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Cédric Klapisch : Notre top 10

 

Cédric Klapisch ou l’art de filmer la vie, filmer le monde et ses détails les plus infimes pour les rendre captivants. Entre optimisme et réalisme, le cinéaste prône le droit au bonheur grâce à des fresques contemporaines sensibles et intimistes qui cherchent à faire écho dans le cœur de ses spectateurs. Tel un psychanalyste, à travers sa prédilection pour les doutes et les questionnements identitaires, il a le don d’aimer ses personnages, de les chérir, tout en posant sur leurs actes un regard plein de tolérance. En grand observateur, amoureux de Paris, Klapisch peint le portrait des villes, sur les traces singulières de ses résidents. Pour célébrer la récente sortie en salles de Deux moi, voici une sélection non-exhaustive de ses films, pour prendre un bain de fraîcheur.

 

10. Chacun cherche son chat (1996)

Le pitch : Avant de partir en vacances, Chloé confie la garde de son chat Grigris à une vieille dame. En apprenant la disparition de celui-ci, la jeune fille décide de rester à Paris, et parcourt les rues sans relâche, à la recherche de l’animal. De coup de téléphone en coup de téléphone, c’est le quartier tout entier qui est mis à contribution. Les univers se croisent, les habitants se rencontrent…

Pérégrinations adolescentes, voisins loufoques, grand-mères bourrues et jeunes immigrés : une trivialité populaire sublimée par le réalisateur, dont le scénario parfois déconstruit valorise la diversité des points de vue, tant qu’il préserve le charme de ce portrait parisien. Garance Clavel, dans le rôle de Chloé, dégage cette spontanéité candide si particulière des héros de Klapisch. Quant aux rues du quartier, qui parlent d’amour et de félins, elles donnent à la balade un fin goût de poésie.

La scène : Un montage mosaïque hilarant qui retrace les résultats du bouche-à-oreille entre toutes les vieilles dames du quartier, suspendues au bout du fil. Des personnages à part entière, rouspéteurs, fébriles, doucereux, qui s’affairent en simultané pour le sauvetage d’un petit chat noir : c’est l’effet papillon.

 

9. Ma part du gâteau (2011)

Le pitch : Après la fermeture soudaine de son entreprise à Dunkerque, France, une ouvrière, part chercher du travail à Paris en confiant ses trois filles à sa sœur. En participant à une formation pour devenir femme de ménage, elle est embauchée chez un riche trader, dont le mode de vie luxueux est à mille lieues de son quotidien. Si un concours de circonstances permet entre eux un rapprochement, France apprend que cet homme est impliqué dans la faillite de son ancienne société. 

Une comédie agréable au sein de laquelle deux mondes aux antipodes se côtoient sans vraiment se rencontrer, portée par l’attachant duo Karine Viard / Gilles Lellouche, sur fond de lutte des classes. Grâce au propos social présent en filigrane et à l’absence de rédemption pour ses personnages, Klapisch se détourne d’une romance trop convenue entre France et Steve, dont il ne fait que suggérer l’évolution. Un regard cynique sur le capitalisme et son hommage à la voix populaire permettent au film de combattre l’abondance de stéréotypes.

La scène (Spoilers) : Arrêtée pour l’enlèvement du fils de Steve en plein milieu des festivités, France est enfermée de force dans une voiture de police, sous les yeux du trader, décontenancé. Prévenus par ses trois filles, qui révèlent l’identité du délateur, l’ensemble des ouvriers se regroupent et forment un barrage autour du véhicule, vindicatifs, scandant son nom, dans un élan de solidarité magnifique. Un final engagé, émouvant, qui redonne au film tout son sens.

 

8. Le péril jeune (1994)

Le pitch : Quatre jeunes hommes sont réunis dans une salle d’attente, après le tragique décès de leur ami Tomasi, victime d’une overdose une semaine auparavant, dont la femme est en train d’accoucher. Pour tuer le temps et adoucir le manque, la bande se remémore ses folies lycéennes.

Entre humour et tension, le film se déroule comme la chronique nostalgique d’une bande de garçons dont la bêtise adolescente et la pulsion de révolte ont marqué l’avenir. Une petite mise en garde quant aux retombées utopiques des années de l’insurrection étudiante, mêlée d’une fable amicale préservée dans le deuil. Du charisme des acteurs, se dégage cette envie de vivre, sous des airs nonchalants, qui laisse derrière elle les craintes de leur jeunesse. Film d’une génération, c’est aussi celui qui a révélé Klapisch, Duris, Elbaz...

La scène : Une bouffée d’air frais pour un âge étouffé. L’impertinente tirade de Tomasi au sommet d’un panier de basket et ses provocations sympathiques à l’égard du proviseur caractérisent à merveille le sens de la rébellion et des contradictions qui l’habite.

 

7. Ce qui nous lie (2017)

Le pitch : En apprenant le décès imminent de son père, Jean revient en Bourgogne, sa terre natale. Après dix ans d’absence passés à parcourir le monde, il retrouve son frère Jérémie et sa sœur Juliette, qui demeurent au domaine familial, et s’impliquent avec passion dans la production viticole. Désormais livrés à eux-mêmes, les trois jeunes gens vont apprendre à communiquer, à se redécouvrir et faire face à l’avenir, bercés par les plaisirs perdus de leur enfance.

