" Moins frivole et confiante qu’une BB. pleinement consciente de ses charmes, plus douce qu’un personnage implacable de tragédie grecque, la charmante jeune fille au caractère dejà bien trempé fait comme elle peut pour avancer dans la vie et se trouver. Sa quête initiatique commence au sein de ce nouveau lycée dont elle devra tâcher pour une fois de ne pas se faire expulser pour contenter ses parents, cela va sans dire, mais avant tout, même si elle ne le sait pas encore, elle-même.
Dans ce très joli conte moderne, d’autant plus touchant et juste que la caméra de Charles Belmont ne semble jamais comme il aime à dire "installée" et que le jeu et le texte de sa propre fille, délicieuse Salomé Blechmans, actrice-auteure bourrée de talent, parviennent à nous immerger dans un monde d’immédiateté, les tensions desservent l’écoulement de la vie.
Tensions qui ne sont pas seulement créées par la difficulté de Bébé à se plier aux règles familiales, académiques, à comprendre ce qu’elle ressent vraiment pour Simo, à l'agression qu’elle subit un soir en discothèque, mais surtout par "ce qui [est] montré, et ce qui [est] dit par la voix intérieure", reflets des états d'âmes de Bethsabee, ainsi que par la relation conflictuelle quelle entretient avec son grand frère. Le jeune homme semble tellement à des kilomètres de son besoin de quiétude, de son goût pour l’ecriture et de ses rêves, que seule la mort d’un proche paraît pouvoir les rapprocher. Et pourtant, la fratrie a plus de porosité qu’elle ne le pense, En chacun d’eux, il y a ce bout de femme et ce bout d’homme qui ne demandent qu'à jaillir, à s’exprimer, quand bien même le frère reste beaucoup plus en retrait que sa sœur. Contraires et consubstantiels, Charles Belmont nous donne a voir, à ressentir, un même individu, côte face et côte pile, tiraillé et porté par ses mulptiples et magnifiques facettes. On ne se lasse pas de se coucher et de se réveiller avec ces acteurs pour la pupart non professionnels et criants de vérité, Bethsabée, en tête, mais aussi ses amies, qui sont celles de Salomé dans la vie. On ne regarde pas cette famille évoluer dans la vie, on en fait partie..."
Laure Moscoso