Né en 1943, à Salford, dans une famille d'immigrants juifs, il est d'abord fasciné par le théâtre où il va travailler (à la Royal Shakespeare Company) et pour qui il écrit. Lorsqu'il passe au cinéma, il développe d'ailleurs une méthode de travail très particulière, engageant les acteurs sur de longs mois et les faisant travailler leur rôle comme au sein d'une troupe, avec des répétitions quotidiennes et des improvisations, avant d'enregistrer le résultat avec la caméra...
Il est, en outre, de la génération de ces cinéastes anglais (Ken Loach, Stephen Frears) qui, à la fin des années 70, partirent en guerre contre la société thatchérienne, asphyxiée par le conservatisme. Ses films, fortement ancrés dans la vie sociale, mêlent humour et combativité.
Mais Mike Leigh n’est pas l’homme des brûlots politiques. Il parle avant tout de la difficulté d’être (High hopes-1988 ; Life is sweet-1990), dissèque la vie figée des foyers en mal d’amour (Secrets et mensonges-palme d’or à Cannes 1996) suit des paumés à la dérive dans une ballade nocturne et glaciale (Naked-1993).
Au premier abord, avec ses personnages à la limite du désespoir et de la marginalité, il peut sembler d’un pessimisme total. Pourtant, au terme de ces voyages au bout de la nuit, la tendresse prend le pas sur le désespoir. Mike Leigh est un humaniste.
C'est ainsi qu'il peut aussi bien faire le portrait d'une avorteuse ordinaire, dans Vera Drake, que dépeindre les membres d'une famille ultra banale, dans All or nothing ou Another year, présenté au Festival de Cannes 2010 : les faiblesses des uns et les autres y apparaissent sans détours, jusqu'à, parfois, l'insupportable, mais c'est alors que leur nature s'y révèle dans toute sa richesse. Le quotidien et l'extraordinaire, l'ombre et la lumière : rien n'est tranché chez Mike Leigh, l'un ne va pas sans l'autre. Et Another year, banale histoire de couples, en devient une inoubliable démonstration, d'une incomparable profondeur alors que tout y parait si simplement exposé.