DAVID LYNCH
Nous avions consacré le mois dernier un article sous forme de classement à l'un des cinéastes chers à notre coeur,1
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Dans un cirque de l'Angleterre victorienne, un chirurgien assiste au spectacle de "l'homme-éléphant", homme difforme réduit en bête de foire. Peut-il l'aider ?
Londres, 1884. Le chirurgien Frederick Treves découvre un homme complètement défiguré et difforme, devenu une attraction de foire. John Merrick, " le monstre ", doit son nom de Elephant Man au terrible accident que subit sa mère. Alors enceinte de quelques mois, elle est renversée par un éléphant. Impressionné par de telles difformités, le Dr. Treves achète Merrick. Le chirurgien pense alors que " le monstre " est un idiot congénital, mais découvre rapidement en Merrick un homme meurtri, intelligent et doté d'une grande sensibilité.
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" Le second film de David Lynch est taillé dans la même chair vidée que le premier. Mais la matière lynchie
" Le second film de David Lynch est taillé dans la même chair vidée que le premier. Mais la matière lynchienne est avantageusement habillée de vérité. Pas de ville imaginaire qui ait l'air d'un vaste dépotoir comme dans « Eraserhead », mais le Londres du siècle dernier s’engloutissant dans les fumerolles de la révolution industrielle. Pas de bébé-fausse couche qui ressemble à un lapin écorché, mais un malade incurable boursouflé de tumeurs géantes. Pas de voisine fantomatique'ou de chanteuse lépreuse pour susciter une libido moibide, mais des putes syphilitiques que l'on jette par jeu dans les bras du monstre. Et ainsi de suite... A la revoyuure, on se surprend à noter que les scènes «à émotion » du film — les premiers mots de Merrick, sa première partie dethé, sa première sortie dans le monde — sont traités dans un style fade qui rompt singulièrement avec la flamboyance des passages plus cruels ou voyeuristes.
Dans la séquence d'ouverture, une femme enceinte, la future maman de l'homme-éléphant est renversée par un troupeau de pachydermes filmés avec force filtres et objectifs tarabiscotés. Lynch ne peut pas être plus clair. Son héros est peut-être un cas médical reconnu et répertorié, il a, quant à lui, choisi de le filmer comme le résultat d'une monstrueuse alchimie freudienne. Le réalisateur déclarait: «A mes yeux, les êtres et les choses sont inachevés. En cours d’achèvement. Quand ils se modifient, ils offrent au regard une “texture” intéressante. »
Depuis la série «Twin Peaks», tout le monde sait que Lynch aime les monstres «physiquement». Mais combien auraient admis en 1981 qu'« Eléphant Man» est un éloge sensuel de la difformité. Impossible de ne pas voir que Bykes, le sadique montreur de foire parie à sa créature comme à une maîtresse (« mon trésor»), quand il ne s’attarde pas à lui caresser la tête. Et c'est en cocu offusqué que Bykes vient rédamer à son rival, le Dr Treves, le retour de Merrick sur les planches de sa baraque. Lors de l'exhibition sdentifique de L'homme-éléphant, le médecin met ouvertement l'accent sur « l'appareil génital normal » de son patient. A l'évidence, c'est la dimension érotique de l'homme-éléphant qui, à l'époque, avait guidé Lynch à travers ce labyrinthe d'émotions contraires.On laissera donc le squelette de John Merrick à Michael Jackson et sa beauté intérieure aux vertueux... Il est grand temps (...) de redécouvrir les sombres attraits de sa dévastation."
" La réussite de David Lynch naît de son goût singulier. Mais, surtout, il sait nous faire partager son évide
" La réussite de David Lynch naît de son goût singulier. Mais, surtout, il sait nous faire partager son évidente sympathie pour le personnage. Nous sommes, comme lui, touchés par le cauchemar d'un homme sensible, raffiné, prisonnier d'une enveloppe charnelle inouïe, insupportable et qui, cependant, a droit à la différence. Jusqu'au bout, le destin de son héros nous bouleverse ; le croque-mitaine devenu dandy avait l'espoir de vivre comme tout le monde. Elephant Man nous ramène au temps où le cinéma s'enthousiasmait pour King Kong, "la huitième merveille du monde". C'est un moment de joie que de découvrir un cinéaste majeur qui, outre sa maîtrise technique, possède une sorte de grâce unique. Pour son deuxième film, David Lynch signe une oeuvre qu'on dirait tombée de la lune. Mais c'est sa face cachée qu'il nous révèle."
