Disparition du critique Jacques Siclier
Il a longtemps été une signature incontournable de la critique française, rédigeant ses notes pour Télérama ou Le1
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Alors que la police est à ses trousses, Pépé le Moko, dangereux chef de bande, tombe amoureux de la belle Gaby dans la casbah d'Alger.
Pépé le Moko, célèbre et dangereux chef d'une bande de malfaiteurs, se cache quelque part dans la casbah d'Alger. Menée par l'inspecteur Slimane, la police est à sa recherche. Lorsque Pépé fait la rencontre de la magnifique Gaby, il en tombe éperdument amoureux et décide de fuir avec elle... Après "La Bandera" et "La Belle équipe", Duvivier retrouvait Gabin et forgeait son mythe.
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" Avec sa poésie crapuleuse et son romantisme populiste, Pépé le Moko est une légende. Imbibé des cl
" Avec sa poésie crapuleuse et son romantisme populiste, Pépé le Moko est une légende. Imbibé des clichés de la littérature d'avant-guerre – ces romans des bas-fonds de Carco et de Mac Orlan, où déracinés à la dérive, hors-la-loi à poisse et à cafard entrevoient par l'amour le mirage d'une régénération avant de succomber aux fatalités de l'échec –, il s'est imposé au fil des ans comme un classique, le fleuron d'un style du clair-obscur désenchanté dans lequel excella également Marcel Carné. C'est un pan de l'imaginaire des années 30 qui s'est imprimé dans ce polar aux décors exotiques de convention. L'aveuglement colonial est trahi par la peinture d'une casbah infernale, entièrement reconstituée en studio. Le folklore parigot est flatté par une rengaine de Fréhel (« Où est-il, mon moulin d'la place Blanche, mon tabac et le bistrot du coin ? »)..."
Nagel Miller« … Tous ces mouvements à la fois descriptifs et narratifs servent également à mettre en scèn
« … Tous ces mouvements à la fois descriptifs et narratifs servent également à mettre en scène l'activité fébrile des personnages et la gestuelle des acteurs : il suffit de prêter un peu d'attention aux mimiques de Slimane, aux gestes de mains de Régis et de Pépé. Dans tous les plans de Pépé, Gabin fait un geste, il soupèse une pierre précieuse, la frotte sur sa manche, pointe du doigt ses interlocuteurs, etc.
D'où la force et l'intensité des rares moments de ruptures, celle du long plan fixe sur la chanson de Tania, ou au contraire, celle du mouvement d'accompagnement de tous les gestes de Pépé lorsqu'il interroge l'Arbi, filmés en continuité absolue.
Cette intervention constante de la narration se produit également au niveau de la bande sonore. Les accents musicaux de Vincent Scotto et Momhamed Yguerbouchen enchaînent sans nul doute les clichés orientalistes possibles mais ils conditionnent chaque réaction émotive du spectateur, s'allient aux bruits d'ambianc des rues, aux brouhahas de consonnance arabe, aux mélopées islamiques afin de créer cette moiteur fantasmatique que le spectateur français des années trente considère comme la référence ultime de l'exotisme. Les formules parisiennes d'Henri Jeanson, les sentences précieuses de Saturnin Fabre sont ainsi submergées par des flots sonores d'Algérie coloniale vue de Montmartre.
Là encore, les moments forts interviennent sur des contrastes : on retiendra l'audace de la mise en scène qui après une partie de belote dont les répliques parodient délibérément Pagnol, interrompt arbitrairement la bande sonore pour venir recadrer l'angoisse et la panique terrorisée de Régis lors de son interrogatoire, reprend sur des halètements et enchaîne sur le rythme endiablé du piano mécanique (…)
Quant à toute la séquence finale, elle ne doit plus rien au dialogue. Elle associe musique, fondu enchaîné et usage de la transparence pour littéralement représenter sur l'écran la descente hallucinée de Pépé vers le port et la mort. Il ne pourra plus que crier le prénom de l'instrument du destin manipulé par Slimane, cri recouvert en surimpression sonore par les accents stridents de la sirène du "Ville d'Oran". On comprend aisément la fascination qu'exerça Pépé sur toute une génération de spectateurs... »
« Pépé le Moko, c'est l'installation officielle dans le cinéma français d'avant-guerre d
« Pépé le Moko, c'est l'installation officielle dans le cinéma français d'avant-guerre du romantisme des êtres en marge, de la mythologie de l'échec. Les personnages sont tous des asociaux, même Gaby, type de ce qu'on appelait alors, « la poule de luxe ». Les policiers sont des agents du destin. Pépé, mauvais garçons régénéré par l'amour, berce avec Gaby, sa nostalgie de Paris en évoquant Pigalle et le métro comme dans les chansons réalistes à la mode. Et Tania, cette Piaf avachie, déplumée, échouée dans la Casbah, pleure en s'écoutant chanter sur un disque « Où est-il mon moulin de la place Blanche ? ». C'est de la poésie populiste à fleur de peau... »
« S'inspirant avec adresse quant au fond et quant à la forme, des films de gangsters américains, de leur roman
« S'inspirant avec adresse quant au fond et quant à la forme, des films de gangsters américains, de leur romantisme de la pègre, des mauvais garçons et des mauvais lieux, Duvivier trouve son originalité en sacrifiant délibérément le côté « action » au profit de la peinture d'un milieu, la Casbah, et d'un personnage d'homme traqué, se souvenant soudain de sa jeunesse et risquant sa vie et sa liberté pour la retrouver. L'inspecteur indigène Slimane devient un étonnant meneur de jeu, sans trop pencher du côté des personnifications du destin carno-prevertiennes. Sans littérature, d'un rythme sûr, solide, souple, le drame est mené avec une belle maîtrise, fortement concentré dans le temps et dans l'espace : pendant moins de 48 heures, sur quelques arpents de ville d'Alger, cette question se pose : Pépé tombera-t-il dans les pièges de Slimane ? Ou plutôt : comment Pépé tombera-t-il ? »
René Gilson, juillet-aout 1958« L'intétêt du film résiderait-il dans sa naïveté dont la principale conséquence est
« L'intétêt du film résiderait-il dans sa naïveté dont la principale conséquence est l'outrance du stéréotype, donc son annulation ?
Pour faire populaire, Duvivier et ses collaborateurs voulaient faire naïf. Et pourtant dans ce film tout est faux : la Casbah est fausse, les personnages aussi, le langage parlé récrit par Jeanson serait inaudible sans l'intonation des acteurs, l'action est tellement invraisemblable qu'elle en devient épique.
C'est finalement l'univers du photo-roman, avec ses encrassages idéologiques et ses éllipses, étonnantes. Devant de tels films, les spectateurs d'ailleurs disaient « Ça, c'est du cinéma ! » On y retrouve tous les fantasmes d'une époque et l'absence totale de complexe du cinéaste pour faire accepter sa marchandise par le public. »
Ciné Phil au sujet de
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