Peter Watkins : "Punishment Park est une métaphore sur l'évolution d'une société..."
Le réalisateur retrace l'aventure d'un film phare du cinéma contestataire des années 70...
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En 1970, un groupe de prisonniers doit traverser un désert à pied et sans eau. Une fable politique pour dénoncer le totalitarisme caché des Etats-Unis.
Dans une zone désertique du sud de la Californie, un groupe de condamnés ayant "porté atteinte à la sécurité intérieure" des Etats-Unis en s'opposant à la guerre du Vietnam, est amené, contre la promesse de leur libération, à traverser le désert à pied, sans eau ni nourriture, pour atteindre le drapeau américain sans être capturés par les forces spéciales lancées à leur poursuite... Tourné comme un reportage réaliste, ce film de politique-fiction signé Peter Watkins (qui avait fait scandale quelques années auparavant avec le contestataire "La Bombe") fut retiré de l'affiche au bout de quatre jours et devint l'un des titres importants des réseaux de diffusions alternatifs. D'autant que sa dénonciation des médias... reste toujours d'actualité.
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" Punishment Park n'est jamais resté que quatre jours à l'affiche à New York. C'était en 1971, et le film fut aussitôt interdit par les aut
" Punishment Park n'est jamais resté que quatre jours à l'affiche à New York. C'était en 1971, et le film fut aussitôt interdit par les autorités. Il n'en est pas moins devenu immédiatement un monument de la contre culture : dans les semaines qui suivirent, on pouvait déjà trouver un disque de Cold Blood, un obscur groupe de blue eyed soul hyper politisé dont la pochette citait directement le film, avec sa cohorte de contestataires enchaînés en plein désert. L'Amérique qui lisait Rolling Stone s'est mise à brandir ce film que l'administration Nixon avait jugé dangereux pour la nation, l'accusant de diffuser une fausse image des Etats-Unis (...)
Watkins a imaginé quelle punition horrible un gouvernement répressif pourrait proposer aux rebelles politiques (...) La force de la manière Watkins, c'est d'instaurer le trouble en montrant l'affaire comme s'il s'agissait d'une émission de télé-réalité. En détournant tous les codes admis du documentaire, il se présente comme une anticipation du stade critique de l'omniprésence paranoïaque des médias et du souci de contrôle politique dans lequel nous baignons quotidiennement."
"Un film à charge mais qui déjoue tous les pièges tendus du manichéisme absolu."
"Censuré pendant plusieurs années puis retiré de l'affiche peu après sa sortie aux Etats-Unis, interdit aux moins de 18 ans en France en 197
"Censuré pendant plusieurs années puis retiré de l'affiche peu après sa sortie aux Etats-Unis, interdit aux moins de 18 ans en France en 1973, Punishment Park est depuis toujours un film explosif. Signant une véritable déclaration de haine à l'Amérique de Nixon, Peter Watkins montre un pays qui assassine ses propres enfants au nom de la sécurité intérieure. (...) Peter Watkins a, pour cela, tourné son film à la manière d'un documentaire, créant une impression de vérité troublante qui donne à réfléchir. Mais la pratique du vrai-faux reportage a, depuis trente ans, montré ses ambiguïtés, et le film n'y échappe pas. La violence de l'Amérique est dénoncée d'une manière très brutale, et la critique du pouvoir passe par une forme de manipulation du spectacteur, pris dans les filets d'une mise en scène qui ne dit pas son nom. Un film décidément explosif : à regarder avec précaution."
Frédéric Strauss"... Punishment Park se base sur un texte constitutionnel authentique (le Président des Etats-Unis peut, de son propre chef, proclamer l'ét
"... Punishment Park se base sur un texte constitutionnel authentique (le Président des Etats-Unis peut, de son propre chef, proclamer l'état d'urgence, comme il le fit en novembre 1973) et sur des faits survenus aux Etats-Unis pen- dant la période maccarthyste (incarcéra- tions arbitraires, jugements sommaires, etc…). Seul l'épisode “zaroffien” de la chasse à l'homme dans le désert relève de la fiction et il est assez dérisoire et alarmant de constater que ce qu'un cinéaste envisageait comme fiction dans la réalité américaine de 1971 est aujourd'hui dépassé par la réalité chilienne de 1973.
C'est en quelque sorte à la lumière du passé américain que Watkins éclaire une possibilité de son devenir, et c'est cet ancrage dans une réalité définie qui confère à Punishment Park beaucoup de son pouvoir détonnant. Mais au-delà même de ces qualités majeures, l'intérêt et l'originalité du film résultent en premier lieu de sa présentation comme émission télévisée. Comme La Bombe (ou mieux The war game, titre explicite), comme Privilège et The Gladiators, Punishment Park fonde le récit sur la fonction ludique. L'entreprise de répression est un vaste jeu, avec ses codes, ses règles et ses apparences “fair play”, jeu tragique auquel on convie les télévisions du monde entier. Et c'est ce faux reportage télévisé qu'offre Watkins aux spectateurs-voyeurs de Punishment Park.
