À Détroit, dans les années 1980, Rick Sr. Wershe vend des armes tombées du camion et fabrique des silencieux illégaux dans le sous-sol de sa maison. Avec l'argent gagné, il veut s'acheter un vidéo-club. Sa femme l'a quitté, sa fille se drogue et ses parents ne cessent de juger sa vie. Rick J., son fils de 14 ans, veut une autre vie où l'argent coule à flot et faire partie du très lucratif trafic de crack. Au grand désespoir de son père, il devient "white boy Rick" au sein d'un gang mené par des caïds noirs. À 15 ans, il se fait rattraper par la justice et pour éviter la prison, doit jouer les informateurs...
"Detroit, les années 80 : Rick (Richie Merritt) arpente avec son père (Matthew McConaughey) les foires aux flingues qui pullulent aux États-Unis. Les Wershe achètent et vendent des armes, à la régulière, mais les agents fédéraux Byrd (Rory Cochrane) et Snyder (Jennifer Jason Leigh) les ont dans le collimateur. Alors que Rick commence, sans l’accord de son paternel, à faire affaire avec un gang, se liant même d’amitié avec certains de ses membres, il est contraint par le FBI de devenir informateur.
L’histoire est vieille comme le crime et le cinéma a joué un nombre incalculable de fois avec la figure ambivalente de l’indic’. Faire du neuf avec du vieux ? Ce n’est pas l’ambition du film (affublé d’ailleurs du plus anonyme des titres français), qui accepte le classicisme de son pitch sans pour autant abdiquer. Car c’est par les sentiments que Yann Demange (réalisateur du prodigieux ’71, sorti en 2014) va aborder son récit : avant de flirter avec la criminalité, Rick est d’abord un enfant, celui d’un raté que toutes les femmes fuient – y compris sa propre fille (Bel Powley) – et celui d’un Detroit qui n’a pas attendu la crise des sub-primes pour être une ville fantôme, pauvre et désincarnée. Sans foyer solide, sans copain, il va trouver dans les gangs ce sentiment d’appartenance qui a manqué à sa construction. Sa faiblesse, c’est ce sentiment d’abandon chevillé au corps. Il sera même poussé par les Stups à vendre de la drogue pour rapporter les activités narcotiques des ghettos – et se faire un petit pécule en parallèle, histoire de financer le vidéoclub que son père veut ouvrir et donner une raison à sa sœur, crack addict, de rentrer à la maison. Il faut le voir, du haut de ses 15 ans, se rappeler avec elle du temps où « ils étaient gamins », pour voir à quel point Rick est une âme fatiguée prisonnière d’un corps d’enfant – ce que Richie Merritt, mélange de candeur (c’est son premier film) et d’aplomb (il a un sacré talent), personnifie à merveille. La caméra rivée sur son héros contradictoire, Yann Demange réalise un film à la poésie triste, bienveillant avec les erreurs de jeunesse, intransigeant avec le business de la mort, fasciné par l’Amérique comme décor de cinéma. Un thriller comme un coming of age plein de suspense : si les faits sont réels, l’issue n’est pas spécialement connue. Alors on vibre pour Rick. Qu’est-ce que son destin nous dira du déterminisme ?"
Emmanuelle Spadacenta
ecranlarge.com
"Encore sous le radar, Yann Demange est un réalisateur qui pourrait exploser à tout moment. Remarqué avec le précieux '71 au point d'être u...
"Encore sous le radar, Yann Demange est un réalisateur qui pourrait exploser à tout moment. Remarqué avec le précieux '71 au point d'être un temps pressenti pour la réalisation de James Bond 25, également rattaché à la réalisation du projet de série d'horreur Lovecraft Country (adapté des écrits de Lovecraft et piloté par Jordan Peele pour HBO), sa mise en scène électrique et suffocante n'a clairement pas laissé indifférent. En attendant d'être rattaché à une commande, le voici de retour avec son deuxième film indépendant White Boy Rick (...).
Malgré le sujet, Yann Demange met en effet l'accent non pas sur l'action mais plutôt sur les personnages. Là où on le voyait venir avec un nouveau shot d'adrénaline, il livre en réalité avec Undercover - Une histoire vraie un vrai drame. Son film est une galerie de portraits de parias privilégiant largement la retranscription d'un sentiment d'injustice sociale au suspense, à tel point qu'on pense plus cette fois aux hors-la-loi complexes et sympathiques de James Gray, Jeff Nichols ou David Lowery (avec un soupçon de Breaking Bad).
Une tentative tout à fait honorable, que Yann Demange réussit à transformer en succès grâce à son indéniable compétence et à son regard critique acerbe, et très européen, sur l'envers de l'american way of life (notamment ses dynamiques raciales et surtout son rapport aux armes à feu). La critique est ainsi boostée à travers de nombreuses répliques qui font mouche, mais sans toutefois montrer un talent particulier en la matière, ni produire les étincelles de '71."
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