06/04/1981" On l’a déjà souligné à juste raison, Elephant Man se signale avant tout par sa facture classique.
" On l’a déjà souligné à juste raison, Elephant Man se signale avant tout par sa facture classique. Non pas qu’elle renvoie expressément aux prestigieux modèles de la grande période du film dit d’horreur, celle des années 1930. Il a en commun avec eux, évidemment, d’être photographié en noir et blanc et de se refuser aux représentations faciles de la violence (...)
Mais il n’a rien de leur élégance sophistiquée (celle qui, dès 1932, faisait du Dr. Jekyll and Mr. Hyde de Rouben Mamoulian une œuvre d’un raffinement suprême), et c’est plutôt sa qualité de « primitif » qui retient l’attention. S’il fallait des références, ce serait dans les films de la période muette qu’il conviendrait de les rechercher (films rares, mal connus de nos jours, le genre n’ayant pas été exploité de façon aussi intensive en ce temps-là), et le maquillage de l’homme-éléphant mis au point par Chris Tucker fait plus songer à ceux du vieux Lon Chaney (Quasimodo) qu’à ceux des monstres lâchés sur les écrans par la compagnie Universal après le triomphe de Frankenstein.
C’est que David Lynch n’a pas eu l’intention de faire un spectacle de choc destiné à nous arracher des cris d’effroi ou à nous plonger dans un pernicieux malaise. Tout son propos tend, au contraire, à susciter au plus vite la compassion qu’il veut que nous éprouvions pour son personnage, à nous faire découvrir la dignité humaine qu’il recèle afin que nous le reconnaissions pour un des nôtres et que nous nous retrouvions convaincus, aux dernières images, que son corps, quelque monstrueux qu’il puisse être, doit être reconnu lui aussi comme une sorte de demeure sainte, celle de l’esprit, celle de Dieu. Elephant Man est un film dont les résonances chrétiennes ne sont pas seulement l’effet de la reconstitution de l’époque victorienne qu’il nous propose, elles sont consciemment orchestrées, revendiquées, et tendent à nous communiquer un message spiritualiste.
(…) Cependant, Elephant Man s’inscrit dans le courant de nos préoccupations morales contemporaines, celles qui tendent non seulement à nous contraindre à surmonter les réticences que nous éprouvons à l’égard de la « différence » d’autrui, mais encore à nous faire, dépasser le stade ambigu de l’apitoiement (qui n’est qu’un don du fort au faible, du normal au déviant) pour atteindre celui de là reconnaissance totale de son égalité avec nous, celui de l’identification de notre normalité à ce que nous pouvons voir de plus extraordinaire ou de plus choquant en l’autre.
Avec la simplicité d’une fable qui peut s’adresser au public le plus naïf, Elephant Man décrit la fascination qu’exerce le monstre et souligne que la connaissance que nous pouvons avoir de lui passe nécessairement, et de façon tragique, par une exhibition de mauvais aloi et par l’exploitation de son caractère spectaculaire. Exploitation commerciale du cirque et de la baraque foraine, exploitation suscitée par la curiosité légitime des hommes de science et, dans une Angleterre traditionnellement portée à goûter les excentricités de la nature, par la curiosité mondaine et le snobisme.
Cette dimension tragique voulue par David Lynch est inhérente, il me semble, à la peinture du cadre victorien où évolue son personnage. Elle était absente de la démarche de Tod Browning (qu’on ne manquera pas d’évoquer à propos d’Elephant Man), qui ne souffrait pas de voir ses créatures de Freaks appartenir, sans espoir d’y échapper, au domaine du cirque et qui jugeait,- avec une santé médiévale, tout naturel qu’elles vivent dans un monde où l’illusion et le factice se mêlent intimement aux réalités du cœur et de l’esprit."
"(...) grâce à ses interprètes (dont l'homme éléphant, John Hurt, qui malgré un maquillage
"(...) grâce à ses interprètes (dont l'homme éléphant, John Hurt, qui malgré un maquillage repoussant sait devenir presque... attirant, une étonnante performance), et grâce à sa pudeur et à l'intelligence de sa mise en scène, [David Lynch] a fait de ce film qui n'a d'ailleurs rien de fantastique un... fantastique plaidoyer pour la tolérance, la générosité, la compréhension de cette 'différence', qui, physique, religieuse, raciale ou autre, suscite encore, hélas !, toujours les mêmes réactions de rejet et de haine, et dont il nous montre, ici, qu'avec un peu de respect et de générosité elle peut finir par n'avoir plus d'importance. Parce que, derrière, on trouve toujours un être humain..."
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