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À Brooklyn, en 1986. Un romancier sur le déclin décide de se séparer de sa femme, provoquant une réaction très violente chez ses deux jeunes fils.
New York, 1986. Il y a bien longtemps que les romans de Bernard n'ont plus de succès alors que sa femme Joan, qui écrit aussi, est en pleine ascension. Rien ne va plus entre eux. Ils ont décidé de divorcer. C'est une catastrophe pour leurs deux fils, Walt, 16 ans, et Frank, 12 ans. Les deux garçons perdent leurs repères et sombrent en pleine confusion des sentiments. Écartelés entre leurs parents, les deux adolescents vont vieillir, mûrir, parfois trop vite pour leur âge et chacun à leur façon... Entre tendresse et rage, entre remises en question et émotion, la famille traverse des situations souvent drôles, toujours fortes, et va peu à peu apprendre à se redéfinir.
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"Dès la première séquence, un match de tennis en double, papa et l'aîné contre maman et le cadet
"Dès la première séquence, un match de tennis en double, papa et l'aîné contre maman et le cadet, à Brooklyn, Les Berkman se séparent exhale un parfum de vérité. Il tient aux détails vestimentaires, aux coupes de cheveux - on est au milieu des années 1980. Et surtout à la manière dont se dessinent, en quelques balles, les lignes de force qui travaillent cette famille d'intellectuels new-yorkais. Le père, chevelu, barbu dans le vain espoir de ressembler au vieillard du plafond de la chapelle Sixtine. La mère qui contemple d'un air affligé les efforts de son époux pour maintenir sa supériorité physique sur son clan. L'aîné en adoration devant son géniteur, le petit en quête d'affection.
Le réalisateur et scénariste Noah Baumbach est en train de nous raconter son histoire. Et pourtant, Les Berkman se séparent présente un petit mystère. Le candidat le plus probable au poste d'alter ego du réalisateur est Walt (Jesse Eisenberg), un adolescent si antipathique (pédant, inculte, infidèle en amour comme en amitié) qu'on se demande un moment s'il ne faut pas parier plutôt sur le frère cadet, Frank (Owen Kline), sportif et dernier né sacrifié aux affrontements entre les ego de son aîné et de ses parents.
On se rend à l'évidence : l'acuité du regard du cinéaste n'est jamais aussi corrosive que lorsqu'il s'arrête sur sa propre adolescence. Ce qui ne veut pas dire que le reste de la famille est bien traité. Le père, romancier qui n'est plus publié depuis des années, est jaloux du succès naissant de sa femme, au point de la quitter. Mais bientôt les deux enfants s'aperçoivent que cette rupture est aussi la conséquence des liaisons que leur mère a entretenues au vu et au su de leur père.
Il y a un peu de masochisme dans la manière dont Baumbach égrène les détails un peu sordides de la décomposition de sa famille. Les personnages sont sauvés de l'indignité par une infime dose de compassion et, surtout, par le travail des acteurs. Qu'on ait vu La Rose pourpre du Caire ou Dumb and Dumber, rien ne préparait à découvrir Jeff Daniels dans ce rôle de patriarche aux pieds d'argile. Epaissi, maladroit et destructeur, il est ridicule (donc hilarant) et pathétique. Face à lui, Laura Linney s'aventure avec succès sur un terrain (la cruauté involontaire, le trouble érotique) qui ne lui était guère familier. Les jeunes acteurs qui tiennent les rôles des fils portent la même part d'ambiguïté.
On ressent un peu de joie mauvaise à contempler le spectacle d'un échec, surtout lorsque l'honnêteté de l'auteur empêche de le tempérer par les fadaises qui adoucissent les feuilletons télévisés - réconciliations in extremis ou consolations opportunes - et que son sens de l'humour fait ressortir le ridicule de chaque situation. Pourtant, Les Berkman se séparent ne laisse pas d'arrière-goût déplaisant, justement parce que l'honnêteté du cinéaste et de ses comédiens force le respect."
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