Après quelques courts et un premier long métrage tournés dans son pays natal, Frédéric Fonteyne a choisi de travailler en France : on ne peut donc l'inclure dans le renouveau du cinéma belge de ces récentes années, ce qui est dommage car la qualité de ses films relèverait encore un niveau déjà notable.
Max et Bobo, son premier titre (1998), demeure, de façon incompréhensible, inédit sur nos écrans : il s'agit pourtant d'une très belle histoire d'amitié entre deux personnages paumés, à la fois comique et tendre, et capable de retenir le grand public.
Le remarquable scénariste Philippe Blasband y trace les frontières de l'univers que Frédéric Fonteyne explorera dans ses deux films suivants, Une liaison pornographique (1999) et La Femme de Gilles (2004), également scénarisés par Blasband : des personnages en nombre réduit, aux réactions psychologiques inhabituelles, une grande maîtrise dans la construction de situations à la tension soutenue. Sous une mise en scène apparemment très classique, l'un et l'autre film sont animés d'arrières-mondes dérangeants : les rapports du couple d'Une liaison…, régis par le même code que reprendra, avec moins de force, Patrice Chéreau dans Intimité, les relations sado-masochistes des protagonistes de La Femme de Gilles.
Fonteyne, excellent directeur d'acteurs, parvient à faire exprimer des émotions rares à des comédiens que l'on croyait sans surprises : Nathalie Baye a rarement été aussi étonnante que dans la femme libre d'Une liaison…; quant à Emmanuelle Devos, son rôle d'Élisa, la femme de Gilles, la rachète de nombre d'interprétations calibrées. La seule chose que l'on puisse reprocher à Frédéric Fonteyne, c'est ne pas tourner plus souvent…