Genèse d'un parti
Extrait du journal de la cinéaste. Camille de Casabianca raconte les premiers pas qui ont présidé à la mise en rou1
Navigateur non compatible. Veuillez utiliser un navigateur récent
La Ligue Communiste Révolutionnaire est morte ? vive le Nouveau Parti Anticapitaliste ! Un doc qui capte cette "naissance" au jour le jour...
Un matin, dans les environs de Paris, des hommes et des femmes entreprennent de vider un grand local rempli de dossiers. Parmi eux, on découvre Olivier Besancenot. Lui et ses amis jettent par la fenêtre les archives accumulées depuis quarante ans par leur organisation, la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire). En bas, dans une grande benne, s’entassent vieilles étagères, livres de philosophie marxiste et plans de campagne. La semaine suivante, les travaux commenceront pour accueillir leur rêve, un nouveau parti anti-capitaliste, large et ouvert, qui doit naître un an plus tard jour pour jour. Le film suit ces débuts pleins d’espoir, et pleins d’embûches...
Le lecteur n'est pas installé ?
Pour votre information, la lecture en mode hors-ligne n'est pas compatible avec le système d'exploitation Linux
" Camille de Casabianca, qui a milité jadis dans les rangs de la Section française de la IVe Internationale, autre nom de la LCR, filme en
" Camille de Casabianca, qui a milité jadis dans les rangs de la Section française de la IVe Internationale, autre nom de la LCR, filme en toute sympathie.
Ce qui ne fait pas d'elle une naïve. Sa familiarité avec le sujet ne l'empêche pas non plus de s'étonner. Cette distance, d'autant mieux mesurée qu'elle résulte d'une histoire personnelle plus que d'un calcul intellectuel, fait de C'est parti une rareté : un film qui montre la politique en train de se faire lucidement et chaleureusement, à charge pour chaque spectateur d'en tirer des conclusions, théoriques ou pratiques.
C'est parti s'organise autour d'un leitmotiv, le grand ménage organisé dans les locaux de la LCR à la veille de la naissance du NPA, dont les images reviennent à intervalle régulier. Les vieux militants, dont le plus célèbre est Alain Krivine, et les plus jeunes, parmi lesquels on reconnaît Olivier Besancenot, balancent le vieux monde par les fenêtres : des kilos de papiers noircis de débats aujourd'hui abscons, des affiches de campagnes infructueuses, des fichiers mystérieux.
Pendant qu'on fait du passé table rase, la gestation du nouveau parti arrive à son terme. C'est là que l'on trouve les séquences les plus passionnantes du film. On y trouve un héros réticent, Olivier Besancenot, qui doit assumer sa position de vedette. Sa seule présence à une réunion garantit la présence des journalistes, qui par ailleurs ne s'intéresseront pas aux autres intervenants.
Camille de Casabianca circule dans l'appareil de la LCR comme un poisson dans l'eau, et la plupart du temps son film donne la sensation d'être l'observateur invisible de la vie quotidienne des militants. Sauf quand le débat tourne autour du bon usage d'Olivier Besancenot. Dès qu'il est question de célébrité, les dés son pipés, et la conscience d'être filmé se manifeste. De ce point de vue, C'est parti apporte quelques éléments intéressants à la critique du star system.
Mais l'essentiel du contenu politique est ailleurs. Les éventuels accès de nostalgie des vétérans trotskistes sont régulièrement étouffés par les questions, les interventions des nouveaux militants (...)
Plutôt tourné vers l'avenir, le film de Camille de Casabianca ne s'intéresse qu'incidemment aux nombreux ex-"liguards" qui peuplent aujourd'hui la vie publique française. C'est Henri Weber, ancien directeur de l'hebdomadaire Rouge, aujourd'hui député européen socialiste, qui les représente dans un débat saisi à la Fête de L'Humanité. Le vétéran utilise tous les ressorts de la rhétorique trotskiste pour défendre le compromis. A ce moment, l'infinie polysémie du titre prend un sens ironique, presque méchant : "C'est parti, pour ne plus jamais revenir." L'instant d'après, le film reprend sa bonne humeur pour suivre les aventures incertaines de ceux qui n'arrivent toujours pas à ne plus y croire."
