Dominique Cabrera : "Je me perdais et c’est devenu une richesse"
Avec ses images d'abord saisies au vol des réunions de famille, Grandir (présenté au Festival Cinéma du Réel puis1
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Dix ans d'archives d'un roman familial ordinaire. Echos d'exils, filiations, transmissions... où passé et avenir s'inscrivent au creux des visages.
Après son journal intime filmé, "Demain et encore demain", la réalisatrice de "Nadia et les hippopotames" et "De l'autre côté de la mer", a repris le chemin d'un roman familial à travers l'image. Pendant dix ans, elle a collecté les jours heureux puis a cherché révéler, par le montage, le lien qui les unit. Souvenirs, filiations, échos d'images et de corps, passé et avenir au creux des visages... En sélection officielle du festival Cinéma du réel 2013, et disponible en Vod, en exclusivité sur Universciné, jusqu'au 30 Avril 2013. Version française, sous titrée en anglais. > Sortie en salles le 23 Octobre 2013
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" Tout commence par une réunion de famille qui, dans la nouveauté prometteuse d’un remariage du frère de la réalisatrice aux États-Unis, ne
" Tout commence par une réunion de famille qui, dans la nouveauté prometteuse d’un remariage du frère de la réalisatrice aux États-Unis, ne rassemble en fait que les quatre frères et soeurs et leurs parents, délestés pour ce voyage de leurs conjoints et enfants. Est-ce parce que ces retrouvailles renvoient au noyau familial de l’enfance que Dominique Cabrera, croyant filmer l’événement, a mal actionné la caméra, perdant un moment ses moyens de cinéaste professionnelle ?
De ces actes manqués, d’une traversée des supports de filmage aussi, la cinéaste fait la pâte d’un home movie tourné dix ans durant. Déjà dans son journal filmé de l’année 1995 intitulé Demain et encore demain, Cabrera filmait un simple morceau de pain « pour le voir », comme si seule la caméra pouvait ordonner la matière chaotique du réel.
En incluant dans O heureux jours sa recherche en Algérie des racines de sa mère née sous x, elle perpétue cette démarche à travers les générations. Mais ce métrage accumulé avec amour ouvre forcément à l’élégie : le revoir, c’est anticiper la mort sur le visage des vivants. Est-ce un hasard si, comme un contrepoison, c’est le fils de la cinéaste qui tient à la fin la caméra ?
" Réunissant pas moins de dix années d’images volées de sa famille, avec le consentement tacite de ses membres, faisant rayonner son film bi
" Réunissant pas moins de dix années d’images volées de sa famille, avec le consentement tacite de ses membres, faisant rayonner son film bien au-delà de cette période à travers l’exploration d’images préexistantes à la création (photos de famille, films Super 8 de son père, souvenirs convoqués au présent), Dominique Cabrera impressionne le temps, collectionne ses épisodes, en redéfinit les contours en tissant des liens se répondant les uns aux autres grâce et à partir de son exploration reconstituée au montage.
Album de famille mouvant, machine à remonter le temps, enquête sur les stigmates du présent qui reconditionnent à rebours les données admises et bouleverse l’histoire familiale –et avec elle celle, collective, des exilés de l’histoire française (l’Algérie) –, ce documentaire pointe et construit des correspondances troublantes : héréditaires dans le fond, mais dont la réalisatrice nous fait les légataires par l’intermédiaire d’une forme hétéroclite, imparfaite, involontairement, nécessairement.
Profond, sensible, bouleversant même, par moments. À partir d’une histoire circonscrite et d’un regard singulier qui se poursuit au long cours, Dominique Cabrera nous attache et nous prend au piège de son histoire à elle, par un retrait continu et accidentel (...) nous conviant aux déjeuners dominicaux sur une terrasse ensoleillée, à un mariage américain, à la naissance d’Oscar, son neveu, aux réveillons de Noël compliqués par les insomnies inquiètes d’une nièce qui font écho à l’enfance de la réalisatrice, à l’enterrement de son père qu’elle nous a depuis longtemps rendu familier, en nous rendant partie prenante, enfin, d’une quête d’identité enchâssée (...)