Ce qui nous lie, c’est le retour aux racines, l’héritage fraternel, l’amour de la nature et de ses dons. Sur l’air des retrouvailles, les caractères s’affinent et se complexifient entre culture, patrimoine et modernité, et les digressions scénaristiques ne leur donnent que plus de consistance. Derrière la voix de Pio Marmaï, le fils disparu, quatre saisons marquent le passage du temps, le temps de la tempête puis de la réconciliation.

La scène : Un instant de gloire pour Jérémie, lorsque seul avec son beau-père dans la cave à vins, le jeune homme a enfin le courage de s’indigner. Son discours à la fois ferme et bégayant, à la vacuité évidente, donne à son message une force certaine, qui prête à sourire, mais incarne avec indulgence le début de son affirmation.

 

6. Casse-tête Chinois (2013)

Le pitch :  Séparé de Wendy après 10 ans de vie commune et père de deux jeunes enfants, Xavier n’y voit pas plus clair qu’au début des Poupées Russes. Contraint d’accepter un travail clandestin pour s’installer définitivement à New-York, où vivent désormais son ex-compagne et son riche compagnon, et devenu géniteur dévoué du nourrisson d’Isabelle, sa meilleure amie, il se démène pour joindre les deux bouts. Commence une joyeuse cacophonie urbaine, qui en plus de nourrir son inspiration, le ramènera peut-être aux sources de ses amours.

Un final mouvementé aux allures romanesques, qui n’a pas perdu l’émotion des débuts. Le récit d’une séparation, d’un nouveau départ, au sein d’une ville dédaléenne, multiculturelle et dépaysante que Xavier doit apprivoiser. Comme les réponses que l’on cherche après tant d’années, le casse-tête se dénoue, laissant place au happy ending klapischien.

La scène : Dans la digne lignée de l’Auberge Espagnole, un concours de circonstances drôlissime réunit Xavier et sa fausse femme, un inspecteur de l’immigration peu commode, Isabelle en plein adultère et Martine, dans le rôle incongru d’une assistante maternelle. Une complicité sans bornes, malgré la légitimité discutable de leur petite comédie pour couvrir la jeune mère.

 

5. Les poupées russes (2005)

Le pitch : Xavier a maintenant trente ans. Auteur de romans à l’eau de rose, tiraillé entre ambition professionnelle et difficultés financières, le jeune homme enchaîne les conquêtes éphémères et les rencontres inachevées. En perpétuel questionnement sur les mystères et idéaux convenus de l’amour, c’est à Londres puis Saint Pétersbourg que Xavier va tenter de concilier écriture et vie privée, porté par les effluves du passé.

Bien loin de son personnage de jeune garçon timide et mal dans ses baskets du tout premier volet, Romain Duris excelle dans son rôle de bourreau des cœurs romantique, éternellement insatisfait. Presque philosophique, Les Poupées Russes réinvestit la construction identitaire, en racontant l’amour sous toutes ses formes, autant qu’il désacralise la quête de la perfection. Par de nombreuses et amusantes mises en abîme qu’incarnent les inspirations de Xavier, Klapisch rend explicite – sans y porter de jugement – cette complexité relationnelle, seul fruit de cette facilité humaine à se complaire dans des erreurs conscientes.

La scène : Comme pour célébrer les échecs de son protagoniste, garants de sa nouvelle lucidité, et en écho à la peine de Wendy, se déroule dans les rues très lisses de Saint Pétersbourg la longue séquence des déambulations de Célia. Une métaphore évocatrice de l’entêtement du héros à se focaliser sur de mauvaises personnes, dans un monde où les apparences prévalent.

 

4. Paris (2008)   

Le pitch : Pierre apprend qu’il est très malade. Alors qu’il envisage sa mort avec une lucidité certaine, le regard qu’il pose sur le monde prend une valeur inestimable, celle du goût d’exister, de l’instant présent. Au cœur de la ville s’affairent professeurs, étudiants, architectes, ouvriers, boulangers, maraîchers et clandestins. Sur cette fourmilière se posent les yeux de Pierre, grâce auxquels renaît la beauté, la simplicité des instants de vie de chacun, ces détails quotidiens, tantôt joyeux, tantôt bouleversants, qu’il perçoit comme une chance.

Lorsqu’un protagoniste prête ses yeux sans être physiquement présent, la captation des instants de vie transmet au spectateur un regard neuf et réjouissant. Il s’émeut, il observe, il ressent. Dans ce pouvoir que donne Klapisch à Romain Duris réside l’intense désir du réalisateur de nous montrer sa ville, en tant que paradis des rêves et du désenchantement. De ses rues, ses câbles, ses pavés, ses habitants, Paris est irradié d’une tendresse personnelle sans pareil, et se fait une toile, que l’on tisse avant de s’y perdre, et où se déversent chaque jour des torrents d’émotion.

