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Deux femmes, deux générations, liées par l’amour commun qu’elles vouent pour le même homme. Grand prix du Jury au Festival de Cannes 1971.
Deux femmes, deux générations, liées par l’amour commun qu’elles vouent pour le même homme. L'une (Luca, interprétée par l'ex-jeune première de "Un petit Carrousel de fête", Mari Töröcsik) est professeur et attend avec fidélité son mari, Janos, prisonnier à la suite des événements révolutionnaires de 56, alors même que leurs anciens amis ont peur et lui ferment leur porte. L'autre femme est la mère de ce mari absent. Une vieille dame mourante pour laquelle Luca a inventé une histoire pour atténuer l'attente. Janos serait parti vivre le rêve américain aux Etats-Unis... Inspiré de deux nouvelles de Tibor Déry ("Deux femmes" et "Amour"), un film fort et pudique qui remporta le Grand prix du Jury au Festival de Cannes 1971 et confirma, après une dizaine de films et déjà vingt ans de carrière, l'importance du réalisateur comme l'un des meilleurs cinéastes hongrois du moment.
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" ...un film magnifique qui nous donne l’irrépressible envie de découvrir le reste d’une œuvre rare (...)Amour condense deux nouvelles de T
" ...un film magnifique qui nous donne l’irrépressible envie de découvrir le reste d’une œuvre rare (...)Amour condense deux nouvelles de Tibor Déry, inspirées elles-mêmes de sa vie, et qui sont des témoignages de son rejet du communisme hongrois alors qu’il fut un proche du Parti. Le film est d’abord un magnifique portrait de femmes. D’abord Luca (Mari Törõcsik vue dans Silence et cri de Miklos Jancso), jeune fille en lutte, qui cache au plus profond d’elle les tourments qui l’accablent et qui affiche constamment une vigueur qui n’est qu’une façade qu’elle oppose au régime. Aux mensonges d’Etat elle substitue, avec la complicité de la servante Irén, des mensonge familiaux qui tendent à protéger ceux que l’on aime, à savoir János, le mari absent, à travers sa mère malade, interprétée par la grande actrice hongroise Lili Darvas.
C’est toute la beauté de ce film, cette manière de nous montrer comment sous l’acharnement d’un régime à détruire les individus, l’amour et la fidélité continuent à lier les hommes. A la dureté du régime s’opposent des petites résistances intimes, des actes désintéressés de solidarité, de protection des plus faibles. Si la révolution semble impossible, on peut toujours essayer de protéger ses proches.
Si Makk nous montre des amis infidèles qui ferment la porte à Luca par peur de se faire arrêter, le cinéaste ne les condamne pas mais essaye de nous montrer combien il est dur de résister, combien on doit sacrifier pour tenter de faire refleurir la liberté. Au quotidien, Luca subie les brimades. Son appartement est confisqué, ses meubles également, son emploi est sur la sellette. Sans avoir commis de crime, elle est mise au banc de la société. Makk parvient à nous montrer que malgré la rigueur des régimes coercitifs, l’humanisme et la fraternité parviennent à survivre.Amour est également un magnifique portrait de la vieillesse, Makk pliant son film aux rêveries et aux espoirs de la vieille dame. Le film s’ouvre sur des instantanés, des souvenirs épars qui reviennent rythmer le film au gré des flottements méditatifs de la belle-mère de Luca. La vie de cette vieille dame est en morceaux, c’est un puzzle de souvenirs qui s’entremêlent et d’instants présents qui s’évaporent. Parfois ses phrases sont coupées alors que son esprit vagabonde et quitte le quotidien, parfois la description réaliste d’un instant présent glisse vers les souvenirs ou vers ce qu’elle imagine des (fausses) lettres de son fils.
Ce montage savant répond à des scènes quotidiennes naturalistes. Makk marque ainsi la frontière entre ce qui est inaliénable (le monde intérieur de chacun, les souvenirs, les rêves) et un quotidien soumis au diktat d’un régime totalitaire. Un film magnifique au noir et blanc splendide, aux acteurs sensibles et justes. A découvrir de toute urgence."
« Amour » : pareil titre écrase. Par son énormité; et par son imprécision. Et puis on se méfie. L'immonde Love Story, qui nous empoisse enc
« Amour » : pareil titre écrase. Par son énormité; et par son imprécision. Et puis on se méfie. L'immonde Love Story, qui nous empoisse encore la mémoire de sa fétide mélasse, rend prudente notre approche de tout film dont le propos serait de bramer sur les toits un hymne à l'Hamure.
