
Les Vies d'Adèle
VIDEO | 2014, 8'| Découverte dans Les Diables de Christophe Ruggia en 2001, Adèle Haenel est vite devenue indisp...
Deux enfants perdus, abandonnés à la naissance... Fugueurs pour toujours. Jusqu'à ce qu'ils trouvent "la maison"... là où tout pourrait se reconstruire.
Joseph et Chloé, deux enfants d'une douzaine d'années, sont abandonnés à leur naissance. Alors que la sœur est repliée sur elle-même, le frère organise leurs fugues. Il suit sa sœur et la protège, persuadé qu'elle a le pouvoir de retrouver la maison de leurs parents et que, une fois là-bas, elle guérira.
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"A travers l’histoire de ces sans-famille, Christophe Ruggia brocarde une société qui diabolise l’enfance abandonnée. Le discours fait mouch
" On n’échappe pas à ses souvenirs d’enfance. Christophe Ruggia, le réalisateur du Gone du Chaâba - qui traitait de l’immigration algérien
" On n’échappe pas à ses souvenirs d’enfance. Christophe Ruggia, le réalisateur du Gone du Chaâba - qui traitait de l’immigration algérienne dans les années 60 à travers le regard d’un petit garçon -, en apporte une preuve supplémentaire avec son deuxième film, Les diables. L’intrigue est en effet largement inspirée de sa propre expérience, pour le moins chaotique, qu’il évoque avec ferveur et pudeur dans ce café parisien du 1 Ie arrondissement, où il nous a donné rendez- vous. « J’ai commencé à écrire ce scénario à 19 ans. Il réunit ma propre histoire et celle de deux amis proches. J’ai perdu mon père alors que j’avais 6 ans et ma sœur 5. Mon premier ami a été abandonné par sa mère et le deuxième retiré de chez ses parents à cause de leur violence. » C’est donc avant le succès du Gone... que ce réalisateur de 37 ans a eu l’idée de ce film, dont les héros sont deux fugueurs, une sœur et un frère âgés de 12 ans et abandonnés à la naissance, Chloé et Joseph, une fille autiste muette et un garçon violent, qui s’aiment à la folie.
À maintes reprises, Ruggia tentera de finaliser ce scénario, mais, confronté à ses démons, il renonce à chaque fois. « J’avais juste le point de départ : deux enfants abandonnés à leur naissance et élevés comme des jumeaux découvrent au bout de dix ans qu’ils ne le sont pas. » Le gone du Chaâba lui apportera l’élan décisif. « Ce film terminé, je me suis aperçu que j’avais eu des manques au niveau de la mise en scène. C’était un projet néoréaliste et le fond primait sur la forme. Alors que moi, je ne pense qu’à ça depuis l’âge de 12 ans! Pas à être assistant ou chef opérateur, mais à être cinéaste ! » Cette frustration le pousse à revenir vers le sujet des Diables y si proche qu’il sait pouvoir y imprimer une patte plus personnelle.
Il demande à Olivier Lorelle (scénariste de Little Senegal) de l’accompagner dans cette aventure. Ils travaillent ensemble un an avant de tomber dans une impasse. « Je me servais de sa présence pour ne pas affronter le film que je devais faire. » Il s’arrête alors quatre mois, jusqu’au déclic. « J’ai compris que ce que j’avais écrit n’était à la hauteur ni de ma mémoire, ni de celle de mes amis. Raconter cette histoire était enfin devenu primordial pour moi. » Il retravaille donc en solo avant de se lancer dans le casting des enfants, six mois avant le début du tournage.