La scène : Pierre embrasse sa sœur Elise, mais refuse de lui dire au revoir. Il part vers son destin, à bord d’une voiture, les yeux rivés vers le ciel et ses toits de briques, qu’il contemple avec admiration tout au long d’un plan lyrique empreint de résilience. Si l’on ne sait ce qu’il adviendra, ces belles choses qu’il perçoit ne cesseront d’exister.

 

3. Un air de famille (1996)

Le pitch : Chaque semaine chez les Ménard, c’est réunion de famille au café d’Henri, l’un des fils. Mais alors que tous s’apprêtent à célébrer un anniversaire, ce dernier apprend que sa femme Arlette ne sera pas présente et qu’elle souhaite prendre du recul quant à leur relation. Un aîné mal-aimé, un frère idéalisé et son épouse dévouée, une sœur farouche, un employé indécis et une mère inquisitrice. Il n’en faudra pas plus aux non-dits et tabous pour refaire surface.

Klapisch réunit les ingrédients parfaits d’un huis-clos réussi. Des personnages fortement caractérisés aux dialogues travaillés et authentiques, incarnant avec force cette famille conservatrice dont la cohésion s’essouffle, sous le poids des injustices et de la rancune. Tous portent les marques de leur enfance, des coutumes et de leurs relations communes : beaucoup de souffrance et de mélancolie derrière les sourires et les banalités déversées comme le seul lien qui les unit encore. Médisance seule, ou mal-être collectif ? Si certains parviennent finalement à faire valoir leurs convictions, cette comédie d’apparence légère dégage un sentiment d’empathie profonde envers ses personnages – magnifiquement interprétés – qui, bercés de quelques accalmies, se complaisent dans une triste résignation.

La scène : La scène de la danse, qui révèle en Denis une âme simple et généreuse. Celle de l’émancipation trop éphémère de Yolande, qui danse avec tout son cœur comme si la distraction ne lui était pas permise. Sous les yeux ébahis ou agacés des convives, la belle-fille – Catherine Frot – se révèle, faisant fi des conventions que l’on croyait si chères à ses yeux. Un rare moment d’oubli, de gaîté, dans cette fresque aux allures très déterministes.

 

2. Deux moi (2019)

Le pitch : Rémy et Mélanie, les voisins inconnus. Deux parcours. Deux thérapies. Un seul et même immeuble au cœur de Paris. Le récit identitaire de deux trentenaires aux prises avec la solitude et la difficulté des rencontres dans cette jungle urbaine ultra connectée. Entre doutes et douleurs du passé, ils vont apprendre à guérir. Pour mieux se rencontrer ? 

Un bel hymne à la rencontre fortuite, qui tourne en dérision l’ère des réseaux sociaux et des relations virtuelles. Tout l’art de Klapisch, qui réside dans sa capacité à comprendre ses personnages et à les rendre captivants, de leurs déambulations urbaines à leurs salles de bain, rayonne dans Deux moi tel un appel à la renaissance, à la libération de l’emprise du passé. L’évolution des deux voisins, qui sonne comme un chemin vers l’harmonie intérieure, se dessine entre acceptation et pardon, portée par la sensibilité naturelle du jeu d’Ana Girardot et de François Civil.

La scène : Leur premier échange, aveugle mais sonore, empreint de douceur et de légèreté. Lorsque le chant de Mélanie, allongée dans son bain, parvient aux oreilles de Rémy et fait naître un sourire, avant qu’il ne relance lui-même la mélodie à l’intention de cette inconnue. Un clin d’œil délicieusement prévisible.

 

1. L’Auberge Espagnole (2002)

Le pitch : Afin d’achever ses études et d’acquérir le bagage linguistique nécessaire à un futur poste au ministère des finances, Xavier part pour Barcelone, laissant derrière lui sa petite amie de longue date et sa mère envahissante. Après diverses rencontres singulières dans les rues espagnoles, le jeune homme finit par trouver un logement dans le centre-ville, où vivent déjà sept locataires, tous originaires d’un pays différent. Genèse d’une belle aventure humaine.

Une comédie réconfortante entre optimisme et nostalgie qui métaphorise avec humour et élégance l’ensemble des doutes qui se bousculent dans les têtes, à l’âge où le monde reste à conquérir. Aux côtés de ces jeunes adultes, largués dans une jungle de tracas où la course à l’avenir devient prioritaire, la caméra capte avec beaucoup de tendresse la façon dont chacun d’eux se révèle et se révolte, loin des habitudes du cocon familial. D’une mise en scène sans artifices se dévoile la grande finesse d’observation du réalisateur, qui reconstruit aux yeux de son spectateur des situations quotidiennes cocasses, criantes de justesse.

La scène : Une belle leçon de solidarité lors de l’arrivée improvisée du petit ami de Wendy, alors qu’elle est au lit avec un autre garçon. L’énergie déployée par chacun à se précipiter sur les lieux pour couvrir l’une des leurs est assez réjouissante, notamment grâce à ces plans téléphoniques successifs, qui témoignent d’un effort commun et bienveillant. Un régal.

 

 

Marie Labalette

 

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