Alexeï Guerman: "Un artiste ne peut pas ne pas pressentir"
Adaptation du roman d'Arcadi et Boris Strougatski paru en 1964 (auteurs également de Stalker, adapté à l'écran par1
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Sur la planète Arkanar, "les raisonneurs" sont persécutés et tués. Le mystérieux Don Rumata va déclencher une guerre pour en sauver quelques uns.
Un groupe de scientifiques est envoyé sur Arkanar, une planète placée sous le joug d’un régime tyrannique à une époque qui ressemble étrangement au Moyen-Âge. Tandis que les intellectuels et les artistes sont persécutés, les chercheurs ont pour mot d’ordre de ne pas infléchir le cours politique et historique des événements. Le mystérieux Don Rumata à qui le peuple prête des facultés divines, va déclencher une guerre pour sauver quelques hommes du sort qui leur est réservé…
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" Guerman réussit de façon spectaculaire à faire vivre un univers trempé par une pluie permanente où les personnages pataugent dans une coli
" Guerman réussit de façon spectaculaire à faire vivre un univers trempé par une pluie permanente où les personnages pataugent dans une colique boueuse tout en expulsant des sécrétions corporelles variées. On pense au tumulte de Terry Gilliam, à la sauvagerie de Paul Verhoeven et à la vitalité désespérée de Pasolini, lequel renvoie naturellement à Sade, dont les réflexions politiques, philosophiques et artistiques semblent éclairer Arkanar d’une lumière cruelle. C’est ce qu’on appelle un film immersif au style particulier fait de plans-séquences d’une folle complexité. Perdues dans d’immenses décors, des multitudes de personnages costumés sont suivies par des caméras mobiles, tandis qu’un accessoiriste projette constamment des poules et des débris devant l’objectif. Le chaos règne pour de bon et, sans une lecture préalable du roman (ou au moins de son résumé), on peut avoir des difficultés à comprendre les différentes manoeuvres de Rumata (qui s’avèrent presque toutes vouées à l’échec). On finit pourtant par s’y habituer jusqu’à ne plus voir le temps passer. À ce stade, le sens du film devient limpide et peut se résumer au testament philosophique confié par le héros à un potentiel biographe : "Lorsqu’une société succombe à la paresse intellectuelle, elle attire inévitablement la tyrannie." Le titre, qui indique le point de vue de Rumata, dit à quel point il est difficile de rester patient face à la bêtise. Par extension, c’est également une façon d’affirmer que Dieu est une création de l’homme."
Gérard Delorme« Il est difficile d’être un dieu se déroule sur une planète figée dans les ténèbres du Moyen Âge. À quel type de passé peut bien se référer
« Il est difficile d’être un dieu se déroule sur une planète figée dans les ténèbres du Moyen Âge. À quel type de passé peut bien se référer Guerman ? Il pourrait bien s’agir d’un passé commun. Ce film, destiné à être son dernier, conclut la quête de longue date du metteur en scène : mêler le grotesque de la réalité contemporaine (qui, au XXème siècle, rimait avec la résurgence de l’un des pires cauchemars des temps obscurs : destruction de la culture, consécration légale de la xénophobie, guerre civile...) et un univers fictif authentique, recréé, pour ce dernier opus, davantage à partir des peintures de la Renaissance nordique que des images de journaux... Enragé par la futilité des événements qui l’entourent et la mort de ses amis et bien-aimés, Rumata, le personnage principal, à qui les habitants de la planète attribuent des pouvoirs divins, cesse d’être un observateur neutre : il saisit les armes et brandit le sabre de la vengeance. Le carnage qu’il déclenche est comparable à l’Holocauste ou à Hiroshima : un règne de pure terreur, que les mots ou les images sont impropres à exprimer. Que reste-t-il comme espoir après un tel Sodome et Gomorrhe ? Rien que cela : Dieu cessera d’être Dieu et, puni par la vile nature humaine qu’il reconnaîtra habiter en lui, sera exilé de son confortable paradis. Dans le livre des Frères Strougatski, Rumata retourne sur Terre après le carnage. Dans le film de Guerman, il décide de demeurer à jamais exilé sur l’abominable Arkanar. »
Anton DolinUn chef d’oeuvre du cinéma purulent qui déploie les plus beaux plan-séquences dans un bain de fange. A l’image de l’oeuvre de Béla Tarr, un
Un chef d’oeuvre du cinéma purulent qui déploie les plus beaux plan-séquences dans un bain de fange. A l’image de l’oeuvre de Béla Tarr, une oeuvre viscérale et fascinante.
Ultime film du cinéaste russe, Alexeï Guerman, décédé peu avant la fin du tournage, Il est difficile d’être un Dieu nous convoque dans la démesure d’un cinéma de l’Est, cinématographie aux plan-séquences qui filent le tournis. Réalisateur de 6 œuvres rares, tournées en 40 ans (la Cinémathèque de Paris lui a rendu un vibrant hommage parallèlement à la sortie du film), Guerman convoque la peinture la plus rugueuse, la folie des gueux d’un Goya, l’enfer bordélique de Bosch, pour juxtaposer le chaos à la beauté fulgurante de la cinématographie soviétique et de ses anciens satellites. En adaptant les frères Strougatski, connus notamment pour avoir écrit Stalker, on pense à Tarkovski, mais aussi au Satantango de Bela Tarr, à Wojcieh Has et in fine au chef d’oeuvre absolu de démence contagieuse, Requiem pour un massacre d’Elemklimov. Les choix du noir et blanc, de décors épiques d’une opulence insoupçonnable, de longs plan-séquences virtuoses, ainsi que d’imposer une folie crépusculaire et anarchique sur l’ensemble du film, relève d’une cohérence thématique et esthétique inhérente à une culture, une tradition baroque et grandiloquente, que l’on pourrait parfois rapprocher de l’esprit rabelaisien par ailleurs.
(...)Le film, radical, déploie une succession de toiles macabres, avec un goût certain pour le subversif (on patauge dans les entrailles, les corps outragés et les excréments pendant 3 heures de projection). On y relèvera surtout la volonté ethnologique de coller à une vision documentaire d’une humanité qui a oublié d’être humaine, et qui, animale, se refuse de le devenir comme pour mieux festoyer dans une orgie avinée qui la détourne de l’avenir. Guerman dresse le portait de factions qui préfèrent s’autodétruire dans les fléaux buboniques, plutôt que de prendre leur avenir à bras le corps. Le cinéaste furieux pose donc la question du divin et nous fait redécouvrir l’étendue d’un cinéma engagé et libre, dégagé des artifices synthétiques du cinéma contemporain. Il accouche dans la fange d’un vrai miracle cinématographique !"
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