1952/1961 : Kawalerowicz, les premiers films
Dans toute filmographie, on peut distinguer des étapes. Celle de Kawalerowicz peut aussi être lue en fonction de...
Une place dans un wagon-lit pour Varsovie, achetée à la sauvette, lie d’une manière inattendue une jeune femme et un homme. Un crime est perpétré dans le train.
Une place dans un wagon-lit à destination de Varsovie achetée à la sauvette lie d’une manière inattendue une jeune femme et un homme. Martha cherche à rompre tandis que Jerzy, chirurgien, est bouleversé par la mort d’une adolescente sur sa table d’opération. La nouvelle d’un meurtre et de la présence de l’assassin dans le train vont venir troubler leur voyage…
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" ... Ce qui parut à l'époque une œuvre mineure, est devenu, en dernière analyse, un classique du cin&e
" ... Ce qui parut à l'époque une œuvre mineure, est devenu, en dernière analyse, un classique du cinéma européen, l'une des réalisations les plus remarquables des années cinquante. Comme à son habitude, Kawalerowicz suivait son propre chemin. Le récit de Train de nuit lui imposa, en matière d'espace, de définition des personnages et d'événements dramatiques, des contraintes sévères qui exigèrent du cinéaste une virtuosité, comparable à celle que requiert la composition d'un concerto pour la main gauche.
A bord d'un train de nuit quittant une grande ville à destination d'une station balnéaire, se trouve une grande variété de passagers: un vieil avocat et sa jeune épouse, un prêtre qui emmène un groupe de femmes âgées en pèlerinage, un insomniaque traumatisé par la guerre, un employé des chemins de fer qui flirte avec la contrôleuse. Une femme (Lucyna Winnicka) et un homme (Leon Niemczyk) se trouvent partager un compartiment par erreur. Ils font tous deux grise mine et semblent mécontents d'être voisins durant ce voyage. Chacun d'eux paraît fuir quelque chose (...) Tous ces personnages participent à un jeu trouble et il est impossible de déterminer précisément ce qui se trame entre ces hommes et cette femme ou encore entre les protagonistes d'événements épisodiques se déroulant dans d'autres compartiments.
Les rapports entre les gens sont à peine ébauchés; des choses s'amorcent mais ne trouvent jamais de conclusion certaine. A l'aube, la monotonie du voyage est rompue lorsque le train est arrêté par la police qui recherche un meurtrier en fuite. Quand celui-ci est découvert, les passagers se joignent à la police dans une brève course poursuite (...)
La discontinuité du film est peut-être une métaphore mais sa nature n'est pas évidente. Les événements fragmentés sont semblables à ceux que l'on peut glaner lors d'un simple voyage, à l'exception de la recherche du meurtrier par la police. La personnalité des protagonistes, à peine esquissée, les transforme en stéréotypes: leurs rapports restent superficiels. Le récit de ce voyage ne nous apprend rien de nouveau. Les personnages principaux eux-mêmes n'ont pas apporté la moindre explication.
Pourtant, cette histoire fragile, peu claire et squelettique est un spectacle cinématographique à couper le souffle et plein de significations.
A travers l'environnement spatial, le rythme, l'éclairage, bref la mise en scène, Kawalerowicz se place avec ce film parmi les grands réalisateurs européens. Il doit en cela beaucoup à Jan Laskowski, son chef opérateur, dont la caméra en mouvement constant donne l'impression que le film va déborder à tout moment des intérieurs étroits des compartiments et des couloirs. Il a régulièrement recours au contrepoint, sous la forme du paysage apparaissant par éclairs derrière la fenêtre, en opposition avec la réalité statique de l'intérieur qui, à son tour, amplifie le rythme des portes de compartiment qui s'ouvrent et se ferment avec la régularité d'un métronome, le rythme des visages qui surgissent et disparaissent, le rythme des gares qui se succèdent.
Tout cela s'interrompt lors de la chasse au meurtrier. L'espace et le rythme changent de nature tandis que les passagers participent à une réalité différente. Cependant, le train, comme le film, retrouve son rythme régulier qui se poursuit jusqu'à l'apparition d'une plage vide derrière les fenêtres.
