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Le riche M. Vanderhof pense que l'argent ne fait pas le bonheur. C'est alors que sa petite-fille Alice tombe amoureuse de Tony Kirby, fils d'homme d'affaires...
Après avoir fait fortune, le vieux Vanderhof est devenu un sage en pensant que l'argent ne fait pas le bonheur. Il vit entouré de ses petits-enfants et de ses domestiques, pour le moins originaux. Mais voila que sa petite-fille Alice tombe amoureuse de Tony Kirby, le fils d'un homme d'affaires. Si Alice et Tony s'aiment, ce n'est pas le cas des Vanderhof et des Kirby, qui n'ont pas réellement la même conception de la vie.
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"On ne s’ennuie pas dans la famille Sycamore. La mère écrit des pièces farfelues, la fille passe ses journ&
"On ne s’ennuie pas dans la famille Sycamore. La mère écrit des pièces farfelues, la fille passe ses journées à danser en tutu, le père s’amuse à bricoler des feux d’artifice dans la cave, et le grand-père, qui ne jure que par son harmonica, vient de se fouler la cheville en se laissant glisser sur la rampe d’escalier, pour imiter sa petite-fille. Mais voilà que Kirby, grand homme d’affaires, entreprend d’exproprier les Sycamore afin d’installer l’une de ses usines dans le quartier. Et comme il se trouve que le fils Kirby (James Stewart), nettement plus fantaisiste que ses deux austères et riches parents, est bien décidé à épouser la fille Sycamore (Jean Arthur), les familles sont amenées à entrer en contact… et la rencontre est forcément explosive.
Réalisé en 1938, juste après L’Extravagant Mr Deeds, et juste avant Mr Smith au Sénat, Vous ne l’emporterez pas avec vous est à la fois en pleine cohérence avec l’idéalisme forcené développé par Capra tout au long des années 1930, et d’une pétillante originalité. Cette originalité, elle tient à la fois au caractère foisonnant des actions, des gags et des répliques, et à l’absence de personnage principal. Le choix de parler d’un groupe plutôt que d’un individu innove brillamment le goût des grandes valeurs humaines, si souvent exprimé par Capra. Il préfère ici au parcours linéaire d’un héros unique (Mr Deeds, Mr Smith ou John Doe) la multitude désordonnée et cocasse de personnages imprévisibles, et désamorce ainsi toute la lourdeur d’une éventuelle leçon de morale. Si identification il y a, c’est avec un esprit et une façon de vivre et de penser plutôt qu’avec un personnage unique – et ce simple glissement confère au film une légèreté éblouissante, dont les séquences larmoyantes que l’on a pu reprocher à Capra dans d’autres films sont définitivement exclues. La fable, comme souvent, dénonce les détenteurs du pouvoir et de l’argent, qui ont bâti leur vie sur d’égoïstes ambitions de réussite sociale, au mépris de bien des valeurs humaines, et aussi, sans aucun doute, d’une certaine fantaisie. Mais le propos est ici d’autant plus parlant que la forme même du récit invite au partage et à la générosité : il y a très peu de hiérarchie entre les personnages, et même l’histoire d’amour entre James Stewart et Jean Arthur (le couple-vedette de Mr Smith au Sénat) a moins d’importance que le tableau global d’une joyeuse petite troupe où chacun, à un moment où à l’autre, aura son mot à dire (ou à chanter, ou à crier).
Le film puise sa force comique et son incroyable énergie dans un principe simple : le plaisir de la transgression, le refus de toute forme de convention ou de conformisme. Rien n’est plus jubilatoire que les scènes de pure infraction aux codes sociaux ou aux règles de soi-disant savoir-vivre. Une bande de détenus qui se met à chanter et à jouer de l’harmonica derrière les barreaux, une jeune femme qui laisse distraitement échapper un hurlement dans un restaurant chic : autant de moments de pure drôlerie, qui décuplent le plaisir du spectateur en même temps que s’affirme, grandiose, le plaisir de personnages qui n’écoutent que leurs envies. La réussite du film tient sans doute à ce qu’il parvient à mobiliser des pulsions tout à fait partagées – et bien souvent très enfantines – mais souvent réprimées, et à les faire exploser au grand jour avec une élégance folle. Cette espèce d’ode à la fantaisie n’est d’ailleurs pas sans évoquer Holiday, que George Cukor réalisa la même année, et qui oppose également le monde austère de l’argent et du pouvoir à celui, magique, des grains de folie. Mais là où Holiday se laissait gagner par une certaine amertume, Vous ne l’emporterez pas avec vous, dans sa loufoquerie assumée et joyeuse, appartient plus clairement au genre de la « screwball comedy ». Lors de la scène du dîner au restaurant, les efforts de James Stewart pour cacher la pancarte suspendue au dos de sa promise, ne sont pas sans rappeler ceux de Cary Grant tentant de masquer la robe déchirée – et le derrière – de Katharine Hepburn dans L’Impossible Monsieur Bébé, qui date également de 1938 ; et les scènes où tout un microcosme se retrouve subitement derrière les barreaux sont également très proches dans les deux films.
