
Cannes 2015 - Emmanuelle Bercot, l'abandon et la maîtrise
Avec La Tête Haute, présenté hors-compétition en cérémonie d'ouverture (qui rassemble plusieurs personnages sur...
Lucie, 17 ans, ne pense qu'à Lauren, chanteuse adulée. Mais le jour où le mythe devient réalité, où l'icône devient femme, la passion devient dévastatrice.
Lucie, 17 ans, est une adolescente "ordinaire". Sa mère, collectionneuse d'autographes, voue un véritable culte à un tas de vedettes. Mais Lucie, elle, ne disperse pas ses sentiments. De star dans son coeur, il n'y en a qu'une. Tout le monde le sait. Ses photos recouvrent les murs de sa chambre, les pages de son cahier de textes : Lauren. Mais le jour où le mythe devient réalité, où l'icône devient femme, la passion dévorante devient dévastatrice...
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" Astucieux et. cruel, le scénario résume des surprises jusqu'à sa conclusion sobrement amère. Il campe avec une sèche lucidité l'univers su
" Astucieux et. cruel, le scénario résume des surprises jusqu'à sa conclusion sobrement amère. Il campe avec une sèche lucidité l'univers su rvalté du show-biz, tout entier inspiré par l'argent (...) et sait tisser entre la star et sa fan - sous les yeux de l'attachée de presse-secrétaire-souffre-douleur, à la fois humiliée, complice et résignée, quincarne magistralement Noémie Lvovsky - une relation si forte et si ambiguë que tout ce que l'on pouvait craindre d’artifice vole d'emblée en éclats. Nerveuse, mais sans racolage, la mise en scène exclut les temps morts et met en valeur deux interprètes exceptionnelles : Emmanuelle Seigner, décolorée, méconnaissable, sculpturale Lauren, paumée comme Marilyn, sensuelle comme Mylène Farmer,qui chante elle-même de (belles) chansons composées pour l'occasion et crève littéralement l'écran et Isild Le Besco, fragile et têtue, pathétique et inquiétante Lucie. Une réussite."
Annie Coppermann, 16/11/2005" Dès la première séquence, tournée caméra à l'épaule dans une zone pavillonnaire, le spectateur est fixé. Ces plans-séquences nerveux, cett
" Dès la première séquence, tournée caméra à l'épaule dans une zone pavillonnaire, le spectateur est fixé. Ces plans-séquences nerveux, cette tension sourde, ce resserrement sur le visage de Lucie défait par le ravage intime, affirment d’emblée que Emmanuelle Bercot a réussi son film. La réalisatrice ferre les corps, les peaux, les regards. Capture des ambiances à la Nan Goldin ou à la Cindy Sherman. Cherche le paroxysme loin, très loin de la psychologie à deux balles. Pour connaître le passif de Lauren par exemple, il faudra repasser ou bien décrypter, à travers les paroles d'une chanson et la brève apparition d'un père impitoyablement rejeté, les possibles relents d’un inceste.Auteur de Clément, passion d'une jeune femme pou run gamin de 13 ans, Emmanuelle Bercot sonde les histoires d'amour hors, norme. Ici, l'amour, presque mystique, est d’abord affaire de possession, de vampirisation (l'hôtel où vit la star névrosée ressemble à un tombeau avec ses tentures toujours tirées) et de souffrance. Lucie, Lauren. Deux mêmes initiales pour deux destins parents : dans la première scène, Lucie est en noir, Lauren en blanc. Elles vont se confondre. Se repaître l'une de l'autre. Bercot signe une tragédie de son époque : stars qu'on modèle (Waks, phonétiquement, désigne la cire, en anglais), entourage fasciné, fans border-line. Elle dirige aussi ses acteurs à la perfection."
Sophie Grassin" En anglais mondialisé, backstage veut dire derrière la scène et, par extension, à l'arrière-plan. Mais pour ceux qui abusent de ce vocabl
" En anglais mondialisé, backstage veut dire derrière la scène et, par extension, à l'arrière-plan. Mais pour ceux qui abusent de ce vocable autant qu'ils en sont les usagers, être à l'arrière, c'est être devant, dans la confidence du spectacle, voire au parfum dans la compagnie embaumée des dieux (du rock, du stade, etc.). Façon boomerang, Emmanuelle Bercot empoigne l'effet «backstage» en l'inversant. Elle filme toute en avant, une vie de second plan (...)
Lucie est plus folle que fan de Lauren. Mais quand sa folie se heurte à encore plus de démence, lorsque Lauren, sous l'oeil de fer de la télé, déboule dans le living en fredonnant la ritournelle favorite de Lucie, le réel agit comme un quitte ou double. C'est un des plus beaux moments du film que ce long moment en très gros plan où on ne sait pas si la jeune fille va mourir sous le coup assassin de l'émotion ou étrangler son idole, scandaleusement incarnée. A cet instant, la performance invisible de Isild Le Besco (Lucie) est cruciale. Sur son visage d'Ophélie passe l'orage de toutes ses contradictions. Qui l'aime la suive. Et Backstage de se ruer dans une folie démultipliée. Car à force d'entêtement animal, Lucie devient la drôle d'amie de la chanteuse, entre Kleenex et souffre-douleur.
Dès lors, en huis clos, la part documentaire fait rage, augmentée par la présence de Valéry Zeitoun (directeur du label AZ chez Universal, révélé par la fameuse Popstars) qui joue comme il respire le rôle du manager. Le petit linge du show-biz tel qu'il est : cynique, sentimental. Mais cette plongée dans le grand bleu (et rose) des midinettes en peluche nous entraîne vers des fonds autrement tourbillonnaires. De figures SM où on ne sait plus qui manie la cravache en gouffre de dépression par où tous les tourments vont sombrer. Jusqu'à cette «morale» à ruminer : vouloir le bonheur des autres c'est peut-être vouloir leur anéantissement. "
" Sous ses allures de conte de fées pour midinette, Backstage est un fascinant film de vampire. Avec La Puce et Clément, Emmanuelle Bercot
" Sous ses allures de conte de fées pour midinette, Backstage est un fascinant film de vampire.
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