Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
Dans les années 1950, une jeune homme introverti et un médecin adepte de la lobotomie et des électrochocs rencontrent un guérisseur français et sa fille.
Etats-Unis, années 1950. Andy, 20 ans, vit avec un père élégant, mais froid. Il n'est pas autorisé à voir sa mère depuis qu'elle est internée. Le jeune homme est timide et peine à séduire. Il finit par rencontrer un ami de son père, le docteur Wallace Fiennes qui l'invite dans sa tournée des asiles psychiatriques de Californie. Sur place, il prend des photos de ses patients...
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
"Cinéaste indépendant, auteur de plusieurs longs métrages confidentiels, Rick Alverson est à l’origine un musicien, membre du groupe Spoken
"Cinéaste indépendant, auteur de plusieurs longs métrages confidentiels, Rick Alverson est à l’origine un musicien, membre du groupe Spoken et plus récemment Lean Years, une sorte de low folk un peu dark dans le sillage des meilleures productions de Drag city. Cette appartenance à une musique dépressive et planante rappelant le meilleur de Dakota Suite et The album leaf, imprègne les premières images de The mountain: une odyssée américaine, une œuvre étrange et atypique bercée par une rythmique un rien apathique engourdissant nos sens. La progression narrative au ralenti évoque les longues plages hypnotiques exécutées par ces groupes cultes comme Labradford, Pan american ou Godspeed your black emperor. Il est nécessaire de se laisser aller, de ne pas chercher à tout saisir, mais de lâcher prise.
Pour Rick Alverson le cinéma est avant tout un voyage intérieur, une mini symphonie introspective entièrement dévouée au ressenti, incitant à accepter une dérive au cœur de l’Americana des années 50. Le récit se dévoile sous nos yeux par petites touches impressionnistes. Andy, un jeune homme introverti, perd son père victime d’une crise cardiaque. Un homme étrange se présente à lui, le Docteur Wallace Fiennes, qui prétend bien connaitre sa mère, internée en hôpital psychiatrique. En réalité, Fiennes est un médecin excentrique, adepte des méthodes controversées de lobotomie. Andy accepte de l’accompagner en photographiant ses expériences. Durant ce road movie étouffant à travers l’Oregon, se rapprochant de plus en plus des malades, Andy va assister à l’effritement de son monde intérieur en même temps qu’à l’effondrement de la carrière du médecin.
De ce sujet délicat et polémique, Rick Alverson déjoue nos attentes, ne propose aucunement une critique des dérives de la science, laissant le spectateur libre d’interpréter, à travers les yeux du jeune Andy, une histoire absurde, aux confins de la folie, parfois absconse dans ses intentions.
Les premiers plans ne mentent pas sur la nature du film, au risque d’agacer par cette propension hautaine d’afficher son caractère insolite. Le format carré, les longs plans fixes baignant dans des couleurs ternes, le recours à une scénographie précieuse immobilisant les personnages, se déploient non comme une prose prétentieuse, mais comme une vision du monde singulière, observant des personnages prisonniers d’un pays schizophrène qui ne sait plus très bien où se trouve la normalité. Le film peut se lire comme la métaphore sur d’une société dirigée par de dangereux malades souhaitant annihiler la personnalité de chacun. Rick Alverson crée un climat trouble générant une ambiguïté contagieuse traversant tout le métrage. Le docteur est-il un illuminé dangereux ou juste un homme poursuivant une quête sincère mais dénuée de sens? La rencontre avec une sorte de guérisseur jette un peu plus le trouble au point de nous égarer et nous faire perdre quelque peu le sens du film lui-même.
En apparence, The mountain surexpose son ambition de s’écarter des conventions, et de remplir le cahier des charges nécessaire à sa sélection dans des festivals indépendants à la Sundance. La présence de Denis Lavant, déversant son hallucinante logorrhée de cinq minutes ininterrompue, en franglais le confirmerait. Comme cette volonté de nous perdre dans un récit distancié ne cherchant aucune adhésion émotionnelle. Mais en grattant sous la surface, l’émotion surgit à l’improviste, à l’image de cette scène de sexe magnifique entre Andy et une future victime du zélé docteur. Au cœur d’un monde mortifère, la vie règne encore, par le sexe et peut-être le désir. La chaleur, la vie.
