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A 10 ans, Nastasjia souhaite devenir comédienne et rencontre plusieurs acteurs pour échanger autour de ce métier.
A 10 ans, Nastasjia souhaite devenir comédienne. Son grand-père, le philosophe Jacques Sojcher, projette sur elle son désir non réalisé d’être acteur. Nastasjia rencontre alors plusieurs comédiens qui lui parlent de leur métier. Patrick Chesnais, Michaël Lonsdale, Denis Podalydès, Philippe Torreton… et une actrice, Micheline Presle, qui joue depuis 75 ans. Entretemps, le père de Nastasjia, Frédéric Sojcher, s'inquiète pour son avenir...
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" Voilà un documentaire inattendu. Une gamine interroge des acteurs pour en savoir plus sur ce métier. Ils lui disent des choses très justes
" Voilà un documentaire inattendu. Une gamine interroge des acteurs pour en savoir plus sur ce métier. Ils lui disent des choses très justes, très belles. Il y est question de persévérance, de panache (« C'est une façon de mettre de la beauté et de l'élégance dans sa révolte », dit Jacques Weber), de l'observation des autres et de lucidité.
Etre acteur n'est pas une sinécure. François Morel explique les raisons d'un trou de mémoire. Michael Lonsdale est un bouleversant patriarche. On peut voir Je veux être actrice sans prétendre faire ce métier. Ça parle à tout le monde, avec grâce et simplicité du jeu et de la vie. "
" Chacun lui transmet son petit son de cloche, et c’est très bien ainsi parce que c’est aussi, de biais, en sous-main, à travers notamment l
" Chacun lui transmet son petit son de cloche, et c’est très bien ainsi parce que c’est aussi, de biais, en sous-main, à travers notamment le personnage omniprésent de Papou, le grand-père philosophe, belge et juif de Nastasjia, un film (“de famille, documentaire ou de fiction ?”, se demande à un moment Sojcher) sur la transmission, le passage, le relais entre les maîtres et les apprentis de l’artisanat du spectacle. C’est un film léger, volatile, mais touchant."
Jean-Baptiste Morain" Ce film présente en effet simultanément un personnage qui fournit son titre à l’œuvre, un regard porté sur sa parentèle, et une plongée da
" Ce film présente en effet simultanément un personnage qui fournit son titre à l’œuvre, un regard porté sur sa parentèle, et une plongée dans le milieu professionnel où vit son scénariste et réalisateur, à savoir ce que l’on nomme familièrement la grande famille du théâtre et du cinéma. Donc, au cœur du dispositif, nous faisons connaissance de la postulante et pétulante comédienne Nastasjia Sojcher, fille du réalisateur et ainsi prénommée en hommage à Nastassja Kinski (...)
Je veux être actrice s’embarque dans une exploration de l’acteur salvatrice. Pas de grand débat ou de choix cornélien entre tréteaux et plat
Je veux être actrice s’embarque dans une exploration de l’acteur salvatrice. Pas de grand débat ou de choix cornélien entre tréteaux et plateaux de cinéma. Au contraire, le nouveau documentaire de Frédéric Sojcher ( Cinéastes à tout prix) réconcilie la grande famille des comédiens et au passage, la sienne (...)
La forme s’avère surprenante. Elle gratte un peu au premier abord avec une introduction dans laquelle une gamine joue les stars. Pendant cette longue séquence d’essayage de boucles d’oreille étoilées et alors que le générique déroule lui aussi un casting de prestige gros comme une soirée des césars, la situation horripile. Mais l’impression d’être coincé dans un de ces rituels de l’intime qui suscitent l’enthousiasme à la télé-réalité ou sur You tube, est vite réfutée par un angle créant un tierce point de vue entre celui du sujet et du spectateur-voyeur (...) ce qui s’annonce comme un film pédagogique à la première personne, va déraper vers un journal filmé pluriel déployant durant son tour de piste, un large éventail de jeux du théâtre sans jamais perdre la grâce du je de l’autofiction.
Dans l’entreprise casse-gueule qui consiste à mettre en scène sa vie et ses proches, Frédéric Sojcher ne manque pas d’autodérision. Cela ne surprendra pas les habitués du cinéaste belge évoluant entre fiction et documentaire, pas plus que les lecteurs de son Manifeste du cinéaste qui mélangeait déjà l’analyse subjective à la pratique objective d’un métier passionnant mais parfois douloureux. Un parcours sinueux peuplé par une galerie de comédiens qu’il tire de son chapeau pour épater sa Shirley Temple en herbe.
