" Mûri par ses essais précédents, Téchiné a fait un bond en avant, par un réalisme social et psychologique fusionnant harmonieusement avec son lyrisme particulier (...) Tous les films d'André Téchiné ont été les films d'une passion. Celui-ci est l'histoire brûlante, émouvante, d'une relation amoureuse rendue difficile, sinon impossible, par l'égoïsme, le désir de possession de l'homme.
Blessée, figée dans une sorte d'indifférence au monde par la mort d'un être cher, Hélène, Parisienne exilée à Biarritz (où elle est infirmière), revient lentement à la vie réelle en s'attachant à Gilles. Lui veut se l'approprier tout entière, il est jaloux de ses souvenirs, cherche à les effacer ou à les salir.
Ce choc de deux tempéraments, défini, dès la première rencontre, par une remarquable séquence en champ-contre champ, donne au film une tension émotionnelle d'autant plus vive qu'elle s'exerce dans un décor social et provincial sans pittoresque Car Biarritz, ville ouverte sur l'océan et le désir d'évasion, n'est plus une cité fantasmagorique comme Amsterdam dans Barocco.
Téchiné a parfaitement observé et décrit (avec un seul détour du côté du Casino) un milieu de petites gens qui travaillent là toute l'année, ont leurs habitudes et leurs mœurs en conformité avec l'environnement (une vision sensible du comportement homosexuel s'insère dans le tableau général). Il n'est pas tendre envers ses personnages masculins : Gilles, le faux aventurier immobile (dont Patrick Dewaere exprime jusqu'à la frénésie l'attitude névrotique) et Bernard, le copain gratteur de guitare, ramené d'un voyage à New-York (Etienne Chicot, figure volontairement antipathique, d'une manière d'être parasite sous prétexte d'anticonformisme).
En revanche, Téchiné a transféré son lyrisme et son romantisme, sa préoccupation des tourments de l'amour, sur Hélène. Catherine Deneuve, d'abord imprévisible, puis intransigeante, douloureuse et meurtrie, peut être admirée comme actrice. Mais elle est aussi la pierre de touche d'une mise en scène organisée sur des situations dramatiques et des sentiments. En fait, dans ce film, où il considère maintenant, selon l'esprit de Roger Leenhardt, le cinéma comme un " art du récit ", Téchiné se révèle lui-même comme il ne l'avait jamais fait. Jusque dans la correspondance subtile du personnage d'Élise, la sœur de Gilles (Sabine Haudepin), avec celui d'Hélène."
Une rencontre inattendue - un accident de voiture - aboutit à une difficile relation d'amour voué à l'échec. Un film façonné par un certain sens de la...
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