Réalisateur et producteur de films toujours fortement engagés, Gabriel Auer est né en 1936, à Budapest et disparait le 3 mai 2014.
Il quitte la Hongrie en 1939, avec sa famille, pour la France où il passe son enfance avant de rejoindre Monaco et d'émigrer au Canada en 1955. Il y fait des études de commerce et d'art à Montréal.
Puis il a un coup de foudre : il voit le premier film d'Alain Tanner, Charles mort ou vif et devient, en 1970, producteur pour l'aider à financer son film suivant, La Salamandre. C'est le premier grand succès, hors de ses frontières, du nouveau cinéma suisse. Ce n'est ensuite qu'en 1980, dix ans plus tard, qu'il signe son premier long métrage, Vacances royales, suivi en 1983 Les Yeux des oiseaux : deux films aux sujets politiques forts et peu fréquemment abordés par le cinéma hexagonal.
Les vacances royales du premier, ce sont celles qu'offrent l'État français à une douzaine de réfugiés politiques espagnols, à l'occasion d'une visite du roi Juan Carlos ; par précaution, ils sont raflés et regroupés dans une île bretonne. L'histoire est authentique, comme l'est celle des prisonniers politiques uruguayens de son second film, qu'une visite de délégués de la Croix Rouge n'empêchera pas d'être torturés. Dans la lignée de Costa-Gavras, l'engagement de Gabriel Auer est sans équivoque, mêlant destins individuels et Histoire, tout en échappant à la simplification et au pathos.
Après quelques productions étrangères (entre autres, Salaam Bombay de Mira Nair), Auer a réalisé en 2000 Le Birdwatcher, sur un ornithologue plongé, au pays basque, dans l'atmosphère de fin de règne accompagnant la fin du général Franco. Sans vedettes, disposant de budgets restreints, mal distribués, ses trois films n'ont pas eu l'audience qu'ils méritaient, ce qui n'a pas permis à Gabriel Auer de mener à bien ses autres projets sur l'Amérique latine. Ils sont tous trois à voir en exclusivité sur Universciné.