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1977. Plongée dans les préparatifs du premier numéro d'un nouveau quotidien, "Le Matin Paris" dirigé par Claude Perdriel. La presse en ébullition.
En 1977, Claude Perdriel lance son quotidien "Le Matin Paris" (il disparaîtra en 1988). Depardon s'installe au cœur de la rédaction, juste avant sa première parution : entre mise en page, choix des sujets ou choix des titres, sa caméra saisit l'ébullition de la presse quotidienne et sa façon de filtrer l'information.
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" La caméra de Depardon saisit toutes les subtilités de l’autorité et de la beauté du chef. Elle révèle sans doute l'intérêt de l'auteur pou
" La caméra de Depardon saisit toutes les subtilités de l’autorité et de la beauté du chef. Elle révèle sans doute l'intérêt de l'auteur pour les mécanismes du pouvoir mais à aucun moment ne se laisse aller à la fascination. Depardon a su également repérer les foyers de résistance. Le plus vif était alors au service "Evénement". Depardon en filme les manifestations et, au montage, insiste : après une longue et laborieuse séance de recherche de titres par la rédaction en chef, succède un plan plus rapide, Chabalier expliquant à ses collègues convaincus : "Le plus mauvais, c’est sûr, ce sont les titres". Dans la salle de projection, des journalistes du "Matin" rient ; un peu.
On rit beaucoup devant ce film. On souhaite que Depardon poursuive ce travail passionnant. On souhaite que d'autres professions, d'autres milieux, acceptent, comme Perdriel, l’épreuve de ce type de reportage. On sait que le résultat est cruel. Et comme dit Depardon, lui généreux : "Ces journalistes du Matin, c’est un peu nous tous". Non!!!"
" On appelle, en termes de presse, Numéros zéro des numéros que l’on réalise pour se faire la main avant la parution du numéro un, pour étu
" On appelle, en termes de presse, Numéros zéro des numéros que l’on réalise pour se faire la main avant la parution du numéro un, pour étudier par la pratique la maquette et la composition de la nouvelle publication, numéros à usage interne qui ne sont bien sûr pas mis en vente. (...)
Stupeur, Depardon a vraiment réussi ce qui n’est donné qu’aux plus grands documentalistes, aux Heynowski et Scheumann, aux Wiseman, à se rendre invisible, à se faire oublier bien que dans des locaux minuscules et parmi des professionnels de l’information, à avoir cet espèce d’instinct qui dit que c’est le moment juste pour appuyer sur le bouton de la caméra. Pour le dire en un mot, son film est le plus étonnant film français que nous ayons vu dans cette catégorie de cinéma depuis bien longtemps.
Stupeur suivante, Numéros zéro, œuvre honnête s’il en est, tournée entièrement en longs plans qui interdisent les tripatouillages tendancieux qu’un montage habile permet toujours, qui se refuse d’enregistrer les moments de ridicule ou de maladresse que tout un chacun peut avoir, fait l’objet d’une demande de saisie par Claude Perdriel, directeur du "Matin de Paris", le jour où il doit être présenté à la presse et au public au Festival de Lille, le 3 octobre 1979, ce en vain, le tribunal se déclarant incompétant. Aujourd’hui Claude Perdriel, en avance d’une longueur sur Giscard, ne s’oppose plus à la diffusion du film. On voit bien ce qui a pu déplaire au patron du "Matin de Paris" et dont je laisserai la surprise au lecteur. Le film parle très bien de lui-même et sans qu’un commentaire soit utile. Mais paradoxalement, je ne crois pas que ce soit le sujet du film. En fait, c’est une comédie qu’a réalisée Raymond Depardon. On rit, on rit beaucoup grâce à la présence de trois grands acteurs qui sont Claude Perdriel, François Henri de Vineux, rédacteur en chef, et surtout Roger Colombani, rédacteur en chef adjoint d’une truculence hors du commun. Depardon filme le maigre et le gros en les cadrant comme il cadrerait Laurel et Hardy. On s’amuse et soudain, crac, le réel devient intelligible et se fait politique."
"Depardon filme, telle une petite souris, les quelques jours de travail qui précèdent la naissance du quotidien “de gauche populaire” Le Mat
"Depardon filme, telle une petite souris, les quelques jours de travail qui précèdent la naissance du quotidien “de gauche populaire” Le Matin de Paris en 1977 (il disparaîtra en 1988) : drôle, instructif, jubilatoire et enthousiasmant."
Jean-Baptiste Morain" Au-delà des polémiques, au-delà du spectaculaire, Numéros zéro est d’abord remarquable par son type d’approche documentaire, qui n’est pa
" Au-delà des polémiques, au-delà du spectaculaire, Numéros zéro est d’abord remarquable par son type d’approche documentaire, qui n’est pas sans rappeler le cinéma de Fred Wiseman : image brute, non commentée, sans effet ni intervention apparente de point de vue a priori. Du cinéma direct, un documentaire-chronique enregistrant, semble-t-il en toute neutralité, les grandes étapes d’un événement : la création d’un quotidien d’information, « Le Matin de Paris », soit la période allant de la préparation et de la fabrication des « numéros zéro » (numéros d’essai et de présentation) jusqu’à la publication du « numéro un », vrai démarrage du journal.
