génial horloger qui a mis en marche cet infernal ou divin mécanisme (comme dans le Manuscrit encore, on se sentait solidaire du farfelu Gomelez).
... quel bain de jouvence ! Au diable l'exégèse ! Rions. Comme s'écrie le père dans un moment de lucidité : « Il ne faut pas être pédant et vouloir tout interpréter à la lettre. Entre les pages de certains livres, il y a des vols de loriots. » Suivons-le sur cette voie et disons qu'entre les images de certains films il y a de la poésie à tire-d'aile."
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