Page d'accueil
Catalogue
Nouveautés
KIDS
Courts
Séries
À Brazzaville, un monde invisible régit le monde visible. L'apôtre Médard se démène pour guérir les malades victimes de mauvais sorts.
À Brazzaville, un monde invisible régit le monde visible. L'apôtre Médard se démène pour guérir les malades victimes de mauvais sorts. Mais sa vie bascule lorsqu'on l'accuse publiquement de pratiquer la magie noire. Kongo a fait partie de la programmation de l'ACID en 2019.
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
"C’est en suivant Médard, apôtre de la confrérie des Ngunzas que les deux réalisateurs, Hadrien La Va
"C’est en suivant Médard, apôtre de la confrérie des Ngunzas que les deux réalisateurs, Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, ont tenté de saisir l’impalpable et capter l’invisible, dans Kongo. Le résultat est exceptionnel, incarnant toute la noblesse du cinéma documentaire.
Titulaire d’une licence de guérisseur, apôtre de l’église Ngunza, Médard libère les âmes en combattant les mauvais sorts. Entre mysticisme, sorcellerie et fétichisme, prend le parti de n’interroger qu’une seule croyance, celle envers le cinématographe : un projet au cœur du sensible où l’art est mis à l’épreuve du réel avec pour défi immense de créer des images où vision et perception s’amalgament. En effet, de manière fascinante, le film convoque peu à peu le regard du spectateur à la confluence du prosaïque et du merveilleux.
Une fourmi évolue sur un monticule de cire fondue en décrivant une trajectoire en apparence confuse. Quelques secondes plus tard, l’apôtre Médard, en bordure du fleuve, passe de rocher en rocher, à la recherche des sirènes. Deux mystères filmés à des échelles différentes révèlent une analogue curiosité et une identique considération pour l’infiniment petit et l’infiniment grand.
Ailleurs, un miroitement de pluie, un halo de poussière, une convulsion du fleuve, un crépitement de feu sont tout sauf des plans cosmétiques. Il ne s’agit pas de marquer une respiration dans le récit mais de restituer avec la plus grande conviction la croyance animiste qui accorde pouvoir aux esprits du vivant. Le récit, parlons-en : une double trame, celle instituée par le montage à laquelle s’ajoute les voix off, celle de Médard principalement mais aussi celle de Bertille Ngonga. Ces voix intérieures ne viennent pas commenter l’image mais ont plutôt valeur de confidence et témoignent de la volonté de co-écriture des réalisateurs avec les «acteurs».
L’apôtre Médard est confronté à une sèche réalité, le procès en sorcellerie que Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav restituent dans la plus pure tradition du cinéma ethnographique que Jean Rouch à, sinon popularisé, porté à son sommet. On pense également à cette scène de transe dans le cimetière où les enfants de Bertille sont enterrés (drame à l’origine du procès), scène abruptement interrompue lorsque la caméra est bousculée par le corps incontrôlable de la jeune femme.
Pour sa défense, Médard s’en remet aux sirènes dont il doit convoquer les esprits. À la recherche des sirènes, aidé en cela par le prophète Boudimbou, son maître spirituel, Médard s’aperçoit qu’elles sont elles-mêmes en danger suite aux travaux d’exploitation d’une carrière menés par des chinois plus habiles à conduire les tractopelles qu’à appréhender les forces surnaturelles. La source a été purement et simplement déviée.
Devenu prophète à son tour, Médard erre, improbable silhouette perdue dans le poudroiement sablonneux du chantier, tel un roi sans royaume. Une fourmi en toge ne serait pas plus désemparée. Des plans sublimes sur lesquels se referme Kongo dans le tutoiement d’une réalité fantastique."