Pour Le gone du Chaâba, il en avait rencontré plus de 3 500 et retenu 11. Là, la logique fut différente. «On n’avait pas envie de trop montrer le scénario à cause de certaines scènes. On a dû le faire lire à cinq filles et douze garçons. » Christel Baras, qui s’était occupée du casting figuration du Gone, l’accompagne dans ses recherches. Son casting sauvage est efficace. Elle déniche Adèle Haenel en trois semaines. Venue accompagner son frère pour le casting, elle s’impose par son charme comme une évidence. « Elle a rencontré sa vocation. Elle prend un tel plaisir à jouer que j’étais sidéré en permanence. » Il faudra deux mois de plus pour découvrir Vincent Rottiers, qui jouera son frère. C’est à la station du métro Stalingrad que Christel le remarque sur sa trottinette. « Elle lui a couru après dans la rue. Et, dès que je l’ai vu, il m’a emballé : c’est un gamin très intelligent et intéressant, car loin de son personnage. Et comme il a aussi perdu son père jeune, ça a créé un lien très fort entre nous. »
Ces liens vont se renforcer pendant les six mois de préparation intensive avant le premier clap, où s’instaure la confiance indispensable. « Il ne faut jamais forcer et savoir attendre que les enfants soient vraiment décidés à faire le film. Alors, le travail peut enfin commencer, mais toujours sous la forme de jeux, pour développer l’écoute et l’échange.» L’un des exercices consistait ainsi à leur bander les yeux et à les diriger l’un après l’autre à l’aveugle dans un appartement jonché d’obstacles, juste par le contact...
Lorsque vient le tournage, ce petit monde peut alors aborder le travail sur le plateau avec confiance. « La seule limite est celle que l’on se donne ensemble. Il fallait surtout savoir jusqu’où ils seraient prêts à aller. Au final, on aurait pu obtenir plus. Mais les limites acceptables pour nous ne sont pas celles du spectateur.» Ceci vaut en priorité pour les scènes de nudité, qui montrent l’éveil à la sexualité de ces deux enfants. « Je n’ai pas voulu les tourner classiquement. Une fois l’installation technique effectuée, je restais seul avec les enfants pendant trois quarts d’heure, en attendant que ça devienne un jeu. Là, seulement, je faisais entrer le reste de l’équipe. On a tourné en continu sans se préoccuper des mètres de bobine. En deux heures, c’était terminé!» Ces scènes sensuelles frappent par leur pudeur et leur absence de voyeurisme. « Mon but n’est pas de choquer et de détourner les spectateurs. » Avec ce film, Ruggia veut surtout faire entendre ses idées sur un sujet prisé des médias : la violence des enfants. « Je veux combattre la généralisation exaspérante du discours. J’ai moi-même été un enfant violent, mais cette violence était individuelle face à un parcours individuel et non une réaction face à un problème et un parcours sociaux. »
Film engagé, Les diables est aussi un long métrage onirique à la forme maîtrisée. « J’ai tourné en Scope, avec un effort particulier sur les couleurs. Je voulais qu’elles me permettent de recréer le monde fantasmagorique de l’enfance. » Si les univers visuels de David Lynch, Hou Hsiao-hsien et Tsai Ming-liang l’ont influencé, Les diables rend aussi hommage à La nuit du chasseur; dont la b.o. illustre son générique. Film sur l’enfance, l’amour, l’absence de famille, Les diables est donc aussi un film de cinéphile. « Il s’agit même d’une parabole du cinéma : l’évolution du personnage muet de Chloé et l’amour de Joseph pour elle symbolisent mon amour pour le cinéma. »
Une fois Les diables achevé, Ruggia est parti à la rencontre de son public dans un tour de France exaltant. « Je pensais que le film susciterait plus de remous et je constate avec bonheur que ce n’est pas le cas. Des gens sont forcément choqués, mais mon bonheur est de les entendre dire “ C’est beau ! ” avant “ C’est dur ! ” » Un apaisement se lit alors dans les yeux de celui pour qui ce film gardera une saveur particulière. L’enfance sera encore au cœur de son projet suivant, conclusion d’une trilogie. « Ce sera un film sur la guerre d’Algérie vue à travers les yeux d’un enfant de 13 ans, arrêté par l’armée française, puis torturé et manipulé pendant quatre ans. Ce projet va me rendre la mémoire de mon père, qui a fait cette guerre puis a quitté ce pays en 1962, avant de mourir dans un accident de voiture, en y retournant en 1971.» Votre passé vous rattrape toujours. "
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