Construit comme une succession de tableaux inspirés des travaux de Edward Hopper, The mountain se perd parfois dans son formalisme outré mais parvient à dégager du sensible par intermittence. Le jeu effacé de Tye Sheridan, figure zombiesque, est contrebalancé par la prestation extraordinaire de Jeff Goldblum, comédien unique, qui transmet comme personne son idéalisme irraisonné aux frontières de la folie – et en plus, pour la mauvaise cause. Au milieu d’acteur figés, parfaitement intégrés dans le cadre, tels des objets fusionnant avec le décor, lui, s’agite comme un danseur, parle avec une passion communicative, injecte de l’humanité à l’homme qui mutile ses patients de leur humanité. Curieux paradoxe pour ce film imparfait, irritant et totalement hors norme. Mais qui parvient à hypnotiser comme un album de post rock, irrigué pas ses longues plages atmosphériques."
"Il était temps. The Mountain, cinquième long métrage de Rick Alverson, est le premier à sortir en salles en France, après quatre films rest
"Il était temps. The Mountain, cinquième long métrage de Rick Alverson, est le premier à sortir en salles en France, après quatre films restés inédits encore à découvrir, films très moroses et très marquants. Chaque titre est en trompe-l’œil : The Comedy (2012) est autant une comédie qu’Entertainment (2015) un bon divertissement. On ne peut pas même assurer qu’il y ait une montagne dans The Mountain. Univers amorphe à l’humour bizarre et inepte, le cinéma d’Alverson se résume à une forme de tautologie contrariée qui se réfute elle-même. Ceci est et n’est pas une montagne, le monde est un désert arpenté d’une vaste densité où des corps mous, comme là Tim Heidecker, ou souples comme ici Jeff Goldblum, pèsent de toute leur force d’inertie, mais d’une inertie faible en fait. «Laisse-moi te raconter mon rêve. - Tu as déjà commencé.»
Un père meurt, foudroyé d’une crise cardiaque sur la patinoire. Après les funérailles, Andy, le fils (Tye Sheridan), la vingtaine, est approché par un homme aussi impressionnant qu’il est de grande taille, Dr. Wallace Fiennes (Goldblum), neurologue qui a soigné la mère d’Andy, disparue dans le dédale d’on ne sait quel asile d’aliénés. Fiennes propose à l’orphelin de prendre la route à ses côtés, sorte de charlatan moderne ambulant, dans la tournée d’hôpitaux psychiatriques où il administre des lobotomies et des électrochocs, avec une préférence marquée pour la leucotomie transorbitale, qu’il exécute à la chaîne, ses mains précises, immaculées, maniant le pic à glace enfoncé sous les paupières des sujets. Une pratique un temps phare pour mater épouses et filles indociles, mais la pharmacologie va bientôt se substituer au pic à glace dans la mise en conformité des âmes maudites. Andy l’assistant photographie les actes médicaux, Fiennes pose pour la postérité. Nous sommes dans les années 50 (le film est inspiré d’un personnage réel), sur les routes mornes du nord d’une Amérique automnale et en berne, où Andy voit en chaque femme sa mère perdue, chambre après chambre d’hôpital.
Avenant comme une porte de prison, aussi souriant qu’un hérisson sous Xanax, le cinéma de Rick Alverson subjugue et révulse. S’il peut rebuter et ne pas convaincre certains (il ne s’en prive pas), il ne peut pas nous convaincre sans rebuter ; c’est le principe de son jeu rébarbatif, dont il sait qu’il sort perdant. Parons-le d’autres séductions : pour peu que l’on s’accorde à trouver déprimants et déprimés la musique de Will Oldham ou d’Angel Olsen, l’humour trash triple idiot de Tim and Eric ou d’Andy Kaufmann, les photographies de William Eggleston ou les films d’Aki Kaurismäki comme recoloriés par un Bergman tardif, The Mountain ne dépaysera personne.
«Dépaysement» est le mot qui convient d’ailleurs à un cinéma qui (se) défile, au gré de la traversée, et se vide de la moindre trace d’un pays qui n’existe pas, cette utopie qu’est l’Amérique, au même rythme que les lobotomies, que le désert, le déclin et la fatigue. Effacer du pays la fausse mémoire incrustée et inventer un autre territoire, intime, malade, souffrant, avec sa propre montagne à gravir et son propre vide où se précipiter. Ainsi le film avance par seuils et par épreuves exsangues. Il teste chez son spectateur le «seuil de tolérance» – au formalisme, à l’apathie, à la provoc et au non-sens.
