Morgan Simon : "Je ne me sentais pas représenté au cinéma"
VIDEO | 2017, 7' | Triangle amoureux, rage post-adolescente et complexe d'Oedipe... Primé au Festival Premiers Pl1
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Vincent est un chanteur de hard rock. Beau et charismatique, sur scène il domine tout. Seul face à son père, il redevient muet et semble soumis.
Vincent est un chanteur de hard rock. Beau et charismatique, sur scène il domine tout. Seul face à son père, il redevient muet et semble soumis. L'arrivée de Julia, la nouvelle compagne de son père va réveiller certaines tensions. Il digère ainsi mal cette nouvelle relation, et pourtant il va subir les lois de l’attraction et s’engager dans un rapport ambigu avec la jeune femme.
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" Avec son groupe de hard rock (en fait, de post-hardcore, pour les initiés), il s'époumone, il se déchaîne, il s'envole. Chez son père veu
" Avec son groupe de hard rock (en fait, de post-hardcore, pour les initiés), il s'époumone, il se déchaîne, il s'envole. Chez son père veuf, où il vit encore, à 24 ans, il retombe. Dans la mélancolie du deuil, dans l'amertume et les non-dits, dans la peur des lendemains — pas de diplôme, pas de travail. Le tête-à-tête ombrageux entre les deux hommes, ponctué par les allusions à la disparue, a tout d'une prison, même s'il y a encore de l'amour. Jusqu'au jour où le père, quadragénaire, ramène à la maison une femme, et la présente au fils comme sa nouvelle compagne. Morgan Simon, jeune réalisateur jusqu'ici remarqué pour ses courts métrages, admire manifestement Maurice Pialat : l'influence du maître est palpable dans la violence à peine contenue des rapports entre proches, dans le désespoir, et même dans l'humour discret que distille Compte tes blessures.
Il y aussi l'acuité du regard porté sur les acteurs : Nathan Willcocks (le père), excellent dans la rugosité, la fatigue du travailleur matinal (poissonnier ambulant) et, bien sûr, Kévin Azaïs, possédé par son rôle, saisissant. Le relief de son visage et ses innombrables tatouages, spécialement sur le cou, sont au coeur de l'esthétique du film. Des jeux d'ombre et de lumière semblent décapiter le jeune homme quand il se soumet aux humiliations paternelles. Autour de la nouvelle venue (Monia Chokri, révélée par Les Amours imaginaires, de Xavier Dolan), d'un âge intermédiaire, une rivalité s'intensifie, secrètement puis ouvertement. Elle conduit à une longue scène mémorable : tour à tour irréelle, scabreuse, émouvante et d'une cruauté infinie... Le complexe d'OEdipe dans sa forme la plus animale. Ce moment extrême donne le sentiment de voir naître un cinéaste, qui s'arrache soudain à la prudence psychologique et à la vraisemblance pour atteindre une vérité brute. Et en même temps, il s'agit de l'émancipation radicale du jeune héros. La combinaison de ces deux événements signale bien souvent les premiers longs métrages qui comptent."
" Alors oui, on sait ce que vous vous dites, une histoire comme ça, on l'a déjà vu mille fois. Et vous n'aurez pas tort. Par contre, ce qui
" Alors oui, on sait ce que vous vous dites, une histoire comme ça, on l'a déjà vu mille fois. Et vous n'aurez pas tort. Par contre, ce qui est sûr, c'est que vous ne l'avez jamais vu comme ça. Sans chichis de mise en scène et autres effets esthétisants qui n'ont pas d'autre but que d'épater la galerie, le jeune réalisateur Morgan Simon emballe un premier film exemplaire, marquant et extrêmement fort. Un de ces films qui ne cache rien et exige une ouverture totale de son public, qu'il travaillera encore longtemps à l'issue de la projection. Car oui, Compte tes blessures est l'un de ces films qui va vous hanter pendant de longs mois. Là où on craignait se retrouver face à un délire à la Xavier Dolan, nous sommes plus sur les rives d'un Jacques Audiard, dans l'âpreté de son exécution, la justesse de son émotion et le manque total de frilosité de son propos.
Pourtant, dans une lecture premier degré, Compte tes blessures ne semble rien apporter d'exceptionnel. Le parcours de Vincent est somme toute plutôt classique et le canevas de l'histoire ressemble à pas mal d'autres premiers films. C'est bel et bien dans le fond qu'il traite que le film se démarque et que le réalisateur fait preuve d'une maturité qu'on n'attendait pas forcément.
Tout dans Compte tes blessures se tient, du début à la fin. Une forme dépouillée mais extrêmement travaillée qui n'est là que pour servir son fond juste et perturbant. Il n'est en effet pas ici question d'une dénonciation sociale ou d'un récit autobiographique replié sur lui-même mais bien d'une exploration impitoyable dans les ténèbres de la société moderne et de sa jeunesse à la dérive. Toujours traité avec sincérité et beaucoup de finesse, le film nous présente un homo modernus brisé, qui ne sait plus qui il est, cabossé par la vie dont les codes sont sans cesse en mouvement, plongé dans un courant qui lui échappe.
Le film traite sans embages de deuil, d'amour, de désespoir, de trauma et d'impossible reconstruction. A travers Vincent, c'est le portrait d'un jeune homme qui se bat pour exister alors même que son père semble avoir baissé les bras. L'apparition d'une femme remet évidemment tout en cause et nous entraine doucement, mais sûrement, au plus profond du schéma pervers qui lie les deux hommes.
Car c'est bel et bien à un combat entre un père et son fils que nous assistons, avec la femme comme enjeu. Il est moins question d'accomplissement de soi et de passage à l'âge adulte que de la démonstration terrible et implacable d'une rivalité à rebours entre entre eux, symbole d'un Oedipe mal digéré des deux côtés. Chacun se nourrit des blessures de l'autre, en joue, en crée des nouvelles, pour exister. Et pour Vincent, qui cherche avant tout à s'affirmer tout en réclamant l'amour d'un père qui lui refuse une telle distinction parce qu'en concurrence avec la terre entière, perdu dans sa douleur et sa frustration, dans ses complexes aussi, il sera moins question d'un retour vers la lumière que d'une mise à mort de la figure du père, quels que soient les moyens.
Un récit terrible, profond et intelligent qui donne le vertige à l'occasion d'une conclusion hallucinante, preuve supplémentaire du grand talent de son auteur. Sans révéler quoi que ce soit, disons simplement que là où d'autres jeunes metteurs en scène auraient botté en touche, pas encore suffisamment solides pour aller au bout de leur sujet, Morgan Simon y plonge plutôt deux fois qu'une, faisant preuve d'une audace incroyable et indispensable pour la cohérence de son film."
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