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Un homme décide de répondre à une ancienne compagne qui lui écrit qu'elle est gravement malade en lui offrant un film.
Elle avait 18 ans. Ils étaient amoureux, ils ont vécu ensemble dix ans. Vingt ans plus tard, il reçoit une lettre d'elle : L... est gravement malade. Il s'empare de sa caméra et filme en essayant de lui parler de tout autre chose, de cinéma et de ce que sont devenus les combats politiques qui les ont fait vivre. A travers ses images balbutiantes, ses hésitations, ses interrogations, se dessine l'amer constat d'une époque.
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" (...) Une actrice joue donc le rôle d’une actrice. Comme Goupil joue le sien, faux film, vrais rushes, trafiquages &agra
" (...) Une actrice joue donc le rôle d’une actrice. Comme Goupil joue le sien, faux film, vrais rushes, trafiquages à tous les étages où Orson Welles autant que Jean-Luc Godard donnent les bons à tirer. Qu’importe. C'est à "elle" qu’il parle, à L. que le narrateur adresse le journal filmé de son actualité intime. Ce qui fait la magie de Lettre pour L.. ,c'est son "adresse". Un film d’amour fou d’un fou de cinéma. Mais c’est tout autant l’urgence de son "envoi ": L... comme le monde que Romain filme est en train de crever. (...)
La force de ce film c’est qu’il déconne tout le temps. La recherche du temps perdu vire à la course burlesque contre la montre. L’amorce d’un documentaire enfante une parodie, les vieilles croyances reviennent en farce: saynètes (hilarantes) de l’amour libre, du féminisme, actualités et films de famille truqués, etc. Sous le militant, le saltimbanque (l’homme à la caméra). Qui, en gags potaches, fait un remake post-godardien de la sortie des usines Lumière, joue le rôle du cinéaste Goupil auteur de Fermeture pour travaux, interviewé par une ex devenue journaliste télé pressée. Le film ne tient pas l’affiche, il est remplacé par une superproduction: A Good Movie de Roman Godpil. Autant de mises en scène, de mises en boîte. (...)
Mais la dérision, la nostalgie, le désenchantement, le quant-à-soi, l’individualisme domestique et autres fruits de saison ont tôt ou tard le souffle coupé. Le frivole et le grave, larrons en foire, font la paire. Goupil cite Gorbatchev disant à Munich: "Le paradis c'est ici ".
Dans une rue de Moscou, le cinéaste filme les files de gens qui vendent tout ce qu'ils peuvent, une femme l'interpelle : " Vous nous envoyez vos stocks et vous venez filmer." Sur le quai du métro Concorde, où les nouveaux bancs design ne sont pas faits pour les amoureux et les clochards. Goupil debout dénonce " les enculés, les nouveaux beaufs " qui " parlent des droits de l'homme dons des tags impeccables ". La force de ce film c’est qu’il ne déconne jamais. (...) "
" Très en dehors des sentiers battus du cinéma commercial, Goupil, à la demande de cette " L " qui fut
" Très en dehors des sentiers battus du cinéma commercial, Goupil, à la demande de cette " L " qui fut son premier amour et est aujourd’hui très malade, tente de faire enfin " un film bien ".
Qu’est-ce qu'un film bien ? Cette Lettre à L., n’est peut-être pas la bonne réponse, qui ressemble davantage à une errance, une interrogation, une tentative de constat du monde, décousue, maladroite, qu’à un " vrai film " " bien fait " (l’horreur, de toute façon, pour le metteur en scène). Mais c’est tout de même un film bien... attachant parce que sincère dans sa recherche de notre vérité.
Goupil, qui se met en scène, et filme au gré de ses voyages et de ses souvenirs plusieurs " L." est allé de Moscou à Gaza, de Berlin à Sarajevo, à la rencontre des gens. B commentées : images à cette " L " restée à Paris, puis hospitalisée, que l’on voit du temps qu’elle était jeune, dans l'évocation de la période d’amour fou, et qui se réincarne en quelques jeunes femmes d’aujourd’hui rencontrées pour le film. Il y a des scènes d’amour et des séquences dans les quatre coins d’un monde malade, lui aussi. 1l y a la peur à Gaza, les cimetières de Sarajevo, il y a le sang, l'indifférence et cette sombre résignation de ceux qui, sur place, ne tiennent pas vraiment à exposer leurs problèmes, sentant bien que le cinéaste, l’étranger, les laisse bien seuls, derrière la manipulation de l'image.
