En compagnie d'Eric Rohmer...
L'actrice Marie Rivière, héroïne inoubliable du Rayon vert, a présenté au Festival de la Rochelle 2010 un film h...
Magali, viticultrice, se sent isolée dans sa campagne depuis que son fils et sa fille sont partis. Une de ses amies, Isabelle, lui cherche un mari. A son insu.
Magali, viticultrice, se sent isolée dans sa campagne depuis que son fils et sa fille sont partis. Une de ses amies, Isabelle, lui cherche, à son insu, un nouveau mari. Quant à Rosine, la petite amie de son fils, elle veut lui présenter son ancien professeur de philosophie, Etienne. Etienne lui déplaît immédiatement tandis qu'elle se sent tout de suite attirée par Gérald, le choix d'Isabelle. Dernier des "Contes des quatre saisons". Un automne enchanteur qui a reçu le Prix du scénario à Venise.
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" Il y a la femme blonde ; grande et mince, nerveuse, elle est libraire dans une petite ville de la Drôme. Il y a la femme brune ; petite
" Il y a la femme blonde ; grande et mince, nerveuse, elle est libraire dans une petite ville de la Drôme. Il y a la femme brune ; petite et ronde, elle s’occupe d’un vignoble en Ardèche. Pourquoi? Pourquoi celle-ci comme ci et celle-là comme ça ? Pourquoi celle-ci a-t-elle un mari et l’autre pas ? Pourquoi ne racontera-t-on pas l’histoire de la fille de l’une, qui se marie, mais un peu celle de la copine du fils de l’autre, qui n’en finit pas de rompre une précédente liaison? Questions futiles ? Pas du tout ! Dans les lumières dorées d’un automne rhodanien, entre sourires mutins et petites manœuvres sentimentales, ce sont des grandes questions qui se jouent, avec une élégante légèreté.
Nous avons esquissé les personnages ; on aurait pu aussi bien décrire les lieux : quel sens a cette scénographie de la ville et de la campagne, ce jeu sur la nature et la culture (les vignes et les livres), le château d’Isabelle et la chaumière de Magali ? Quel est le rôle de ce fleuve qui coupe le paysage et dont le franchissement convoque des fantômes ? Et quelle place exactement occupent les tours jumelles de la centrale atomique dans cet éden modeste et contemporain ? On aurait pu raconter les objets, les systèmes de rimes et de contrastes entre les vêtements, les véhicules utilisés, les outils de travail. Ou, bien sûr avec Eric Rohmer, se fonder sur les mots, les énoncés, les références littéraires et théâtrales...
(…) Filmer ainsi, dans la transparence des corps, des visages et des mots, est exceptionnel. Rien, ni argent, ni matériel, ni savoir technique ou théorique n’y suffira jamais. Un film, c’est « a girl and a gun » (une fille et un flingue), disait-on hier à Hollywood ; Rohmer, souriant, prouve chaque fois qu’il le veut qu’un film est aussi bien « a girl and a sun », une fille et un soleil. La lumière et ses actrices entretiennent des affinités électives qui font un pur bonheur d’une conversation sur le vieillissement du vin ou l’organisation d’une cérémonie familiale. Et pas que les filles ! Rarement, chez Rohmer les hommes auront été eux aussi si excellemment campés. A la perfection des rouages de la mécanique narrative, du travail d’interprétation qui leur donne chair, des jeux allusifs qui leur donnent profondeur, Eric Rohmer adjoint la folie, le désir de vivre et d’être plusieurs sur terre.
La liberté. Du regard opaque de Marie Rivière sur lequel s’ouvre le film au regard opaque de Marie Rivière sur lequel il se clôt - elle dont l’œil est si clair entretemps -, il y a un mystère, qu’on ne résumera pas en énumérant ce qui pourrait hanter Isabelle. Son propre désir, demeuré implicite, refoulé ? La réflexion sur ses actes ? Ses doutes sur le bien-fondé de l’affaire ? Le récit lui-même, qui ne serait advenu que dans son esprit ?
Pas de réponse. La puissance exceptionnelle de Conte d'automne est radicale : tout cela n’a aucune Importance. Contre les flics de la fiction, qui toujours réclament qu’on « renforce le scénario» comme d’autres renforcent les mesures de sécurité, le cinéma moderne a souvent joué l’évasion par le refus du script. Eric Rohmer peut affronter avec virtuosité cette épreuve sans filet - Le Rayon vert ; entièrement improvisé, en témoigne exemplairement. Mais depuis longtemps - un petit demi- siècle...-, ce moderne pétri de culture classique réfléchit aux dangers que la radicalité fait courir aux films : manque de lisibilité des événements racontés, asphyxie dès personnages, présence envahissante de l'auteur au détriment du film... Eric Rohmer n’a jamais renoncé à dépasser l’enlisement de l’académisme. Il y parvient cette fois mieux que jamais. La manière dont il organise son échappée hors des pesanteurs du scénario est un modèle de réussite stratégique."
"... Voilà Marie Rivière (Le Rayon vert, 1985) et Béatrice Romand (Le Beau Mariage, 1981) de retour aux affaires, mûres et s'assumant comme
" Sous des apparences frivoles d’aimable marivaudage campagnard, la preuve qu’Eric Rohmer est un grand cinéaste du tourment intime. Dernie
" Sous des apparences frivoles d’aimable marivaudage campagnard, la preuve qu’Eric Rohmer est un grand cinéaste du tourment intime.
Dernier épisode de la série des Contes des quatres saisons, Conte d’automne est le récit d’un sursaut, d’un désordre qui vient bouleverser le cours banal des choses et des êtres, d’une perturbation qu’on n’osait plus espérer. Cette perturbation, on peut l’appeler désir de fiction, besoin mal rassasié de romance ou jubilation de concocter une savante machination amoureuse. Elle contient non pas une certitude de changement mais sa possibilité, la mise en branle d’un monde jusque-là fini, son ouverture éventuelle sur des horizons neufs. Elle contient surtout la promesse de l’apparition d’un nouveau personnage, d’un inconnu surgi de nulle part, irréductible à la sphère familiale, amicale ou amoureuse.
Conte d’automne est également un film de couloir, non seulement parce qu’il ne cesse de suivre les oscillations, géographiques, verticales et encadrées de ses personnages, comme leurs hauts et leurs bas sentimentaux, mais aussi parce que son paysage vient renforcer l’idée que la voie est décidément très étroite entre la conquête d’un bonheur acceptable et l’agonie solitaire. A chaque rond-point, souvent appréhendé en caméra subjective à travers le pare-brise de la voiture, le spectateur sent Magali (la femme à marier) hésiter quant à la conduite à tenir, la direction à prendre et l’attitude à adopter face à ce Gérald (le bel inconnu) que cette bonne âme d’Isabelle (sa meilleure amie) a placé sur sa route."
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