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M. Kopfrkingl exerce son métier avec amour. Il est heureux de libérer les âmes et souhaite à tous, par amour de son prochain, une mort prochaine.
M. Kopfrkingl est un employé modèle. Incinérateur de cadavres de son état, il exerce son métier avec amour. Il aime ses morts, il est heureux de libérer les âmes et souhaite, par amour de son prochain, a tous une mort prochaine. A la veille de la Seconde Guerre mondiale un ami nazi le persuade qu'il doit avoir du sang allemand dans les veines. Et M. Kopfrkingl se prend a rêver d'une race pure. Son crématoire va pouvoir tourner a plein régime.
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" Le film de Juraj Herz date de 1968 et nous y retrouvons les caractères du cinéma tchèque de l’époq
" Le film de Juraj Herz date de 1968 et nous y retrouvons les caractères du cinéma tchèque de l’époque : un certain charme, une certaine indolence. Lorsque le sujet est grave, comme ici, il est traité en demi-teintes.
C’est un singulier personnage qui nous est montré. il n’a rien d’un fanatique. Avec sa silhouette ronde, sa coiffure ridicule, ses allures de petit fonctionnaire courtelinesque, il serait plutôt le type même du médiocre. Et c’est justement ce qui est intéressant au point de vue du sens historique qui transparaît avec insistance sous l’étrangeté de l’anecdote. Ce sont, effectivement, de tels individus qui sont les auxiliaires les plus précieux, le cas échéant, de l’oppression et de la tyrannie. Ce qui va d’ailleurs contre les mythes entretenus par le cinéma commercial, et particulièrement les « films de guerre ».
Notre expert en incinération, loin de tous les personnages classiques, est donc singulièrement équivoque. il se présente lui-même comme un amoureux de ia beauté, de la musique, un ennemi de fa souffrance. Obnubilé par des lectures qu'il est sans doute incapable de comprendre, ii est devenu un adepte naïf de la croyance orientale en la réincarnation. Par ailleurs, il y a chez lui une attirance vers le morbide qui est manifestement l’expression d’un déséquilibre sexuel. Etrange bonhomme, prêt à se transformer en bourreau sous l’influence des doctrines hitlériennes.
En effet, parmi les composantes psychologiques du fascisme, la bêtise et la maladie ne le cèdent en rien à la méchanceté. Le moins bizarre n’est pas, chez notre héros, qu’il s’imagine exterminer ses victimes pour leur bien : puisqu’elles pourront renaître dans une vie meilleure.
L’argument ferait sourire, s’il n’avait été réellement celui d’autres tortionnaires (voir comment l’Inquisition utilisait le dogme de l’immortalité de l’âme). Enfin, on soulignera que ces sinistres relents de superstitions ne touchent pas à l’invraisembfance : qu’on se souvienne de l’importance accordée à l’occultisme par les dirigeants nazis."
Il fallait pour traiter un tel sujet une bonne dose d'adresse et d'intelligence. Herz y parvient — malgré quelques eff
Il fallait pour traiter un tel sujet une bonne dose d'adresse et d'intelligence. Herz y parvient — malgré quelques effets un peu gros, notamment dans son utilisation des focales — en suivant presque constamment son personnage.
Ce visage un peu trop rond d’homme débonnaire ne révèle pas grand-chose mais la minutie avec laquelle il explore, comme il enregistre les moindres gestes de son « héros », et enfin la fréquence des apparitions de Kopfrkingl provoquent, à la longue, le malaise, puis l'angoisse.
Nous sommes devant un maniaque de l'ordre et de la propreté, méticuleux et soucieux du bien-être des siens, comme de celui de ses morts. Rien d’inquiétant, à priori. Certes, des gestes bizarres, comme celui de donner un ultime coup de peigne aux cheveux des défuntes — mais ne passe-t-il pas constamment ce même peigne dans ses propres cheveux ou ceux de ses enfants ? — apparaissent pour nous révéler des passions plus douteuses, encore qu’inconscientes. Le glissement de la personnalité de cet imbécile comblé — car, il n'est rien, une fois franchies les limites du Temple de la Mort — vers celle d’un assassin tout aussi comblé apparaît pourtant dans sa prétendue philosophie de la mort, dans sa croyance au bonheur qu’il procure aux défunts en les faisant brûler.
