" On ne sait trop à quoi aurait ressemblé le film si Virginie Despentes avait reconduit à l'écran le couple de son roman (...) Mais en remplaçant le personnage masculin par une femme, elle obtient du neuf. Quelque chose comme la première comédie romantique lesbienne grand public du cinéma français.
A quelques détails juridiques près, on pourrait même parler de « comédie du remariage », selon la formule du philosophe américain Stanley Cavell. Gloria et Frances se sont aimées adolescentes, dans les années 1980, à Nancy. Elles étaient toutes deux rebelles : fans des Bérurier Noir, c'est dire. Puis elles se sont perdues de vue. Vingt ans et des poussières plus tard, Frances (Emmanuelle Béart), devenue animatrice vedette d'un talk-show culturel, revient chercher Gloria (Béatrice Dalle), RMiste et quasi SDF.(...)
c'est bien la veine sentimentale, la plus risquée, la plus réussie, qui donne son épaisseur au film. Et le thème, plus hollywodien que français, de la deuxième chance. Frances voudrait retrouver l'intensité de son amour de jeunesse, mais sans les divers obstacles (genre l'avenir) qui l'ont alors empêché (...)
Béart et Dalle ? La première n'est jamais mieux qu'en présomptueuse fourvoyée (depuis ses rôles chez Sautet). La seconde culmine tranquillement dans son emploi à vie, le refus des concessions et de la mascarade. Elles n'avaient jamais joué ensemble, mais ont débuté avec éclat au même moment : il y a une logique émouvante à les voir se serrer l'une contre l'autre, à la recherche du temps perdu. Si les jeunes Clara Ponsot et Soko, héroïnes des nombreux - et trop longs - flash-back ados, assurent, c'est vraiment au présent que ça se passe, entre les ex-icônes des années 1980. Bonjour Blondie."
Louis Guichard