"A l’avant-dernier jour du Festival, enfin un documentaire avec du cinéma dedans. Et l’on ne parle pas (uniquement)
"A l’avant-dernier jour du Festival, enfin un documentaire avec du cinéma dedans. Et l’on ne parle pas (uniquement) de la beauté envoûtante de ses plans. Après le visionnage de quelques indigestes docus tartinés de voix off, on a goûté avec Kongo, d’Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, le déploiement d’un mystère que le film ne se charge pas d’expliquer, préférant sonder la façon dont son sujet s’inscrit dans des lieux, lui donnant un peu de champ.
Cette heureuse surprise, film de clôture de l’Acid, a été entièrement tournée à Brazzaville, en bordure du fleuve Congo. Les réalisateurs y ont suivi l’apôtre Médard, guérisseur traditionnel de la confrérie Ngunza, qui quotidiennement soigne des patients victimes de mauvais sorts - saignées, invocations, écritures, prescription de tisanes… Revoilà donc les envoûtements et la sorcellerie, pour la troisième fois dans ce Festival (après le bel Atlantique de Mati Diop et Zombi Child de Bertrand Bonello), mais la tâche est presque plus simple pour Kongo, qui n’a pas à se poser la question de la vraisemblance, avançant dans le fait accompli, celui de croyances communément admises, quotidiennement pratiquées, jusqu’au tribunal où se plaident des affaires de sorcellerie.
Le regard est ainsi toujours à la bonne distance, évitant l’écueil de l’exotisation, nous embarquant naturellement avec lui. Si Kongo est passionnant, ce n’est pas seulement dans sa manière de lier ces pratiques au paysage - superbes panoramiques du fleuve Congo déchaîné, gros plans de Médard à moitié immergé dans une cascade, renouant avec des sirènes. C’est aussi qu’en détaillant les menaces qui pèsent sur le travail de Médard (concurrence, prédation sur les terres environnantes…), il dessine les contours d’une lutte contre de tentaculaires forces coloniales. Une entreprise chinoise vient ainsi de se lancer dans la construction d’une carrière qui va profondément modifier l’environnement des Ngunza, et notamment étouffer les sirènes qui leur viennent toujours en aide.
Ceci ne semblera loufoque qu’aux esprits incapables d’envisager que le déplacement d’une chute d’eau à grands coups de bulldozers tient aussi de la funeste sorcellerie, et que l’homme est en train de réveiller des forces obscures bien plus grandes que lui. Une séquence le suggère : l’on y voit l’apôtre Médard, en superbe tenue de prière rouge, promener sa silhouette parmi l’immense chantier, et tomber nez à nez avec un travailleur chinois en train de forer le sol. L’apparition la plus incongrue des deux n’est pas celle qu’on pourrait croire."
"Hadrien La Vapeur, ancien assistant de Philippe Garrel, et Corto Vaclav, anthropologue de formation, ont uni leurs forces pour suivre
"Hadrien La Vapeur, ancien assistant de Philippe Garrel, et Corto Vaclav, anthropologue de formation, ont uni leurs forces pour suivre et raconter, au coeur de Brazzaville un personnage hors normes : l’apôtre Ménard, qui consacre son existence à guérir les malades victimes de mauvais sorts et se retrouve accusé de magie noire... après que la foudre s’est abattue sur un foyer dont il s’est occupé. Toujours à bonne distance de leur sujet, les réalisateurs signent un documentaire passionnant qu’aucune fiction ne pourrait surpasser. Au fait de leur sujet et plus largement d’une ville et d’un pays qu’ils ont appris à connaître de l’intérieur, ils ne laissent aucune place à un quelconque exotisme et se glissent dans les pas de l’immense Jean Rouch, avec cette même croyance en la force de leurs images pour ne pas avoir à les accompagner d’une voix off explicative. Le tout en soixante-dix minutes d’une rare intensité."
Thierry Chèze"Tout type de guérison mystique : désenvoûtement, chasse-diables, protection de parcelle, domination-attiranc
"Tout type de guérison mystique : désenvoûtement, chasse-diables, protection de parcelle, domination-attirance-maris de nuit, diabète, femmes stériles, folies chronique." Tel est le programme placardé devant chez l’apôtre Médard, guérisseur de la confrérie des ngunza à Brazzaville et protagoniste du très étonnant documentaire Kongo de Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, dévoilé en clôture du programme de l’Acid à Cannes en mai dernier et présenté dans la section Hauteur du 11e Les Arcs Film Festival.