La douce folie des héros de Vous ne l’emporterez pas avec vous est à la fois folie de langage, et folie de corps. Au tourbillon de répliques qui fusent, et à leur brillant franc-parler, répond le tourbillon d’acrobaties auxquelles se livrent, à des degrés divers, les membres de la famille Sycamore. Des pas de danse ininterrompus de la petite sœur en tutu (Ann Miller) à la séance de lutte improvisée, en passant par la danse « Big Apple » qu’une bande de gamins des rues apprend à Jean Arthur et James Stewart, le corps est sans cesse amené à s’exprimer, à s’affirmer. Il n’est d’ailleurs pas anodin que les moments de liberté corporelle soient presque systématiquement associés à la musique, qui est continuellement définie comme un espace idéal d’expression de soi. Ce n’est pas un hasard si, au début du film, un employé qui passe ses journées à additionner des chiffres admet du bout des lèvres qu’il préférerait consacrer son temps à fabriquer des « choses », et que ces choses qu’il fabrique sont en fait des boîtes à musique. L’effervescence sonore qui parcourt tout le film n’est pas seulement au service d’un climat foisonnant : elle contribue à faire de la musique un élément essentiel non seulement de l’épanouissement personnel, mais aussi du partage. La scène finale ne dit pas autre chose : ce n’est qu’en jouant ensemble de l’harmonica que le représentant du pouvoir et le représentant de la générosité pourront enfin se comprendre – ou, plus exactement, que la générosité saura contaminer le représentant du pouvoir. L’image des deux hommes jouant ensemble, chacun sur sa chaise, d’abord seuls, puis rejoints par toute la famille, et enfin par tout le quartier, est d’autant plus frappante qu’elle est comme un rapprochement en terrain neutre. Au moment de la réconciliation, la maison des Sycamore a été vidée de tous ses meubles, ce qui en fait une zone déserte, et propice aux nouvelles résolutions. Le choix final d’un lieu de neutralité n’est pas anodin dans un film qui travaille sans cesse la question des espaces – chaque famille ayant un lieu de vie qui lui est propre, et tolérant mal que des individus de l’autre famille lui rendent visite sur son territoire. C’est dans une maison vide que pourra triompher l’espoir de convertir le monde des affaires – et l’Amérique – à la simplicité d’une solidarité improvisée.
Jamais l’humanisme de Frank Capra n’aura été aussi léger, vivant, et résolument contagieux. Vous ne l’emporterez pas avec vous, avec ses personnages débordants d’énergie, son amour de la fantaisie et de l’originalité, et sa prodigieuse insolence, est sans aucun doute l’une des plus belles comédies américaines de l’époque. Apologie de la générosité et critique de l’esprit de sérieux, portrait de groupe et portrait d’êtres éminemment singuliers : le film est tout cela à la fois, et reste, soixante-dix ans plus tard, d’une incroyable modernité. A l’heure où l’on tend à nous faire penser au travail comme à un simple outil d’ascension sociale, à l’argent comme à un but en soi, à la rentabilité comme à une valeur humaine, et à la différence comme à une tare, il sera plus que bienvenu de revoir ce chef-d’œuvre de poésie et de tendresse, qui ne manquera pas de répandre autour de lui comme un immense goût de liberté."
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"Vous ne l’emporterez pas avec vous vient dans la carrière de Capra après New York-Miami (1934), L’extravagant monsieur Deeds (1936) et Horizons perdus (1937), autant dire dans cette faste période d’avant-guerre qui le voit enchaîner les chefs-d’œuvre à la manière d’un métronome. Il y aurait pourtant matière à détester ce film à la morale simpliste (l’argent ne fait pas le bonheur) et emprunt d’une religiosité écœurante. On se sentirait tellement supérieur à regarder d’un œil cynique cette fable si naïve. De fait, quand on la revoit une ixième fois, dès les premières images dévoilant un Wall Street caricatural, on se dit que non, ce coup-ci, on ne se fera pas avoir. On se prépare à analyser froidement le rapprochement de ces deux mondes, d’un côté la finance et de l’autre une famille d’hurluberlus, sans tomber dans le piège d’un sentimentalisme facile. Mais rien n’y fait. De nouveau, on rit, on pleure, on partage les déboires d’un James Stewart amoureux de la belle Jean Arthur, la douce philosophie de l’épatant Lionel Barrymore. De nouveau on s’amuse des inventions burlesques comme le panneau « Home sweet home » qui ne cesse de se décrocher au rythme des explosions de pétards. De nouveau on larmoie devant la prise de conscience du capitaliste Kirby.