On franchit des seuils dans le malaise, dans ce que l’on tolère de cette virée vers rien. Certains ne supportent pas, bien. On se compte parmi ceux sur qui le charme infuse et prend, et c’est une surprise. Le film nous cueille, de quelle façon exactement, on n’est pas sûr, lentement et malgré certaines préventions contre un tel cinéma qui s’examine, et qui nous laisse, comme ses protagonistes, un peu stupide. On peut parler d’art alversonien de faire la gueule, taciturne au dernier degré, de ne rien faire sinon se tenir là, burlesque minimaliste, spectateur planté, absorbé, ignorant jusqu’à son désir polymorphe. Quentin Dupieux, c’est De Funès à côté. L’art de tirer la gueule et aussi celui de tirer le portrait. Par les yeux d’Andy, l’apprenti photographe machinal, tout le monde semble fou. C’est l’état général du film, si bien que la folie se révèle une condition d’être comme une autre, normalité alternative.
The Mountain, secoué d’un rire comme d’un frisson, est doté de l’humour des terreurs muettes, caractéristique des films d’Alverson, aux confins de la raison et de la maladie mentale, de la dépression. C’est le même rire de néant et de clown triste qu’un Beckett, la même pantomime maniaque, raide et démaquillée. Au bout du voyage, Denis Lavant en gargouille bavarde vient surligner le cirque, numéro simiesque en continuateur des clowns crados aux grimaces méchantes, minables et puissantes, qui jalonnent The Comedy ou Entertainment.
Il y a ce coin de mur à un certain moment, pris en photo par Andy dans un flash au magnésium. Plan magnifique de surprise, amorce de sa crise de fureur. Moment subreptice où le film ouvre une brèche éclair dans son univers cadré au millimètre mais intégralement ébréché et en ruine. Or, ce plan parasite qui surgit ouvre à une folie nouvelle qui relance le film, celle d’Andy face à son destin, éperdu d’amour hébété.
Il n’est pas fortuit qu’Alverson soit aussi musicien. Ça permet ce minimalisme investi de nappes ambient et des stridences sonores, tel un cousin de Lynch qui aurait conçu dans Twin Peaks : The Return un Dougie sans donut. C’est un univers d’acteurs époustouflants, de corps corsetés, déliés ou massifs, qui se posent là comme s’ils prenaient racine. Il n’y a pas de sentiment apparent, sinon la réaction conditionnée aux paupières enflées, et puis, lobotomie oblige, un amour fou végétatif. Mais il y a une vraie émotion de se perdre. C’est toujours surprenant, Alverson et sa façon de filmer «entre», les moments de presque rien dans les coins, entre les actes. The Mountain déroule son programme somnambule et sa déficience revendiquée. Et il y a des vraies trouvailles dans ce cinéma de la maladie mentale et d’effarement lent. L’existence se borne à une succession imprévisible de questions en suspens. Cela donne ce film à la beauté ingrate qui nous éclaire mieux, comme les lampes Mazda des flashs consumés, sur les spectateurs livides que nous sommes."
"Après avoir bâti sa réputation sur des comédies toutes plus noires les unes que les autres, Rick Alverson s’aventure en terres grisonnantes
"Après avoir bâti sa réputation sur des comédies toutes plus noires les unes que les autres, Rick Alverson s’aventure en terres grisonnantes avec le troublant The Mountain. Tableau craquelé hanté par une vague humanité, il porte un regard sombre sur l’âge d’or d’une Amérique conservationniste… voire obscurantiste.
Protagoniste charismatique en diable, Jeff Goldblum livre une performance digne des plus grands David Lynch. Pervers paumé à la chevelure argentée, il fascine par sa nonchalance autant qu’il révulse par son inconscience. Et si peu d’acteurs pourraient se mesurer à une telle performance, l’économie colossale du jeu de Tye Sheridan est le pendant idéal à autant de grandiloquence. Quant à Denis Lavant, ses monologues et autres gesticulations cauchemardesques apportent au dernier acte de The Mountain suffisamment d’onirisme pour qu’il soit inoubliable.
Le scénario est néanmoins si tortueux qu’il serait facile — voire compréhensible — de rester imperméable au discours d’un réalisateur flirtant avec l’élitisme… ou du moins l’exigence. Soit le charme opère et les yeux s’écarquillent ou la salle se vide… The Moutain ne fait pas dans la demie mesure ! Interrogeant jusqu’à la notion de folie, cet anti-film intelligemment froid réussit à rendre regardable l’irregardable. Brutalement efficace dans sa méticuleuse destruction de nos êtres, il est de ces tours de force désormais trop rares au cinéma. À quand la suite ?"
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE