"(...) Le postulat du film consiste, en effet, à suivre un prédicateur repenti, spécialisé dans les exorcismes mais devenu incrédule et touché par le doute. Pour démystifier sa propre pratique, il propose à une équipe de télévision légère de le suivre afin de pouvoir dévoiler, devant la caméra, ses propres trucs. Il est appelé par un fermier de Louisiane persuadé que sa propre fille est possédée par un démon. Le rituel est effectué et le déroulement de celui-ci est entrecoupé de séquences où l'exorciste dévoile la technique employée pour faire bouillir instantanément de l'eau, faire bouger un lit ou faire fumer un crucifix.
Evidemment, rien ne se passe conformément au scénario imaginé par le personnage principal, désavoué dans son projet de dénonciation de la superstition, et qui va se retrouver face à l'irrationnel et au diable, ou du moins à l'un de ses démons en personne. C'est ainsi que l'on peut voir Le Dernier Exorcisme, bonne surprise du genre, comme une métaphore sur le cinéma d'horreur lui-même.
Comment le spectateur devenu incrédule par un siècle d'épouvante cinématographique peut-il se remettre à croire ? Comment, alors que cinéastes et producteurs spécialisés dans l'épouvante ont désormais opté pour le cynisme, espérer retrouver la foi ? Comment, alors que la technique des effets spéciaux est désormais familière aux amateurs du genre, continuer de faire peur à ceux-ci ? C'est cette énergie, ce mouvement irrépressible de la machine à divertissement qui est allégoriquement illustré par l'habile film de Daniel Stamm."
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Jean-François Rauger