Comment comprendre cet attrait irrésistible ? Quand tant de comédies des années 30 ont l’air au mieux de pièces de musée, qu’est-ce qui fait que Vous ne l’emporterez pas avec vous demeure une inébranlable leçon de vie qui regonfle et rend heureux ? On a envie de parler d’alchimie, de mystère et de s’en tenir là. Néanmoins, c’est un peu court. Il nous semble d’abord que Capra, en éloignant tout second degré et toute roublardise, convainc par une foi en l’homme par delà les institutions (voir la critique du militarisme, des impôts, du gouvernement, de la finance) et les idéologies : Vanderhof se moque de la maladie des « -ismes » et la révolution russe est un sujet de plaisanterie. Prenant parti pour l’humain, il filme à sa hauteur des personnages croqués avec une facilité déconcertante ; le moindre petit rôle trouve une grâce inattendue, portée par un scénario inventif autant que par une galerie d’acteurs remarquables : que ce soit Donald Meek en employé créateur de jouets ou Mary Forbes en grande dame coincée, tous participent d’une vision colorée, incroyablement vivante. Observez comment, dans l’inénarrable séquence du procès, Capra fait du juge, rôle archi-secondaire, le parangon d’un humanisme doux, qui le conduit même à participer à la quête. Par touches légères, le cinéaste construit un monde pétri de bons sentiments qui touche par delà les années.
On retient en général du film les portraits excentriques : la fille danseuse épouvantable, la mère qui écrit parce qu’un jour on a livré par erreur une machine, le chorégraphe russe qui ne pense qu’à manger. C’est oublier que, dans les recoins de cette joie de vivre mille fois exprimée, se lovent des cris de détresse qui jettent une importante part d’ombre : que ce soit la « racaille » qui se rue sur un cigare ou la silhouette pathétique de Ramsey, ruiné par Kirby, Capra n’oublie pas les laissés pour compte d’une société cruellement inégale. On sent une véritable compassion pour ces personnages qui apparaissent en arrière-plan ; de même la fin présente-t-elle un Kirby isolé dans son bureau, avec un réseau d’ombres portées qui l’enserrent.
Le grand plaisir du film réside évidemment dans la peinture d’extravagants doux-dingues qui se retranchent de la société pour vivre leur passion à la manière d’enfants qui « joueraient à être ». Le principe de base, et c’est sans doute aujourd’hui le plus iconoclaste, est le refus de l’utilitaire ; en ce sens, on retrouve l’enfance dans l’opposition entre le principe de réalité (la banque, les armes, la productivité) et le principe de plaisir (la danse, les jouets, les fléchettes). Capra a pris soin de ne pas viser des génies méconnus : la mère semble écrire des suites de clichés et la fille n’avoir qu’un lointain rapport avec des gestes harmonieux. Qu’importe : ces êtres sont dans l’instant, dans l’ « amusement » (le mot revient plusieurs fois) et songent peu à faire fructifier leurs hobbies. Là encore le cinéaste ne va pas trop loin : pas d’appel à la révolution ou au communisme ( le chorégraphe russe rappelle que tous ses amis sont morts) et si la solidarité joue à plein à plusieurs reprises, quand Alice s’enfuit, la famille est prête à vendre sa maison et à laisser tomber le voisinage expulsé. Plus qu’un message politique, c’est une sorte de morale égoïste qui se dégage du film : il faut refuser la routine, savoir faire demi-tour : le grand-père a simplement un jour cessé de travailler comme le fera Kirby, dans un ascenseur. Si Capra semble condamner le capitalisme dans ce qu’il a d’aliénant, on apprend au détour d’un dialogue que le personnage interprété par Lionel Barrymore vit de son expertise dans la philatélie. Vivre à côté soit, mais sans rejeter le système, ou les aides dont parle le Noir.
On le voit, du point de vue politique, la ligne choisie tient plus du coup de griffe moralisant que de l’engagement. On a plaisir à voir attaquer les impôts (délicieuse scène de sa justification), mais tout se termine par une prière et, somme toute, un retour à l’ordre. Ce qui importe, c’est l’humain et l’amour. Reste que les dialogues savoureux, l’impeccable scénario de l’habituel complice Robert Riskin, l’interprétation hors-pair d’acteurs au sommet de leur art (outre ceux cités plus haut, il faut souligner la prestation de Stewart en amoureux transi), la sobre mise en scène de Capra, font de Vous ne l’emporterez pas avec vous une rêverie tendre et drôle, infiniment poétique, et qui se déguste avec des yeux d’enfants.
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