
Bill Douglas : " George Loveless, c'est moi..."
Le cinéma de Bill Douglas s'écrit avec sentiments et humanité. C'est donc en s'identifiant au héraut des martyrs d1
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Angleterre, Dorset, 1834. Un groupe de laboureurs exploités par les propriétaires terriens et le clergé s'engagent dans une lutte pour recouvrer leur dignité.
Grande-Bretagne, Dorset, 1834. George Loveless et ses amis, laboureurs à Tolpuddle, sont de plus en plus exploités par les propriétaires terriens, avec la complicité du clergé. Ils s’organisent pour revendiquer des hausses de salaires, et créent en secret la Société Amicale des Laboureurs. Dénoncés par un propriétaire, six d’entre eux sont condamnés à la déportation en Australie. Devenus très populaires et hérauts d’une classe de plus en plus pauvre, ils deviennent les « martyrs de Tolpuddle ».
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" Autant les trois premiers films de Douglas étaient traversés par ces fulgurances douloureuses et révolté
" Autant les trois premiers films de Douglas étaient traversés par ces fulgurances douloureuses et révoltées que l’on associe à l’enfance, fût-elle de l’art, autant Comrades, par son ambition et son ampleur, présente toutes les caractéristiques du grand œuvre.
Cinq ans de recherches et d’écriture du scénario, un tournage émaillé d’innombrables incidents qui faillirent dix fois avoir raison du projet et de la santé mentale de son auteur, d’incessantes tracasseries financières, des disputes définitives et, enfin, une bataille féroce pour que le montage final de trois heures et dix minutes soit bien la version présentée en salles, Comrades rassemble tout ce qui constitue le cinéaste : son indignation fondatrice, son inébranlable conviction d’aller au bout de ses idées mais aussi son infatigable soif d’explorer un langage cinématographique unique, d’une radicalité, parfois même d’une brutalité, à l’opposé de la naïveté humaniste du propos.
(...) Tout le récit, à travers les illustrations fournies par les personnages, est comme soudé par le motif récurrent d’un saltimbanque, arpentant les villages et les campagnes courbé sous le poids d’un appareil compliqué. C’est une lanterne magique et l’homme est un montreur d’ombres, un fabriquant d’histoires, de fables, de légendes. Lui-même grand collectionneur des appareils ancêtres du cinéma, Douglas fait coïncider l’apparition des spectacles de forains vendant quelques instants d’illusion à un penny la séance, avec l’éveil d’une conscience sociale et d’un courage à imaginer un monde meilleur. Comme si la parenthèse enchantée d’une lueur traversant une plaque de verre colorée était, par son caractère merveilleux, le déclencheur d’une aspiration à d’autres rêves et à un avenir digne de ce nom. Comme si cette préhistoire de cinéma était la démonstration tangible qu’il existe forcément une autre réalité derrière ce quotidien intolérable."
" Bill Douglas magnifie cette lutte en l’enchâssant, avec une esthétique inattendue, qui prend à contre-pied
" Bill Douglas magnifie cette lutte en l’enchâssant, avec une esthétique inattendue, qui prend à contre-pied la geste habituelle et brise les conventions du cinéma engagé : tout est hiératique, lent, solennel et presque sacré, comme si la sédition était menée par des santons. Le village et les chaumières où l’on crève de faim, où l’on tremble de froid, où s’abat la désespérance, sont appréhendés tel un musée des arts et traditions populaires (admirable travail sur l’idiome et la vêture). Ce monde est peint, avec une science des cadrages et des couleurs qui transporte entre les frères Le Nain et Millet. "
Antoine Perraud" Un an après la trilogie autobiographique de Bill Douglas, la France peut enfin découvrir Comrades, fresque engag&eacut
" Un an après la trilogie autobiographique de Bill Douglas, la France peut enfin découvrir Comrades, fresque engagée sur la répression d’une bande de paysans britanniques en 1834.
L'Écossais Bill Douglas est un cousin éloigné de Ken Loach, un militant de la lutte des classes marqué au fer rouge. Mais, faute d’une filmographie prolifique, interrompue par une mort prématurée en 1991, à 55 ans, Bill Douglas n’a pas la notoriété de la génération dorée de cinéastes britanniques qui, outre l’auteur de Jimmy’s Hall, compte Stephen Frears et Mike Leigh dans ses rangs. Comrades, qui n’était jamais sorti dans l’Hexagone, date de 1986. (...)
Plus qu’une reconstitution historique, l'œuvre s’inscrit dans un contexte politique clivé. Le tournage devait initialement se dérouler en 1984, en pleine offensive, du gouvernement Thatcher contre les syndicats de mineurs. Cet environnement transparaît dans les partis pris narratifs, la caractérisation des personnages ou les choix de mise en scène où la violence et la souffrance s’expriment à l’écran (...) une pépite dans la lignée d’un cinéma engagé qui continue d’influencer tout un pan du septième art. "
" Huit shillings. Pas un de moins. C’est ce que veulent ces laboureurs du Dorset. Ils n’en auront que sept. En 1834,
" Huit shillings. Pas un de moins. C’est ce que veulent ces laboureurs du Dorset. Ils n’en auront que sept. En 1834, les propriétaires terriens ne s’inquiétaient pas de justice et d’égalité (...) Ils pouvaient jouer aux cartes, ricaner devant l’humilité de leurs paysans. Lorsque ceux-ci décident de se grouper en syndicat, les choses se gâtent. Cela ne va pas se passer comme ça. Les exploités de Tolpuddle sont déportés en Australie. Chaînes aux pieds, ils se transforment en martyrs. Ils deviennent des héros.
Dans Comrades, Bill Douglas s’attache à cet épisode peu connu de l’histoire anglaise. Son film ne ressemble à rien. Il s’agit de cinéma pur. On associait le réalisateur au noir et blanc de sa trilogie autobiographique. La couleur est ici sa plus fidèle alliée. Les images sont d’un peintre. Vert de la campagne, blancheur de la neige, gris des hivers et des toits de chaume, les tableaux se succèdent. Ils sont d’une beauté rare, évidente. Aux antipodes, la lumière est jaune, crue, violente. Le soleil écrase des champs pelés. Un montreur d’ombres apparaît à intervalles réguliers. Sa lanterne magique distrait les enfants. Son art annonce le 7e.
Douglas utilise toutes les ressources à sa disposition, ne se soucie pas des ruptures de ton. Par moments, l’image est immobile, muette, statique. À d’autres, les dialogues sont filmés en gros plans. Des passages s’attardent sur le travail d’un ébéniste, d’un imprimeur dont l’épouse est un peu olé-olé (comment traduit-on ça, dans la langue de Shakespeare?).
Cet hymne superbe à la liberté prend son temps, file un ton à lui, alterne les figures théâtrales avec un aspect documentaire. Si l’on caricaturait, on dirait qu’il s’agit d’un Barry Lyndon à la sauce Mélenchon. Un film où Vanessa Redgrave apparaît soudain en cavalière aristocratique et délurée ne saurait laisser indifférent.
Douglas a mis des années à mener à bout son projet. Cela en valait la peine. Il a réussi une œuvre unique, singulière, personnelle et universelle. Nous sommes tous des habitants de Tolpuddle. Voilà que nous devenons gauchistes. Tels sont les effets des grands films. "
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