Si ces jours heureux abandonnent les conflits familiaux au hors champ, ils réapparaissent en filigrane dans les commentaires de la mère et les aveux de faiblesse de la réalisatrice, comme soufflés, pour nous, ou pour elle seule : ce sont les coutures qui craquent, celle d’un habit longtemps porté et qu’il était temps de repriser en le refaçonnant aux couleurs des jours partagés. Des jours en creux, des émotions comme des vagues et une déclaration d’amour aux siens, au lien."
" Les cinéphiles heureux qui ont vu en son temps Demain et encore demain de Dominique Cabrera savent déjà combien, armée d'une "petite camé
" Les cinéphiles heureux qui ont vu en son temps Demain et encore demain de Dominique Cabrera savent déjà combien, armée d'une "petite caméra", elle est capable de parler avec justesse, force et sensibilité du temps qui passe, qui fuit, qui s'échappe, qu'on aimerait retrouver, retenir... Et pour quoi d'autre faire du cinéma après tout ? Pour dire et pour montrer quoi d'autre ?
Si le nouveau film de Cabrera nous a tant bouleversé ce soir, au point, comme la majorité des spectateurs présents de ne pas trouver la "force" trop prosaïque de l'applaudir tout de suite, c'est aussi par cette simple évidence : dans ce torrent d'images cannoises souvent trop fabriquées, trop travaillées et trop artificielles, les "gens ordinaires" (l'expression est de la cinéaste) qui apparaissent dans O HEUREUX JOURS nous donnent tout simplement à respirer.
Ces sœurs et frères humains, nourris évidemment au lait de la tendresse humaine, nous renvoient notre propre image. Comme eux, comme cette famille, nous tentons de vivre au plus près de nos émotions, sans jamais nous parler assez, sans jamais nous raconter suffisamment. Mais c'est manifestement la loi du genre familial. Alors la petite caméra de la petite Dominique devenue grande n'est rien d'autre que l'instrument dérisoire et indispensable de la conservation du temps qui passe. "Il faut aller de l'avant" dit-elle à un moment. Or, notre condition humaine fait qu'aller de l'avant, c'est aller vers la mort. A chacun de se débrouiller avec cet insupportable paradoxe, y compris en filmant, comme le fait Cabrera avec une impudeur d'une grâce sidérante et d'une incroyable douceur, le corps du père défunt dans son cercueil. C'est peut-etre à ce prix que vivre sera toujours notre dernière volonté. Et le film de Dominique Cabrera nous y aide assurément. Rien de trop ici, rien d'appuyé, mais une musique juste, entre le particulier de nos destins individuels et l'universel de nos vies. On rit, on pleure. On sait dès les premières images que le voyage sera finalement rude parce que le passé ne passe jamais (ici le secret d'une adoption), mais on sait tout autant que par le cinéma, à travers ses images et son incroyable statut de "filmeuse" (comme dirait Cavalier...), la cinéaste parvient à tenir entre ses mains le présent.
Arrivent alors d'on ne sait trop quel moment de grâce lumineuse ce visage de petite fille dont Dominique Cabrera a parfaitement raison de dire qu'on y voit l'instant d'une image le visage de la femme qu'elles sera demain. Oui, les fantômes viennent à la rencontre de Cabrera, elle les convoque même et ils sont ici algériens, mais dans le même temps, dans le même mouvement, elle convoque également l'avenir qu'on peut lire sur chaque visage des enfants de cette famille, et même sur celui, ridé, mais si beau de la mère de famille car, comme l'écrivait Aragon, un "sourire peut dire la musique de l'être humain".
"Quinze ans après Demain et encore demain, Dominique Cabrera fait à nouveau œuvre intime. C’est avec le projet tout bête de réaliser un peti
"Quinze ans après Demain et encore demain, Dominique Cabrera fait à nouveau œuvre intime. C’est avec le projet tout bête de réaliser un petit film à l’occasion du remariage de son frère aux Etats-Unis qu’elle a d’abord (re)commencé à filmer les siens. Le charme opérant et les questions se précipitant au fil des images engrangées, la réalisatrice a poursuivi l’exercice. De simple captation, l’entreprise devient théâtre de vie, mêlant histoires personnelles et marche universelle de l’existence. (...)
Un bouleversant et poignant condensé de la condition humaine."
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