Quelques renseignements nous rassurent. Le film est hongrois. Depuis l'éclipsé des cinémas polonais et tchèque (Skolimovski, Forman, Passer tournent mais en situation d'exil), le cinéma hongrois reste à coup sûr le cinéma le plus vivant de l'Est européen. Karoly Makk (quarante-six ans) connaît son métier : il a fait ses premières armes comme assistant de Géza Radvanyi (se rappelle-t-on Quelque part en Europe, qui fit sensation, tout de suite après la guerre, en 1947) ? Et Tibor Dery, auteur de la nouvelle dont s'inspire le film, est un écrivain d'audience internationale, et non, comme ce malheureux Segal, un Delly pour campus d'intellectuels sous-développés. J'accumule ces références préliminaires comme autant de gestes exorcisant la menace de la vaseline segalienne.
Gymnastique vite inutile. Tout de suite, Karoly Makk nous entraîne aux antipodes du guili-guili aguicheur, du sirupeux pathétique de prisunic. Et pourtant oui, de la première image à la dernière, il s'agit d'un hymne à l'amour considéré comme une force capable de remuer les montagnes, comme toute foi. Confiance dans l'autre — inébranlable —; et, par conséquent, possibilité d'attente — infatigable. Karoly Makk, avec la dernière des vigueurs, procède à la laïcisation d'un vocabulaire abusivement monopolisé par la religion chrétienne : la foi et l'espérance. Ou plutôt : au-delà de tout commerce charnel (Karoly Makk juxtapose l'amour maternel à l'amour conjugal), l'amour est bien religion — ce qui relie un être à un autre être avec une force telle que les obstacles ordinairement dressés par l'espace et par le temps s'évanouissent. L'absence, qui rend distance et durée intolérables, n'est plus que l'attente d'une présence. L'amour consiste à tolérer cet intolérable. Il est patience.
Difficile patience de cette vieillarde, la mère, à bout d'usure. La caméra commence par nous montrer, en détail, les ruses et précautions par lesquelles cette vieille femme économise le peu qui lui reste de souffle pour ne pas mourir avant le retour de son fils. Héroïque patience de la jeune femme, l'épouse, qui aide la vieille à tenir — à durer —, à attendre. C'est à travers l'amour de la mère pour son fils que Karoly Makk nous dévoile l'autre visage de l'amour, celui de la femme pour son mari. Pour la vieille, il n'y a plus que cet amour qui vive en elle, il la fait vivre, il est la vie. Pour la jeune, s'il n'est pas, littéralement parlant, la vie, il n'en est pas moins sa raison de vivre.
Amour est un film sur l'attente, la patience. Pour la mère, l'une et l'autre s'arment de la mémoire, l'amour se nourrit du passé; pour la femme, il se tourne vers le futur, vers cet instant où il exigera que la femme réapprenne le corps d'un homme qui aura vieilli hors de ses bras. Karoly Makk ajoute, en troisième volet, l'attente et la patience de l'homme, dont l'absence cesse dans le dernier tiers du film, mais que le retour expose d'abord à une double absence, celle, définitive, de sa mère morte, celle, provisoire, de sa femme. Ce qui permet à Karoly
Makk de nuancer trois portraits : une vieille femme existant au ralenti, accrochée à ses objets familiers, traversés par des souvenirs comme une eau sombre l'est par des bulles; une femme jeune apparemment anesthésiée par les tracas de sa vie quotidienne; un homme qui redécouvre la chaleur de vivre. Car — et Makk se garde de nous le donner à comprendre tout de suite —, il ne s'agit pas de n'importe quelle absence. Ni voyage ni guerre, mais la prison — et pour raisons politiques.
L'action est datée : Budapest 1953. Le stalinisme, qu'on appelle en termes courtois le culte de la personnalité, exerce ses ravages. La tapisserie de la Pénélope hongroise, ce sont les pieux mensonges que la femme raconte à la mère pour étayer sa patience en taisant les vrais motifs de l'absence; ce sont les persécutions mesquines, les humiliations que doit endurer toute femme de condamné; ce sont la peur des autres, la lâcheté universelle et, par voie de conséquence, le chômage, la misère qui doit rester décente, la solitude — tout un enfer quotidien, insupportable s'il n'y avait pas l'amour. Dans le filigrane de l'histoire d'amour, se dessine un autre film, politique celui-là : sur l'arbitraire d'un absolutisme bureaucratique (nous ignorons pourquoi le mari, cinéaste, a été arrêté, pourquoi on le relâche), et sur l'exil intérieur, cette espèce de lèpre dont il frappe ses victimes. Erreurs, fausses manœuvres, bavures de l'Histoire contre lesquelles l'homme doit résister en s'armant de patience dans l'attente, c'est-à-dire à force d'amour. Saluons l'éternel retour du thème : amour contre tyrannie."