Démarche et sujet passionnants. En somme, il s’agit d’être à l’écoute des émois et de la fièvre de toute une équipe, du directeur aux plus simples journalistes en passant par les rédacteurs en chef, en un moment exceptionnel d’une vie professionnelle (...) au-delà du témoignage spécifique et du cas particulier, est suggérée une réflexion sur la presse en général sur sa place dans une société libérale, sur son rôle, sa déontologie (...)
Numéros zéro est en effet une pièce capitale à l’édifice de l’information « sur » la presse et d’une réflexion sur les media. Seulement voilà : le document promis se mue très vite en comédie, avec des petits airs de bouffonnerie moliéresque propices à déclencher le rire et libérer toute sorte de pulsions, entre autres méprisantes ou agressives, ou tout au moins condescendantes. S’il n’y avait l’exemplaire rigueur d’un montage garde fou, ce serait là matière à reprocher au film une trop grande facilité. De toute façon, pas de problème, démystification assurée. On ne nous la fait pas, pas cette fois-ci. En fait d’action, en fait de salles de rédaction surexcitées ou de super journalistes affairés et fascinants, nous assistons à des temps morts, avec des gens hésitants, semblant patauger dans l’incertitude, passant un temps démesuré à chercher un titre pour un article sur un match de rugby, les propositions allant des plus sérieuses aux plus fantaisistes dans une ambiance de joyeux amateurisme aussi sympathique que surprenante de la part de tels professionnels.
La caméra de Raymond Depardon semble être à l’affût des scènes les plus cocasses, guettant le ridicule ou le dérisoire (on « corrige la copie » d’un journaliste : « c’est pas ça l’idée ; l’idée c’est... », et l’idée ne vient pas ! Et ainsi de suite à l’avenant). En fait, cette accumulation révèle notre incapacité de spectateurs à vérifier le degré de bonne foi du film. Y a-t-il eu choix de montage uniquement axé sur ces moments-pièges ? N’est-ce pas la juxtaposition, d’un plan à l’autre, d’une séquence à l’autre, qui accentue délibérément pareille impression ?
En un sens, peu importe, ce qui est sur l’écran a été la réalité du moment, sans trucage ni mise en scène, bien que parfois l’on pourrait croire assister à des images de pure fiction. Peut-être la présence quotidienne du réalisateur et de son matériel a-t-elle à son insu influé sur le comportement des journalistes ? Peut-être a-t-elle incité ces derniers à vouloir se mettre en représentation ? Mais alors on peut penser qu’ils auraient davantage soigné une image de marque et auraient fui le naturel qui ici les piège tout autant qu’il les honore, du reste.
En fait, cette « vérité » semble surtout tenir à la méthode de reportage elle-même qu’emploie Depardon, sans doute habitué, de par sa formation et sa longue expérience de photographe, à faire preuve de discrétion, patience et sérénité. Travaillant résolument sans équipe, assurant tout seul l’image et le son, il donne l’impression de s’être glissé dans les murs, de s’être assimilé aux meubles, le plus effacé possible.
Lorsque le film a été sélectionné en octobre 1979 au Festival international du film documentaire et de court métrage de Lille, la direction du « Matin de Paris » s’est opposée à sa projection et a demandé sa saisie par un référé auprès du tribunal de la ville. C’était bien sûr la meilleure publicité à lui faire et, par la polémique, mettre l’accent sur un spectaculaire qui n’est assurément ni la vocation première ni l’essentiel du film. L’essentiel est que, par sa particularité d’entreprise voulue et clamée « à gauche », « Le Matin de Paris » peut se trouver facilement pris dans des contradictions. Moins d’ailleurs au niveau d’un contenu rédactionnel qu’à celui, puisque c’est là que se base le film, d’un comportement, humain comme professionnel : une petite séance de « brain storming » où l’on voit le rédacteur en chef, assis, prendre par la taille une jeune collaboratrice debout, et esquisser à son égard un élan d’affection paternaliste aux limites de la bonne vieille phallocratie, réfrénée et comme gênée par la présence de la caméra ; ou encore certaines attitudes et répliques de Claude Perdriel, directeur omniprésent du journal, qui, sérieux et réjoui, déclare péremptoirement : « Vous faites une interview, vous enlevez les questions, et vous avez un article ! ». Un collaborateur défend, sur une position de principe, l’idée de faire suivre le nom du signataire d’un article du sigle de l’agence de presse à laquelle il appartient. Claude Perdriel l’invective, non sans humeur : « Je ne comprends pas que vous défendiez une telle idée, sympathique mais parfaitement défavorable à la vente du journal ! ». Etc.
Il serait tentant d’en rester à ce qui ainsi frise la caricature mais, faute d’éléments complets, il s’agit moins de porter un jugement sur des personnes que, à partir des contradictions soulignées de la sorte, d’ébaucher une réflexion sur la réelle signification d’une volonté progressiste. Cette réflexion est l’essence même du film, documentaire-fable qui met aussi en lumière, à travers l’ingénuité ou une certaine naïveté des protagonistes, leur profonde et — semble-t-il — sincère volonté d’une société plus juste, plus humaine (déclaration finale de Claude Perdriel à TF 1, entendue off). C’est toute la complexité d’une véritable transformation qui est mise à jour."
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