" Regard de braise, accent redneck au couteau, mâchoire tombante, corps tordu de concupiscence satanique, Matthew McConaughey trouve ici le rôle de sa vie. L'ex-jeune premier abonné aux comédies romantiques porte à incandescence son infernale métamorphose, entamée avec Magic Mike, de Steven Soderbergh (...) D'une impétuosité fourbe et rentrée, il campe toutes les facettes de Lucifer, tour à tour tentateur, accusateur, exterminateur et - plus encore - scrutateur.
"Your eyes hurt" : "Tes yeux font mal", lui souffle ainsi, par deux fois, Dottie (Juno Temple, excellente en proie désemparée). Le diable se niche dans les détails, et les spectateurs les plus attentifs auront noté qu'une présence souterraine traverse tout le film : celle de la télévision, qui diffuse scène après scène son flot d'inepties et d'atrocités. Avant de faire dire la messe à la tablée en lambeaux, Joe ne manque pas de saccager, avec force fracas, l'écran familial. Manière de rappeler d'où, précisément, vient le fléau dont il n'est que le modeste exécuteur.
Ce geste iconoclaste résume, pour ses contempteurs comme pour ses adorateurs, le cinéma de Friedkin. Les premiers ne voient, chez le réalisateur de L'Exorciste, qu'ultraviolence gratuite et amorale, purgeant, avec un mépris ironique, une humanité réduite à ses plus vils archétypes. Dans le calvaire enduré par les personnages féminins de Killer Joe, rattachés aux représentations les plus archaïques de leur sexe (vierge, mère et prostituée), ceux-là trouveront, n'en doutons pas, matière à conforter leur dédain. Les seconds, au contraire, saluent l'auteur de La Chasse comme un pape de la course-poursuite, un démiurge de l'adaptation littéraire, un ange de l'ambiguïté. Tiré d'une pièce de Tracy Letts, Killer Joe et ses chassés-croisés pétaradants leur donnera le même type de satisfaction qui convulse le Malin à l'approche de sa cible. Un plaisir mêlé d'effroi, qui tire sa légitimité d'un pari aussi problématique qu'admirable lorsqu'il est, comme ici, tenu : pour exorciser le Mal, il ne suffit pas de dévisager le diable, il faut encore adopter son regard et, après en avoir saisi les leurres, se crever les yeux."
Auréliano Tonet
Et vous pensez vraiment qu'a partir de 12 ans ont visionner ce film ???
Un flic brutal doublé d'un tueur à gages est contacté par un jeune dealer endetté pour éliminer sa mère afin que la petite soeur touche l'assurance-vie....
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