Fruit d’un exil forcé par la montée du nazisme, d’abord en France, puis aux États-Unis, la filmographie de Billy Wilder, né en Autriche-Hongrie, est riche en métissages formels. Fusionnant inspirations expressionnistes, études de mœurs et détournements d’une censure puritaine imposée par le Code Hayes, le cinéaste dont la marque de fabrique reste la comédie, fera quelques détours par le film noir et le polar. Cette semaine sur UniversCiné, (re)découvrez cinq films du réalisateur de Certains l’aiment chaud et Assurance sur la mort, bel échantillon d’une œuvre impressionnante. De ses débuts francophones à quatre classiques de la MGM, ce sont cinq films qui témoignent de l’évolution de son cinéma, mais aussi du cinéma en général.
La Vie privée de Sherlock Holmes (1970)
Reprenant le principe de la voix-off d'outre tombe déjà utilisée dans Boulevard du Crépuscule, le cinquième film en couleurs de Wilder plonge dans l’intimité du célèbre détective londonien. Dans une atmosphère baroque et s’émancipant franchement du feu Code Hayes, cette comédie noire entremêle thriller américain et farce britannique, souvenirs et investigations, gadgets farfelus et personnages loufoques pour notre plus grand plaisir.
La Grande Combine (1966)
Jack Lemmon, figure fétiche des comédies de Wilder, incarne un journalisme sportif blessé lors d’un match de football. Au gré des chapitres qui ponctuent le film, la trajectoire du sympathique reporter rencontre celles d’escrocs et autres profiteurs venus le torturer lors de sa convalescence. Comédie noire reposant sur la suspicion, la manipulation et le voyeurisme, le film est nommé quatre fois aux Oscars en 1967.
Embrasse-moi, idiot (1964)
Une star du music hall tombe en panne dans une smalltown du Nevada, et atterrit chez un professeur de piano bientôt déchiré entre son ambition musicale et sa peur maladive du cocufiage. Séries de quiproquos adultérins et de numéros musicaux fantaisistes, le film repose sur le charisme de Dean Martin, et sur une bande originale alliant classicisme du clavecin et soubresauts clownesques.
Témoin à charge (1957)
Un ténor du barreau accepte de défendre un homme accusé de meurtre pour échapper aux griffes de son infirmière. Associée à la moiteur du polar et à des facéties plus légères, la caméra s’amuse de mouvements et cadrages incongrus en parallèle d’un scénario reposant sur des dialogues corrosifs et sur un enchaînement de flashbacks investigateurs. Golden Globe de la meilleure interprétation féminine pour Elsa Lanchester.
Mauvaise Graine (1934)
C’est dans le contexte de la montée du fascisme en Allemagne que Billy Wilder réalise son premier film… en France ! Dans une veine chapardeuse et espiègle, le film déroule l’histoire d’un fils à papa qui rejoint un gang de délinquants après avoir été privé de son automobile préféré. Entre hauteurs parisiennes et bas-fonds marginaux, Wilder entremêle surimpressions modernes et cartons hérités du muet.