" La figure atemporelle et sexuelle de Giacomo Girolamo Casanova a déjà inspiré bon nombre de réalisateurs au cinéma, permettant à des acteurs tels qu’Alain Delon et Heath Ledger de prêter leurs traits au plus grand séducteur de l’Histoire. C’est au tour de John Malkovich de se glisser dans la peau de cette figure majeure de la liberté, aussi bien amoureuse que sexuelle, dans un film qui se joue des codes et des genres.
Michael Sturminger utilise ainsi plusieurs modes d’expressions artistiques, se servant de la fluidité musicale pour une mise en scène en abîmes à grande échelle qui fait s’entrecroiser le cinéma, le théâtre, la littérature, la musique et l’opéra. Cet hymne à l’hédonisme, à travers le portrait d’un homme qui a bien vécu, dans la jouissance du mal et de la jeunesse, sans aucun regret ni remord, se met en place grâce à la représentation d’un spectacle.Les jeux de scène, les répétitions, les coulisses mais aussi l’entracte constituent la majeure partie du film, dont la transcription d’un spectacle sur grand écran est fréquemment interrompue par des scènes où un Casanova vieillissant et même mourant rencontre l’une de ses anciennes conquêtes, venue le voir pour lui proposer de publier ses mémoires, alors en pleine phase d’écriture par un homme qui, ruiné, est devenu bibliothécaire en Bohême.
Les souvenirs de cet homme, dont les beaux jours sont derrière lui, se mêlent à ceux des jeunes filles qu’il a séduites par le passé.En prenant ainsi toutes les libertés dans sa mise en scène, Michael Sturminger fait de son long-métrage un vibrant hommage à la Commedia dell’arte. Le film se base ainsi sur les 5000 pages des mémoires de Giacomo Casanova et sur les plus grands chefs-d’œuvre de l’opéra, à savoir Le nozze di Figaro, Don Giovanni et Cosi fan tutte. Les figures de Casanova, Mozart et Da Ponte se conjuguent en musique pour rappeler que ces trois hommes, qui ont tous vécu au XVIIIe siècle, non seulement se connaissaient mais tenaient à vivre selon leurs propres principes et en toute liberté.
Les œuvres sont utilisées dans d’autres contextes, afin de rendre hommage à ce siècle des Lumières où la notion de liberté a pris tout son sens.Les acteurs, provenant de différents univers démontrent avec aisance que tous les genres artistiques peuvent se mêler efficacement. John Malkovich, dont le charisme n’est plus à démontrer, collabore ici une nouvelle fois avec Veronica Ferres, les deux acteurs ayant déjà joué ensemble dans Les Misérables et dans Klimt notamment. Des acteurs tels que Fanny Ardant font également une apparition, se mélangeant ici à de grands chanteurs lyriques et à des solistes tels que Florian Boesch, Miah Persson ou encore Kerstin Avemo. "
Virginie Morisson