C’est ce mélange, ces moments de bonheur et ces constats d’horreur, qui fait le prix de ce film à l’évidence inspiré par Godard qui est d'ailleurs explicitement cité. Un film pour dire une histoire, d’amour dans notre Histoire. Avec des images terribles et une envie, tout de même, de rêve. "
" (...) Mais qu'est-ce qu'un film bien ? Jusque-là, Goupil (La Java des ombres, Maman) illustrait la question sans
" (...) Mais qu'est-ce qu'un film bien ? Jusque-là, Goupil (La Java des ombres, Maman) illustrait la question sans jamais se la poser. Il servait sa génération, armée perdue, qui - du suicide au terrorisme - vit basculer ses vues. Comme dans Mourir à 30 ans, l'ex-trotskiste brasse les archives, le reportage, la fiction, visite ses utopies, embaume ses illusions. Quelquefois, l'image se raye : " J'ai pris le parti de l'écorcher. Ras le bol du ciné cliniquement purifié ! ".
" Est-ce que notre histoire était bien ? " demande-t-il. En tout cas, elle semblait drôle, intense, fébrile. Assistant de JLG sur Sauve qui peut (la vie), Goupil bricole du Godard malicieux : " Si j'avais une ambition, ce serait sans doute la sienne : ne jamais cesser de chercher. " Françoise Prenant, monteuse (et comédienne dans Une femme en Afrique, de Raymond Depardon), incarne L. ; Goupil, lui, se charge de lui-même. "Déjà que je lance aux gens : "Je vous emmerde !" La moindre des choses, c'est qu'ils puissent me répondre : "Nous aussi, mon vieux." " Car, en racontant son histoire, une histoire d'amour, Goupil se heurte à l'Histoire, qui rend lâche et sourd.
Il dérive dans un hôpital de Moscou, où le communisme n'a plus de lit. Hante un Berlin démuré. Ecoute la leçon de cinéma d'un Palestinien de Gaza : " Avant d'enregistrer ta première image, prends la mesure de ce qui se passe. " Il marque un temps et souffle : " Peut-être qu'il faudrait filmer le moins longtemps possible. " (...)
Il gagne Sarajevo, "où l'on ignore son sort. Où l'étreinte et l'engueulade se vivent plus fort ". Ici, la seconde vaut la seconde. " Un soir, Alenka Mandic, la L. de Sarajevo [L., l'éternelle, change à chaque pays], a brisé son miroir. Machinalement, je lui ai promis sept ans de malheur. Elle a souri : "Quelle merveille ! Tu dis que, dans sept ans, je serai toujours en vie..." ". (...) "
"C'est ce miroir bleu-gris de la télévision que ce film, cessant d'être pensant, ce film devenu passionnant
"C'est ce miroir bleu-gris de la télévision que ce film, cessant d'être pensant, ce film devenu passionnant, crève pour trouver sa vérité. Non plus lettre à L..., non plus journal pour soi, mais film à voir par tous. Non pas film humanitaire, ni même film humaniste, mais film humain. Non plus l'oeil froid de la machine médiatique, mais le regard d'un type agaçant, déroutant, tour à tour suffisant et insuffisant, qui à la fin frime au milieu des Casques bleus, mais frime sous la mitraille. C'est le regard d'un pauvre auteur devenu reporter par rage ou par dépit, d'un type qui « y va », qui va voir là où rien ne va plus, et où ça vit encore pourtant. L... va mourir, Sarajevo se meurt, nous ne nous sentons pas très bien. Que faire ? Le film de Goupil ne répond pas, et pourtant il nous parle. Ses images les plus terribles posent un peu plus la question. C'est aussi cela, le travail du cinéma."
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