Ils sont tout autant les hérauts de son œuvre que des proches hantant son passé, spectres d’une carrière qui ne compterait « que » 10 courts métrages et quatre longs métrages à ce jour, dont Climax ( 2009 avec Patrick Chesnais ), Hitler à Hollywood ( 2001 avec Micheline Presle et Maria de Medeiros ou Fumeurs de charme ( 1985 avec Michael Lonsdale ). Revisiter leurs métamorphoses à partir d’extraits de ses propres films relève de l’exorcisme d’un rêve de gosse réapparu sous l’impulsion du désir de sa fille de devenir un jour comédienne. Chez Sojcher, c’est toujours faire des films à tout prix ! L’Auteur poursuit peut-être aussi ses propres questionnements sur la nature ambivalente des comédiens. Après tout, il est porteur de cette même schizophrénie créatrice qui le fait à la fois enseignant ( à la Sorbonne ), théoricien et auteur-cinéaste. Sa réflexion se coule dans un roman d’apprentissage, bombardant sa fille comme comédienne principale d’un film qui reste documentaire mais la rend pleinement actrice de son existence. Car Nastasjia est amenée à évoluer sur la scène des adultes. Pire encore, dans ce monde des comédiens – tous « bigger than life » – et qu’elle doit convaincre de sa légitimité. Pour accompagner l’introspection, le cinéaste glisse ça et là des captations sur scène, mais aussi des cours de théâtre filmés montrant l’actrice en formation ou encore des souvenirs de famille.
Le déroulement du récit résulte ensuite d’une cartographie parisienne, à la fois théâtre des opérations et communauté de vie à laquelle appartient désormais, au moins à mi-temps, la famille Sojcher. Ainsi, la tour Eiffel ne cesse d’apparaître comme un leitmotiv à l’étranger résident en France, point central aimantant les allées et venues des exilés bruxellois. Les lieux permettent aussi à l’occasion d’entretenir une dialectique avec les textes et références cités. Par exemple, sur un bateau mouche où il en fait des caisses, Yves Alfonso évoque Michel Simon en figure tutélaire, devenant à son tour un émouvant père Jules pour Nastasjia. Le plus important de ces lieux est hautement symbolique : la Comédie française. Là, le très beau plan dans un couloir bordé par les statues anciennes, montre la progression que grand-père, père et fille effectuent avec ce nouveau film, les bustes de marbre ramenant le spectateurs aux témoins rencontrés ici, tous prima donna : Patrick Chesnais et sa famille, le comique Jean-François Derec, la marraine Micheline Presle, François Morel, Michael Lonsdale, Philippe Torreton, Jacques Weber, Denis Podalydes, pour ne citer que la fine fleur de la distribution.
Les confessions se succèdent : l’histoire d’un prénom, repiqué à la belle Nastasjia Kinski disparue prématurément des radars. Nom de baptême doublement difficile à porter car pénible à orthographier pour les critiques de cinéma ou les attachés de presse ! En off, la gamine à la détermination décidément inébranlable, prend le spectateur pour confident, rétif puis compréhensif vis à vis d’un travail de sape qui met en danger sa certitude juvénile par la rencontre avec l’instabilité permanente qui caractérise le métier d’acteur. Patrick Chesnais avouera devant la caméra « J’ai du mal à jouer la joie… », révélant sa fragilité pour mieux nous émouvoir (...)
En prêtant l’oreille à chacun, la caméra ne perd pas une miette des réactions de son héroïne. L’observation débute par la prédisposition de l’enfant à jouer pour achopper sur sa difficulté à reproduire ce qu’il ignore, ce qu’il ne peut pas être, n’ayant pas encore de masques à retirer. La mise en scène hésite constamment entre direction de personnages arrachés au réel pour être grimés en Scapin d’un jour et ces comédiens saisis de façon naturaliste en pleine introspection, sondant leur art, leur métier, leur condition ( « On est comme des enfants » ).
Il fallait trouver ici un passeur. Ce sera Jacques Sojcher, le grand-père philosophe qui lui aussi a toujours souhaité jouer la comédie, se réalisant ponctuellement chez André Delvaux ou Claudio Pazienza avant que de choisir l’enseignement en alternance avec l’écriture. C’est donc à dessein qu’il cite Nietzsche en devise ( « Deviens ce que tu es » ) puisqu’il est vite question de mettre le cap vers la réalisation de soi, la construction : « on joue, on apprend, on sait pas et c’est pas grave »…
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