L’incinération des cadavres n’est plus une tâche, une besogne comme une autre, mais bien un rite essentiel à sa religion. De ce point de vue, les nazis, avec le gigantesque massacre des juifs qu’ils préparent, ne peuvent que lui être des auxiliaires précieux pour lui permettre de répandre la bonne parole.
Film inquiétant et atroce dans ses prolongements, L'incinérateur de cadavres, apparaît enfin, au second degré, pour ce qu’il est : un film de terreur méthodique.
Comme le docteur Petiot qui enfournait des Israélites dans sa chaudière, réduction des fours crématoires, M.Kop
Comme le docteur Petiot qui enfournait des Israélites dans sa chaudière, réduction des fours crématoires, M.Kopfrkingl incinère à tour de bras dans le Temple de la mort des gens qu'il ne connaît pas mais aussi ses amis et, finaement, jusqu'à sa propre famille. Le film se situe à Prague juste avant l'occupation allemande et dans les mois qui ont suivi Munich. Les nazis s'avisent de la collaboration inespérée que peut leur apporter ce champion, ce fanatique de l'incinération et lui passent commande d'une machine colossale pour dissoudre les cadavres en fumée.
L'œuvre de Juraj Herz est, à sa manière, une réplique cinématographique du Triomphe de la mort de Breughel. C'est d'abord le reflet de cette époque que Ernst Junger appelle celle des équarrisseurs; le temps des « lémures » de Faust.
L'incinérateur se convertit au dogme nazi et assassine sa femme, d'origine juive. Par sadisme ? Par contamination raciste ? Nullement. Le Herr Doktor Kopfrkingl est vaguement influencé par le bouddhisme ; il croit à la réincarnation; ses victimes connaîtront dans l'au-delà ou dans une autre vie un sort meilleur. Le Doktor est complètement fou.
Et c'est finalement l'évolution, la progression de cette folie, dans le climat lugubre de la Tchécoslovaquie envahie par la peur qui nous sont montrées grâce à l'interprétation exemplaire de Rudolf Hrusinsiky. Ce petit bonhomme replet, net, d'allure un peu militaire, rangé, méthodique jusqu'à la manie est l'image du fonctionnaire modèle happé par une idée fixe, fasciné par des doctrines mal digérées. On en a connu des milliers.
Ce film, troublant et impossible à oublier, peut aussi figurer, comme Le Rhinocéros, une épidémie de peste idéologique
" Cette fable d'un humour sardonique, dans la tradition des Kafka et Husak, fut réalisée en 1968, au crépuscu
" Cette fable d'un humour sardonique, dans la tradition des Kafka et Husak, fut réalisée en 1968, au crépuscule du Printemps de Prague et aussitôt interdite : le temps était aux proclamations d'amitié avec le grand voisin soviétique. Ce portrait au vitriol d'un collabo ordinaire était donc plutôt malvenu.
Un des premiers effets du renversement des caciques staliniens aura été la « libération » de ce chef-d'œuvre de l'absurde, où domine le blanc immaculé, couleur favorite des épurateurs de toutes obédiences."
" Exploitant intelligemment ce sujet terrible, le réalisateur praguois Juraj Herz a réussi à faire un film tr&egr
" Exploitant intelligemment ce sujet terrible, le réalisateur praguois Juraj Herz a réussi à faire un film très singulier, très saisissant Et si la forme stylisée et allusive(avec peut-être abus d’effets et d’images volontairement déformées) rappelle un certain cinéma tchèque d’avant-garde, l’auteur a trouvé une manière originale et un acteur remarquable pour exprimer les aberrations, les horreurs de ce monde, à partir d’un cas individuel.
Progressivement, et avec un humour accordé à la situation macabre, Herz dessine le portrait de ce héros pitoyable ; il le démasque afin de souligner le caractère morbide de ses égarements, il le montre pris à la fois dans l’engrenage logique de sa propre folie et produit d’un système, reflet d’une époque. Pour cette raison, le film gagne en gravité, en âpreté, en force, et nous entraîne dans un cauchemar où se projette l’ombre du fascisme et où M. Kopfrkingl rejoint les fantômes allégoriques de M. Verdoux (Chaplin) et d’Archibald de la Cruz (Bunuel)."
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