Ouvert sous l’empire de la pluie torrentielle, des éclairs et du vent dans une nuit profonde associée à l’état du pays ("cette république de l’obscurité"), le film entre d’emblée dans le vif de son sujet : des sorciers, à l’apparence souvent respectable dans le monde visible, se transforment et s’introduisent dans les maisons pour capturer des âmes, leurs victimes se réveillant ensuite avec de terribles souffrances sans comprendre pourquoi. Mais en échange d’un paquet de bougies et au terme d’un simple rituel, l’Apôtre Médard, un initié d’une cinquantaine d’années, invoque les ancêtres ("ce sont nos vrais dieux. Nos morts ne sont pas morts") et emprisonne les mauvais esprits dans de petites bouteilles (qu’il jette ensuite dans le fleuve), prescrivant aussi des tisanes d’herbes et organisant des cérémonies dans les cimetières (aspergeant les tombes de breuvages divers ou offrant aux défunts des cookies et autres bonbons), tout en entretenant une solide paranoïa à l’égard des sorciers ("ils m’observent et cherchent une faiblesse pour me faire chuter").
Tout cela vous semble folklorique, gorgé de crédulité, voire gentiment risible ? Ne vous y trompez pas car les croyances partagées ne manquent pas de puissance, d’autant plus que l’État du Congo-Brazzaville les a entérinées, l’Apôtre Médard bénéficiant d’une licence officielle de guérisseur menacée par une enquête du ministère de la Sécurité et de la police, conséquence d’un procès pour accusation de sorcellerie dans le cadre de la juridiction coutumière du Tribunal de Tenrikyo (le juge : "qui a envoyé ce mal ? Nous sommes outillés ici. Nous saurons si c’est un éclair naturel ou s’il y a un sorcier derrière lui"). Une affaire risquant de renvoyer Médard à des activités professionnelles de plomberie et qui le pousse à solliciter l’aide de son maître (le prophète) afin d’intercéder auprès de sirènes réfugiées dans une cascade, près du fleuve. Mais un chantier piloté par des Chinois complique les choses…
Ancien assistant de Philippe Garrel, Hadrien La Vapeur signe l’image immersive, soignée et très réussie de ce documentaire passionnant, associé à la mise en scène à l’anthropologue Corto Vaclav (aussi crédité au son). Avec Kongo, le duo signe un film narrativement très bien construit, chaque séquence amenant son lot d’informations et de surprises, en s’appuyant sur un accès assez incroyable à l’intimité du personnage principal et aux croyances locales, et en élargissant le propos en toile de fond à la question du colonialisme (antan les prêtres blancs, aujourd’hui les excavatrices de la mondialisation). Un mélange stupéfiant tissant progressivement son habit de cérémonie (avec l’appui de la musique composée par Gaspar Claus) et qui renvoie aux plus belles heures d’un cinéma ethnographique bien digéré, en miroir observateur et en révélateur respectueux des mystères de l’Afrique et du monde des esprits."
"Kongo déroule ainsi un formidable récit, constamment relancé par l'imprévisibilité d'un r&e
"Kongo déroule ainsi un formidable récit, constamment relancé par l'imprévisibilité d'un réel qui surpasse, par endroits, les meilleures de nos fictions."
Retrouvez le texte complet sur le site de l'ACID.
L'ACID est une association née en 1992 de la volonté de cinéastes de s'emparer des enjeux liés à la diffusion des films, à leurs inégalités d'exposition et d'accès aux programmateurs et spectateurs. Ils ont très tôt affirmé leur souhait d'aller échanger avec les publics et revendiqué l'inscription du cinéma indépendant dans l'action culturelle de proximité.
Diego Governatori et Clément SchneiderNos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE