Yeo-jin, une adolescente, vit seule avec son père veuf, un policier. Quand elle n’est pas à l’école, elle aide sa meilleure amie, Jae-young, qui se prostitue, à gérer sa clientèle. Le but étant pour les deux jeunes filles de réunir assez d’argent pour pouvoir s’offrir un voyage en Europe. Mais Jae-young s’attache facilement aux hommes qu’elle rencontre, ce qui ne semble pas plaire du tout à Yeo-jin. Un jour, Jae-young et un de ses clients sont surpris par la police dans un hôtel de passe. Plutôt que de se faire arrêter, Jae-young saute par la fenêtre et se blesse gravement. Emmenée d’urgence à l’hôpital, Jae-young demande à Yeo-jin de retrouver un des clients dont elle est tombée amoureuse...
Cinéaste de la violence extrême - des corps meurtris, des relations sociales... - et créateur boulimique, Kim Ki-duk livre son plus beau long-métrage - avec Address Unknown et Printemps, été, automne, hiver... et printemps. Son sujet d'étude, qu'il scrute et dissèque comme un animal de laboratoire, est une adolescente rieuse, Yeo-Jin, qui fait le guet quand sa copine de classe fait la putain. Et qui croit mourir quand ladite copine tombe d'une fenêtre après une passe. A travers la dérive de cette jeune fille, Kim filme la mécanique du désespoir en marche, qui fabrique de la violence à foison - le papa de Yeo va traquer un ou deux pédophiles et se venger sur eux. Avec cette inoubliable chronique adolescente, le Coréen ajoute des larmes, mais aussi quelques grammes d'espoir à sa magnifique toile infernale, entamée il y a dix ans déjà.
Arnaud Malherbe
Télérama
Nouvelle coqueluche du cinéma asiatique, le Coréen Kim Ki-duk n'hésite pas à jouer avec le feu. Sexe tabou, culpabilité, rédemption ou damna...
Nouvelle coqueluche du cinéma asiatique, le Coréen Kim Ki-duk n'hésite pas à jouer avec le feu. Sexe tabou, culpabilité, rédemption ou damnation, son film fonce droit dans une zone minée. L'art est d'esquiver les pièges. Celui du voyeurisme, par exemple, qui n'entache pas ce portrait de deux adolescentes embarquées dans un trafic avec de généreux messieurs. C'est de la prostitution sordide, mais ces lolitas rêveuses ne semblent pas le réaliser. Pour Jae-young, qui se vend, il s'agirait plutôt d'amour, d'un don réciproque. Pour Yeo-jin, qui tient les comptes, tout se rattache à un rêve : partir en Europe. Kim Ki-duk est du côté de ses héroïnes. Son film est plein d'une douceur presque surnaturelle, troublante. Quand Jae-young va être arrêtée par la police, elle saute dans le vide en souriant. Morte, elle sourit encore. Sa douceur résiste à tout. Ce mélange de grâce enfantine et de cruauté crée un univers étrange, bercé par un air de piano tendre et éclaboussé de sang. Quand le père de Yeo-jin entre en scène, tenir cette note devient plus difficile : cet homme vengeur est un flic, qui joue du poing comme dans un film d'action. Tout ne sera pourtant pas si vite résolu : avec un certain sens de l'équilibrisme, Samaria ne bascule ni dans le mélo ni dans le règlement de comptes moraliste. Le film termine dans un no man's land, décor parfait pour une histoire qui refuse les repères et joue sur l'indéfinissable. Son propos est en partie indécidable, même s'il est d'abord question de la difficulté de quitter l'enfance. C'est dit avec presque trop de retenue. Mais dans une atmosphère entêtante.
Frédéric Strauss
Les Inrockuptibles
Troisième film de Kim Ki-duk (L'Ile, Printemps, été, automne, hiver...) distribué cette année, Samaria démontre encore la versatilité de ce...
Troisième film de Kim Ki-duk (L'Ile, Printemps, été, automne, hiver...) distribué cette année, Samaria démontre encore la versatilité de ce cinéaste coréen, qui reste néanmoins fidèle au couple Eros et Thanatos. Moraliste, certes, Kim Ki-duk aspire à la pureté tout en imaginant des tragédies frôlant le scabreux. Ici, une lycéenne devient la maquerelle d'une condisciple qui fait des passes pour leur payer des vacances. Romanesque oblige, ça finit très mal... Mais peu importe le sujet. Ce qui sidère, c'est la faculté du récit à prendre régulièrement des bifurcations à 180° qu'on croirait presque improvisées. Pure illusion, qui témoigne de l'extrême liberté narrative de Kim Ki-duk. Evidemment, le film s'essouffle à courir derrière un scénario aussi rocambolesque. Alors Kim Ki-duk met les bouchées doubles et se résout à des approximations soit lourdes (plans suggestifs trop appuyés, style BD), soit bluffantes (ellipses habiles). Sans être radical, Samaria est émaillé d'éclats de grâce.
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