Le film s'ouvre dans une atmosphère d'espoir, d'aventure, d'attente d'un événement extraordinaire et pourtant, le voyage n'apporte que déception et contrariété (...) On est amené à interpréter le voyage en train comme étant le voyage de la vie, du destin, dans lequel les buts ne sont pas précis et le voyage jamais définitif. Il y a bien ici ou là une étincelle d'action ou de réaction humaine, puis c'est la plage vide, dernière image du film.
Aucun autre film n'a su—ou voulu—donner, comme celui-ci, l'impression de déboucher sur le néant : voyage et film ont ce dénouement que Gide voulait pour Les Faux-monnayeurs, non pas une conclusion mais un "'éparpillement", une expansion dans le vide»
Train de nuit se prête bien aux interprétations astucieuses. Si presque toutes les lectures du film sont marquées par le pessimisme, on note des nuances (...) tout cela, qui dégage l'impression d'un immense gaspillage de dons, d'occasions, de vertus, possède une beauté froide mais tenace, excitable. Ici tient sans doute le frêle espoir de l'œuvre: et si l'on ne gaspillait pas ?.
A la sortie de Train de nuit en Pologne, la plupart des critiques, encore sous l'emprise de ce qu'ils considéraient comme de grands thèmes nationaux, rejetèrent le film. On lui reprochait d'être banal, vide et prétentieux. Peu d'entre eux remarquèrent la nouveauté et la subtilité de ses thèmes, ainsi que sa réalisation magistrale."
" La poésie ferroviaire si elle a donné à la pire des littératures, doit au cinéma d'assez bell
" La poésie ferroviaire si elle a donné à la pire des littératures, doit au cinéma d'assez belles réussites. Du Shanghaï Express sternbergien aux transcontinentaux d'Hitchcock, bien des trains nous roulent dans la mémoire, qui furent les lieux privilégiés de la rencontre et de l'aventure. E nfait, cette poésie-là est de pure convention ; il semble même que le voyage en chemin de fer, de jour ou de nuit, soit un des aspects de la vie moderne qui concède le moins au hasard de l'événement. Kawalerowicz en est sans doute conscient, puisque son film est foncièrement irréaliste (...)
Précieux exercice de style, ces longs mouvements d'appareils artificieux, ces solutions trop élégamment dérobés aux fallacieux problèmes de la mise en scène en lieu clos, cette intrigue policière trop bien filée, où certains ont voulu voir l'hommage d'un étranger au réalisateur trop connu du Nord-Express. Mais n'est-ce pas là encore rechercher, et multiplier à plaisir les invraisemblances ?
Il n'y a que les esprits vraiment baroques pour se prendre au jeu de la règle des unités. Quelle merveilleuse unité que celle de lieu, quand elle pousse, au mépris de la plus internationale de règles de bonnes moeurs, à faire cohabiter pour une nuit un homme et une femme étrangers l'un à l'autre dans un étroit compartiment de wagons-lits !
Là, l'excercise de style s'efface devant un très pudique excercise de coeurs car il s'en faut que Kawalerowicz se borne à la préciosité de la réalisation, ou même à la tendresse un peu désabusée avec laquelle il s'attarde à caresser les beaux visages de Lucyna ou de Teresa Szmigielowna dans les reflets des glaces embuées. Lucyna est belle comme une héroïne antonionienne, dont elle a aussi les égarements d'esprit, et le flottement charmeur des sentiments.
Pour elle Kawalerowicz se départit de la haute rigueur morale, de la misanthropie distante avec laquelle il tire les ficelles de ses petits personnages unanimistes. Lorsque le train arrive au matin sur la plage au bord de la mer, pour Mucyna seule les événements de la nuit ont signifié plus qu'un simple fait divers : une aventure plus tôt dénouée qu’esquissée, la douloureuse virtualité d'un amour, un peu plus de tristesse et de solitude. Kawalerowicz arrive au bout de son film à l'heure du désenchantement et des larmes. Et ce n'est pas le côté le moins surprenant de cette oeuvre de dandy que de laisser un tel goût de cendre, et dans le yeux la couleur d'aube grise des diamants qui ont trop brillé."
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