" ... Sa distance idéologique et sa position de cinéaste lui ont donné le recul nécessaire. Son intelligence de cinéaste a fait le reste :
" ... Sa distance idéologique et sa position de cinéaste lui ont donné le recul nécessaire. Son intelligence de cinéaste a fait le reste : pas de commentaires, pas d’entretiens posés. C’est parti se fonde sur l’immersion, l’observation, le travail de montage. Au final, des scènes saisies à vif, d’une simplicité qui fait la force et la beauté du film, mélangeant empathie et ironie, accompagnement et distanciation amusée, respect et mélancolie comme devant de beaux combats perdus d’avance (...)
Dans le film, la LCR-NPA se manifeste d’abord par beaucoup de parlottes, de débats et de discussions sans fin. Quelle stratégie pour les échéances électorales à venir ? Comment sensibiliser les jeunes générations ? Comment régler la mire du rapport aux médias ? Comment concilier la célébrité d’Olivier Besancenot avec le refus du culte de la personnalité et de la notion de chef ?
La LCR apparaît ainsi comme une entité démocratique où la liberté de parole est entière. Mais ce primat de la parole n’est-il pas aussi la drogue mortifère, le piège dans lequel s’enferme la Ligue (comme la plupart des mouvements d’extrême gauche) ?
Dans une des séquences apparaît le sénateur PS Henri Weber, lui-même issu de la Ligue. En soixante-dix ans, dit-il, quel a été l’apport réel du trotskisme dans les transformations de la société française ? Quelle réforme l’extrême gauche a-t-elle imposée ? Weber pose les bonnes questions et ajoute qu’il lui faudrait deux heures pour énumérer les lois ou changements dus à la gauche de gouvernement.
Weber essuie une réplique virulente de François Sabado sur les compromissions ou trahisons du PS. Cet échange résume les questions que pose tout le film : agir, influer, transformer, cela ne suppose-t-il pas une certaine souplesse et quelques compromis – qui ne sont pas synonymes de compromission ?..."
"... observation tendre et ironique d’une mutation au cœur de l’extrême gauche française. Pendant un an, la réalisatrice a planté sa camér
"... observation tendre et ironique d’une mutation au cœur de l’extrême gauche française.
Pendant un an, la réalisatrice a planté sa caméra partout où elle pouvait assister à l’agonie de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) et au difficile accouchement du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste). Dans les meetings où jeunes rebelles à tee-shirts engagés bien que datés (le Che, Sandinista…) croisent des révolutionnaires un brin émoussés. Dans les réunions du bureau politique, alors que le facteur anticapitaliste tente avec l’énergie de l’espoir de convaincre les camarades qu’il ne doit pas être le messie médiatique qu’ils attendent. Sur les plages de la première université d’été, à Port-Leucate, entre plaisir de se retrouver et prises de parole absconses au mégaphone qui auraient eu leur place chez monsieur Hulot.
Pour la réalisatrice, l’occasion était trop belle d’ouvrir son film sur un moment drôle et un peu triste comme tous les déménagements. Avant de devenir le siège du NPA, les antiques locaux verdâtres de la Ligue, à Montreuil, font peau neuve. Les militants vident les armoires dans des bennes à ordures en contrebas de l’immeuble. Du passé, ils font donc table rase, mais non sans mal (...)
Outre l’affection avec laquelle Camille de Casabianca filme ses protagonistes, le docu laisse aussi grande ouverte la porte d’un avenir incertain, aussi excitant qu’angoissant..."
Nos offres d'abonnement
BASIQUE ETUDIANTS
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 4,99€ /mois
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
1 | € |
le 1er mois(1) |
SANS ENGAGEMENT puis 6,99€ /mois
PREMIUM
9 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
15 | ,99€ |
/mois |
SANS ENGAGEMENT
*A l'exception des films signalés
BASIQUE ETUDIANTS
49 | ,99€ |
/an |
Sur présentation d'un justificatif(2)
BASIQUE
69 | ,99€ |
pour 1 an |
PREMIUM
99 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
CINÉPHILE
175 | ,99€ |
pour 1 an |
* A l'exception des films signalés
Vous devrez fournir un justificatif de scolarité (carte étudiante ou certificat, en .pdf ou .jpg).
UniversCiné se réserve le droit d'annuler l'abonnement sans possibilité de remboursement si la pièce
jointe envoyée n'est pas conforme.
Offre valable 12 mois à partir de la date de l'abonnement
_TITLE