" Entre son passage à l’Étrange festival et sa sélection au Pifff, Citadel se taille une belle réputation de révélation fantastique. C’est mérité.... (...)
le film possède une ambiance familière pour tous ceux qui suivent l’actualité du cinéma de genre britannique. Les gangs de jeunes à capuche, ultra-violents et sans remords, sont quasiment devenus une entité à part entière au sein de la production cinématographique locale, un cliché interprétable à l’infini. Est-ce le reflet d’un phénomène social, ou un fantasme complaisant de cinéastes ayant trouvé une matière narrative et visuelle idéale pour créer du suspense dans un cadre réaliste ?
Le réalisateur Ciaran Foy, qui signe là son premier long métrage, n’a sans doute pas de réponse précise à apporter sur ce point. Lui parle juste d’expérience.
Citadel est en effet, selon ses propres termes, « une version cauchemardesque de ce que par quoi je suis passé».
Tommy, ce jeune sans histoires devenu agoraphobique après une agression traumatisante, c’est lui. Le film n’est pas vraiment une thérapie, mais se nourrit très clairement des blessures qui ont aidé le jeune metteur en scène à se construire – c’est la perspective d’étudier dans une école de cinéma qui l’a fait surmonter son isolement. En grand fan de cinéma de genre, Foy a plaqué sur ce récit tenant d’abord du drame psychologique une intrigue horrifique qui rapproche le film de son homologue briton Heartless de Philip Ridely et du Chromosome 3 de Cronenberg. Le mélange est étonnant, sans doute un peu forcé et artificiel, mais les résultats sont à la hauteur de l’expérience.
Car Citadel est, pour le spectateur vierge de tout a priori, sacrément angoissant et prenant du début à la fin.
Malgré des moyens qu’on devine limités (...), Ciaran Foy sait installer une ambiance (...) le dernier acte basculant dans le surnaturel, rappelle bizarrement The Descent.
Avec sa musique envoûtante signée tomandandy, sa photo lugubre, quasi désaturée, transformant trois blocs de béton en monolithes kubrickiens (une influence revendiquée par le scénariste-réalisateur) écrasant de leur hauteur un protagoniste brisé, Citadel est bien un film à part, du genre à outrepasser ses ambitions pour s’installer, de manière obsédante, dans votre tête..."
Nico