Pendant qu'une foule en vacances longe les côtes méditerranéennes à bord du Concordia (quatre ans avant son naufrage), deux enfants réinventent la politique...
Alors qu'une foule en vacances longe les côtes méditerranéennes à bord du Costa Concordia (4 ans avant son naufrage), deux enfants réinventent la politique en forçant leurs parents au débat. Qu'est devenu le berceau de la démocratie ? Godard filme la légendaire méditerranée et livre pour bilan une "symphonie en trois mouvements" dont les invités sont Bernard Maris, Elias Sanbar ou Alain Badiou.
"Les quarante-cinq premières minutes, sur la croisière, avant que le film ne se pose un peu aux côtés de la famille Martin, sont une rafale inouïe où Godard met dans un même circuit visuel toutes les natures d’image : de la haute et de la très basse définition, des images tournées par lui et des anonymes, chargées sur le net, piquées dans un générique de Soir 3, des plans de cinéma illustres (Les Cheyennes de John Ford…) et d’autres vraiment pourris, comme issus d’un téléphone portable, des archives historiques, des retransmissions sportives, des documentaires animaliers…Toutes interrompues : c’est le sort commun à chacune d’elles. Que ce soit Badiou en train de parler, Patti Smith en train de chanter, un acteur en train de jouer, rien n’excède quelques dizaines de secondes, tout semble extrait, prélevé, présenté sous une forme incomplète.
Le film avance selon une logique de clic ultrarapide, une fenêtre chasse l’autre, rien ne doit s’installer. Le sens provient toujours d’un rapprochement inattendu, d’un raccord étonnant (“On ne peut comparer que l’incomparable”, entend-on). Et Godard orchestre aussi des sorties de route vers l’abstraction lyrique, jouant en virtuose de la pixellisation, prenant en compte jusqu’à la dénuder la matérialité numérique d’une image comme hier il jouait avec la vitesse de défilement du cinéma dans Sauve qui peut (la vie).
Le geste du film n’est pas différent de celui de beaucoup d’internautes, qui, dans leur petit labo, puisent dans le grand stock visuel disponible pour bricoler de nouveaux petits agencements et balancer tout ça sur YouTube."
Jean-Marc Lalanne
Le Monde
" Godard fonctionne par enchaînements d'images. Les liens ne sont pas évidents, mais ils permettent de rebondir d'une notion à une autre, ju...
" Godard fonctionne par enchaînements d'images. Les liens ne sont pas évidents, mais ils permettent de rebondir d'une notion à une autre, jusqu'à l'aboutissement d'une logique. D'où ce choix d'abriter cette "sainte famille" dans un garage (comme dans Je vous salue Marie, en 1985), d'y flanquer un âne (celui de la crèche). On y lit Les Illusions perdues de Balzac, titre se référant aux déceptions de toute une vie, qu'elles soient privées, politiques, historiques."
Jean-Luc Douin
Télérama
"(...) Il y a belle lurette que Godard n'est plus un militant. Lorsqu'il transporte avec lui sa caméra sur un paquebot pour suivre une croi...
"(...) Il y a belle lurette que Godard n'est plus un militant. Lorsqu'il transporte avec lui sa caméra sur un paquebot pour suivre une croisière, à travers la Méditerranée, c'est à pleurer. Un raccourci saisissant de l'Europe actuelle. Dans cette ville glissant sur l'eau, on croise une joggeuse sur le pont, des fidèles assistant à une messe (?), des vacanciers par centaines qui se restaurent dans un brouhaha infernal. Tout, ici, arrive à saturation -- y compris le son « dégueulasse » de la musique, dans la boîte de nuit, que Godard enregistre tel quel.
C'est donc ça, l'Europe moderne qui avance : une industrie du tourisme si puissante que la Méditerranée elle-même semble avoir été privatisée ! Comme Godard reste un incorrigible romantique germanophile (les dialogues regorgent d'allemand), il compense ce spectacle obscène par des images sublimes de la mer - couleur d'encre, surtout - et du pont enflammé de bleu et de jaune. Et puis il ajoute une bribe de fiction autour d'un magnat mystérieux, accompagné d'une espionne qui enquête sur la disparition d'une cargaison d'or au moment de la guerre d'Espagne.
(...) Le problème, c'est qu'aujourd'hui « les salauds sont sincères ». Autant dire que les chances du socialisme s'amenuisent encore plus. Godard semble prendre acte d'une fin de l'Histoire, sans totalement perdre le fol espoir de voir un jour l'Europe heureuse.
(...) L'avenir appartient aussi à ces enfants qui traînent dans les parages, tournent autour des adultes. Le cinéaste les regarde comme des bêtes curieuses et les intègre, malgré tout, sur son arche - comme les animaux, du reste. Le lama, l'âne et les chats semblent détenir une vérité, un feu sacré que les hommes ont perdu ou n'ont peut-être jamais eu. Etre un poisson des abysses et regarder vers le haut : c'est la profondeur délivrée du langage, dont Godard a toujours rêvé. Enfin une image de paix."
Jacques Morice
Avis
Philéas Fogg
au sujet de
Film socialisme
Quand la loi est injuste, le justice passe avant la loi Vive Jean-Luc Godard, vive le socialisme historique.
Philéas Foggau sujet de
Film socialisme
Quand la loi est injuste, le justice passe avant la loi Vive Jean-Luc Godard, vive le socialisme historique.
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Quand la loi est injuste, le justice passe avant la loi Vive Jean-Luc Godard, vive le socialisme historique.