Les condamnés se divisent en deux clans : ceux qui refusent les règles du jeu (les extrémistes, les Noirs) et ceux qui acceptent d'y croire (les pacifistes, humanistes et sociaux-démocrates). Dans le jeu de la provocation et de l'auto-défense, les seconds, au même titre que les premiers sont broyés par l'appareil répressif. Et Watkins constate sans emphase que la société libérale n'autorise le jeu, ne préserve les apparences de la liberté que dans la mesure où elle est sûre de gagner la partie. De même qu'il joue sur le réel et la fiction, sur le passé et l'avenir, Watkins joue sur la réalité et sa représentation par l'information. La télévision peut filmer les policiers assassinant sauvagement les prisonniers : ils n'en ont que faire. Watkins peut dénoncer en un film toutes les manœuvres répressives comme l'information, la dénonciation est récupérée parce que reçue comme SPECTACLE.
Position étonnamment paradoxale d'un réalisateur qui affirme cependant : “La récupération, c'est un risque à courir FORCÉMENT”. S'il est l'un des plus violents réquisitoires contre la société américaine contemporaine, Punishment Park, amèrement lucide reconnaît sa propre impuissance, sa propre inutilité, et il y a quelque chose d'un peu masochiste dans la démarche d'un réalisateur qui, conscient des tares d'une société, tourne un film prouvant l’impossibilité de lutter contre elles. (…) "
" Peter Watkins reste fidèle à sa technique : politique-fiction mais traitée comme un document d’actualité. Futur pour le contenu, présent p
" Peter Watkins reste fidèle à sa technique : politique-fiction mais traitée comme un document d’actualité. Futur pour le contenu, présent pour le contenant: les deux se brouillent si bien que le futur paraît présent et que la fiction politique, devenue objet de reportage, perd son caractère fictif. On n’assiste pas aux films de Watkins impunément, bousculés que nous sommes par ce violent téléscopage des perspectives. Nous voilà prêts à jurer qu’appartiennent à la réalité d’aujourd’hui ces scènes imaginaires — mais d’un imaginaire si logiquement lié à la réalité politique d’aujourd’hui que l’imagination anticipe seulement, et d’une anticipation si inévitable que l’ont peut (Watkins en tout cas) les considérer comme déjà présentes.
Avec la Bombe, Watkins imaginait la Grande-Bretagne écrasée par une bombe atomique ; avec les Gladiateurs, il supposait que les guerres, trop désordonnées, étaient remplacées par des Jeux Olympiques on ne peut plus mortels, qui permettaient les destructions raisonnées de matériel nécessaires à l’expansion économique, la suppression du chômage, et l’entretien délibéré des tensions entre les systèmes antagonistes. Dans Punishment Park, il s’intéresse à l’Amérique en sauvage; des commandos de police et d’armée, avec jeeps, hélicoptères, mitraillettes et toute la panoplie du parfait chasseur d’hommes, obligent les malheureux à cavalcader à travers soleil, roc et caillasse en une épreuve qui tient du «parcours du combattant», du jeu scout avec signes de piste, du safari et de l’ordalie médiévale, puisque les vainqueurs de l’épreuve gagnent leur liberté.
Bien sûr, personne, jamais, n’atteint le but (un drapeau américain planté sur un tas de pierres) en temps voulu. Ce «park» est un instrument de torture qui, mêlant le sadisme et l’astuce féroce, permet à l’administration d’éliminer physiquement les subversifs tout en respectant les apparences d’une justice avec tribunal administratif et jugement de Dieu, et d’une police éminement sportive au service de cette justice. Aussi machiavélique que ses «justiciers», Watkins enlace très étroitement les séquences de tribunal avec les séquences du Punishment Park. Ce pathétique dialogue de sourds (car les jurés sont de bonne foi, c’est évident) conduit inéluctablement à cette chasse à l’homme affreuse où de jeunes hommes et de jeunes femmes aux cheveux longs tombent, tirés comme des biches ou massacrés par le soleil.
Pour augmenter l’illusion du reportage «à chaud», Watkins suppose que les Etats-Unis, pour enseigner, aux peuples de l’Europe occidentale, à mâter la subversion, ont invité les télévisions étrangères à suivre les séances de tribunal et de «park», avec possibilité d’interviewer aussi bien les jurés que les policiers et les condamnés. Nous suivons, mieux : nous sommes l'équipe de télévision. C'est hallucinant."
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