"(...) On le sait, le propre de l’hôtel est d’être un lieu de passage. Mais de passage vers quoi ? Là est toute la question. Car il existe bien des façons de passer : d’un lieu à un autre surtout, mais aussi d’une humeur à l’autre, d’un état d’âme au suivant, ou encore de vie à trépas. L’hôtel pourrait bien être aussi ce refuge entre deux mondes, ce sas de décompression où les âmes en transit, souffrantes, esseulées, se donnent rendez-vous : une étape non pas entre ici et ailleurs, mais entre ici et l’au-delà.
C’est en tout cas cette dimension intérieure, voire abstraite, que semble avoir retenu le dernier long-métrage du cinéaste sud-coréen Hong Sang-soo, présenté en 2018 au Festival de Locarno et se déroulant intégralement dans le périmètre d’un hôtel perdu au milieu de nulle part. Bordé par le cours imperturbable et majestueux de la rivière Han, l’établissement dépeuplé est en pleine hibernation, donnant aux quelques personnages qui s’y croisent l’allure de rescapés. Parmi eux, un vieil homme pense à la mort qui vient, dont l’auberge presque vide pourrait bien être l’antichambre. La mort fait donc son entrée dans le lexique de Hong Sang-soo, que l’on connaissait surtout pour ses études des comportements amoureux, généralement dépeints dans leurs accrocs et dissonances. Hotel by the River marque à ce titre une inflexion dans l’œuvre prolixe du cinéaste, puisque les relations entre les sexes ne constituent pas directement son objet. Au contraire, les scénarios féminin et masculin y resteront tout du long distincts, proches mais parallèles, et en quelque sorte irréconciliables. (...)"
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Mathieu Machette
déjà vu pas mal de fois, je le reverrai certainement encore