" Quel film admirable ! (...) une oeuvre étonnante de pudeur, de sobriété et de sensibilité (...) Près de la moitié du film a pour cadre la
" Quel film admirable ! (...) une oeuvre étonnante de pudeur, de sobriété et de sensibilité (...) Près de la moitié du film a pour cadre la chambre de la vieille dame très digne immobilisée dans son lit, coiffée d'un bonnet noir sur son oreiller blanc. C'est dire que le film est fondé sur la durée. On pourrait croire que l'auteur a recouru à des plans très longs : il n'en est rien. Quand on examine la mise en scène avec attention, on constate que l'extension de la durée est obtenue, de façon très naturelle, par la fragmentation de l'espace (...)
C'est au mot "impressionnisme" que l'on songe pour qualifier le style de l'auteur dans Amour (...) Sur le plan thématique, ce film possède deux grandes qualités. C'est d'abord un hymne très émouvant, comme le titre l'indique bien sûr, à l'amour entre un homme et une femme. On songe parfois à Grémillon (...) C'est ensuite un condensé psychologique des qualités de résignation de tout un peuple soumis à la domination d'un voisin aussi proche que puissant dont il subit les caprices comme on supporte le destin, mais en conservant une foi dans des lendemains qui chanteront. Peut-être."
" ... Le décor, les gestes, les détails sont traités avec un soin minutieux, une grande vérité. Les flash-backs sont rapides, brefs et évoqu
" ... Le décor, les gestes, les détails sont traités avec un soin minutieux, une grande vérité. Les flash-backs sont rapides, brefs et évoquent le style d'anciennes photographies; on sent la part de sclérose, d'affabulation, d'erreurs des souvenirs si souvent évoqués, si souvent contés qu'ils se figent et se déforment.
Il n'y a dans l'oeuvre aucun misérabilisme, aucun apitoiement facile mais une grande pudeur. La vieille dame est charmante mais elle est aussi exigeante, capricieuse. Sa bru, harcelée de soucis est, parfois, brusque, ironique. Chaque personnage garde sa complexité.
La même dignité, le même ton de simple vérité est utilisé pour décrire l'aspect politique de l'histoire, en Hongrie, en 1953, aspect qui échappe totalement à la vieille femme (...) Les actrices sont excellentes..."
" ... rapidement, un climat s'installe, fait d'intimisme et de mystère et l'on se laisse vite prendre au charme de cette atmosphère feutrée
" ... rapidement, un climat s'installe, fait d'intimisme et de mystère et l'on se laisse vite prendre au charme de cette atmosphère feutrée et de ce "suspense" psychologique.
Curieuse et touchante histoire, en effet, que celle de cette jeune femme qui vient visiter sa belle-mère alitée et lui apporter de temps à autre une lettre de son fils parti en Amérique (...) Une fois de plus, c'est un film hongrois qui évoque avec autant de force et de pudeur les injustices de la période du "culte de la personnalité". Et ce n'est pas par hasard que le film adapte deux nouvelles de Tibor Déry qui a eu, lui aussi, à souffrir de l'arbitraire. La réussite du film tient avant tout à l'accord miraculeux entre son écriture discrètement raffinée, son atmosphère en demi-teinte et un sujet où l'essentiel est suggéré, si je puis dire, entre les images."
" La mise en scène élaborée par la femme de l'absent - elle va jusqu'à coller des timbres américains sur les enveloppes - renvoie à cette au
" La mise en scène élaborée par la femme de l'absent - elle va jusqu'à coller des timbres américains sur les enveloppes - renvoie à cette autre mise en scène, ce mensonge collectif que fut le culte de a personnalité, en l'inversant. Le mensonge a pour but ici de maintenir en vie, il établit un rapport ambigu où a vieille femme a besoin de l'autre, en est à moitié consciente et joue un jeu élaboré dans le milieu clos où elle vit (...)
Karoly Makk, aidé par son opérateur Janos Toth et sa superbe photo noir et blanc comme on n'en fait que dans les studios de Budapest, a ciselé cette étude psychologique, cette élégie languissante, toute en chuchotements et en bruits feutrés...."
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