
Eric Rochant : " Le sentiment de réalité passe par la maîtrise de l'illusion."
Le réalisateur décrit son film comme une histoire d'amour, un cri pour être reconnu mais surtout pour exister, A...
Bruno veut exister : aux yeux de sa petite amie comme « aux yeux du monde ». Alors il détourne un car scolaire. Qui maintenant peut encore l'ignorer ?
Bruno veut exister : aux yeux de sa petite amie comme « aux yeux du monde ». Alors il détourne un car scolaire. Qui maintenant peut encore l’ignorer ? Après « Un monde sans pitié », le deuxième long-métrage d’Eric Rochant et nouvelle collaboration fructueuse du réalisateur avec Yvan Attal.
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" Dans Aux yeux du monde, l'amour est magique. Quand ils comprennent que Bruno fait tout ça par amour, les otages du car commencent à l'aim
" Dans Aux yeux du monde, l'amour est magique. Quand ils comprennent que Bruno fait tout ça par amour, les otages du car commencent à l'aimer. Nous, on le sait depuis le début, et on l'aime depuis le début. C'est pourtant un paumé, un type pas formidable et pas très malin. Mais c'est un héros.
On est avec lui tout le temps, et avec les autres, sa fiancée Juliette ( !), l'institutrice, le chauffeur du car, les enfants. Parce que ce sont eux que Rochant privilégie. Il y en a toujours un dans le cadre. Alors qu'il s'agit quand même d'un road-movie qui traverse des villages ou s'enfonce dans la forêt, jamais la caméra ne s'échappe du coeur de l'intrigue pour un plan de paysage. Et, magiquement aussi, l'autocar, si important qu'il a failli avoir l'honneur du titre, disparaît presque de l'écran. Ce n'est plus qu'un décor comme un autre. L'essentiel est ce qui se passe dedans.
— Il fallait, pour réussir cela, que les interprètes occupent l'espace, réel et imaginaire. On sait qu'Eric Rochant répète beaucoup avec ses acteurs. On sait qu'il leur écrit des scènes qui ne seront jamais tournées, et les nourrit ainsi de leur personnage. Le résultat est, encore une fois, formidable.
Bruno, c'est Yvan Attal (...) étonnant de vérité, quelle que soit l'humeur qu'il a à jouer. Hyper-nerveux quand il a peur, anéanti quand il doute, épaté par l'institutrice, inquiété par le chauffeur, touchant avec les enfants, amoureux avec Juliette. C'est subtil, c'est juste. Eblouissant.
Charlotte Gainsbourg, dans le rôle de Juliette, nous fait encore un tour de magie. On ne la voit pas beaucoup et pourtant, avec un regard de fierté, un sourire d'amour, elle est tout le temps présente. Juliette est plus raisonnable que Bruno. Emue, flattée, touchée, elle dit quand même ce que chaque spectateur a d'abord pensé : « Mais pourquoi t'as pas pris le train ? » Magnifique. Parce que c'est ça aussi, surtout, le talent de Rochant. Son écriture est précise et simple, travaillée et légère. Il suit étape par étape la psychologie de chacun de ses personnages sans jamais les lâcher. On ne les lâche pas non plus.
Kristin Scott-Thomas est une institutrice provinciale, en jupe de coton et chemisier fleuri. Partagée entre ces enfants dont elle a la responsabilité et ce grand enfant qui menace de faire une grosse bêtise. On l'avait vue plutôt séductrice ou femme forte (La Méridienne, Force majeure, Le Bal du gouverneur), elle est parfaite dans ce quasi-contre-emploi.
Le chauffeur du car, c'est le fonctionnaire. Celui qui veut arriver là où son chef lui a dit d'aller, avec un car en bon état. Petit à petit, pourtant, la magie de l'amour va l'atteindre. Un rôle presque muet pour Marc Berman, qui conserve, dans un visage impassible, un regard d'une étrange intensité. Il est simplement là, comme une menace, avec ses pensées qu'on devine à un battement de cils. Très fort.
Et puis, il y a les enfants. Bien sûr, ce sont eux les premiers qui s'attachent à Bruno. On connaît leur instinct : s'ils n'ont pas si peur, c'est que Bruno n'est pas si dangereux. Il n'y a pas de cascades, pas de pétarades, pas de pathos dans Aux yeux du monde. C'est la marque Rochant. En choisissant, pour son deuxième film, un genre, le thriller psychologique, extrêmement différent du premier, la comédie sentimentale, il garde toute son identité (...) Une fois encore, Eric Rochant nous parle légèrement de choses graves. C'est comme une pudeur. Ça ressemble au chapeau et aux lunettes noires qu'il porte sur son tournage. Et il a trouvé, en Alain Rocca, un producteur qui lui a laissé la liberté et les moyens de cette pudeur. Alors quoi, tout ce qui sort de chez les productions Lazennec se transforme en or ? En tout cas, le "système Rocca" fonctionne. En commençant par produire des courts métrages, il a lié des rapports de confiance avec ses jeunes réalisateurs. Il sait les aider à exprimer, dans le confort le plus adapté à leurs besoins, leurs aspirations créatrices. Résultat : Un monde sans pitié et La Discrète. Et Aux yeux du monde, qui a le plus beau des atouts : la sincérité. "
" Aux yeux du monde est un huis-clos qui bouge, un théâtre à roulettes d’où s’échappe parfois le protagoniste. Il sort du véhicule à interva
" Aux yeux du monde est un huis-clos qui bouge, un théâtre à roulettes d’où s’échappe parfois le protagoniste. Il sort du véhicule à intervalles réguliers pour appeler Juliette d’une cabine téléphonique, lieu clos indispensable à tous les films au moment où le preneur d’otages indique l’endroit du dépôt de la rançon.
C’est l’occasion pour Rochant de se colleter avec le langage, ou plutôt l’incompréhension qui entoure son héros. A Bruno dans la panade, elle dit au téléphone, de sa voix la plus gentille : « Pourquoi t’as pas pris le train ? Ça m’aurait fait plaisir aussi. » Autre mur, plus rude : les jolies phrases posément dites par l’institutrice en retour des paroles bâclées et des mots hésitants jetés, par Bruno, comme des poignées de cailloux sur la route.
Question compréhension, le spectateur se heurte lui aussi à un obstacle : dépourvu d’éléments biographiques, il se sent obligé d’adhérer sans réserves à l’héroïsme angélique de Bruno. Le parti-pris de mise en scène va dans ce sens : plans serrés et désintérêt du monde dont il est question dans le titre. Mais en s’appliquant à ne pas lâcher son personnage d’un pouce, Rochant en fait le porte-parole de sa sincérité, l’ultime rempart de la tendresse et de l’émotion..."
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