Ossama Mohammed : "1001 Syriens, elle et moi"
C'est, assurément, l'un des plus beaux films du festival de Cannes 2014. Et l'un des très grands films de l'année.1
1954. Guerre d'Indochine. La 317e section doit fuir par la forêt hostile où sont les Viêt-Minh. Pendant cette fuite, la hiérarchie se transforme en amitié...
En 1954, en pleine guerre d'Indochine, la 317e section locale doit abandonner son petit poste à la frontière du Laos pour se rendre à cent cinquante kilomètres plus au sud. A travers la forêt hostile, les forces Viêt-Minh déferlent sur les Français... Prix du scénario au festival de Cannes 1965, "La 317e section", avec sa mise en scène " sur le vif", en forme de reportage, constitue l'un des témoignages les plus saisissants sur la guerre vue du côté des soldats. Coppola dit s'en être inspiré pour "Apocalyse Now" et le film, devenu un classique, reste sûrement le film le plus représentatif et le plus fort de l'oeuvre du cinéaste.
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"Alors correspondant de guerre en Indochine, Pierre Schoendoerffer a vécu et ressenti très profondément les &eacu
"Alors correspondant de guerre en Indochine, Pierre Schoendoerffer a vécu et ressenti très profondément les événements de ce conflit colonial, qui divisa l'opinion française, bien que la nation y ait été moins directement impliquée que dans la guerre d'Algérie : aucun soldat du contingent ne fut envoyé en Indochine, où ne combattaient que des volontaires.
Mais ce film, réalisé dix ans après la chute de Diên Biên Phu, est un hommage à ceux qui se sont sacrifiés, un témoignage « à hauteur d'homme ». L'opposition puis le rapprochement Torrens-Willsdorf sont les seuls éléments romanesques (au reste discrets) d'un récit construit sur la lutte quotidienne du militaire en opération. Un regard lucide posé sur la réalité de la guerre. Pierre Schoendoerffer a montré, avec un respect qui ressemble à de l'admiration, la fraternité virile dans une armée de métier.
Vingt-huit ans plus tard, il réalisera Diên Biên Phu."
"Ce film porte (...) un témoignage : celui d’une guerre, celui aussi d’une époque. Nous l’estimons pou
"Ce film porte (...) un témoignage : celui d’une guerre, celui aussi d’une époque. Nous l’estimons pour sa rigueur, pour sa volonté d’authenticité. Il n’y a guère de bavures. Ces hommes qui mènent une action très dure prennent en même temps conscience de la vanité de cette action. (...)
Le dégoût vous saisit devant ces pantins dérisoires qui ne savent que tuer, détruire, qui trouvent leur suprême jouissance dans la chasse à l’homme. Qu’après ils deviennent gibier à leur tour, c’est dans l’ordre. « Celui qui se sert de l’épée périra par l’épée », dit l’Evangile, et jamais parole ne s’est appliquée aussi judicieusement. On se surprend — on n'en est pas très fier, c’est leur façon de nous avoir — à souhaiter leur extermination et celle de leurs pareils. Qu’ont-ils à faire sur la terre des hommes ? Ils sont l’image même du fascisme : en eux, aucune force créatrice, rien que le vide, la négation de ce qui fait un homme.
Tel est ce film qui va nous représenter à Cannes cette année. C’est un bon choix pour la qualité de l’œuvre : le rythme du récit, sa concision, la beauté de l’image en font une œuvre de premier plan."
"On avait vu la guerre d’Indochine dans Patrouille de Choc (un bon document), on l'avait aperçue dans Mort en Fraude
"On avait vu la guerre d’Indochine dans Patrouille de Choc (un bon document), on l'avait aperçue dans Mort en Fraude (honnête) et dans Fort du Fou (écœurant) ; on ne l’avait jamais vécue, ni sentie, ni subie dans sa terrible et lamentable quotidienneté. C’est fait, enfin, avec le remarquable film de Pierre Schœndœrffer, un homme qui sait de quoi il parle, puisque avant de faire ce film il a fait la guerre d’Indochine comme correspondant de guerre et que, avant de raconter cette histoire à l’écran, il l’a publiée en livre d’après un fait authentique survenu au cours des jours qui précédèrent immédiatement la chute de Dien-Bien-Phu. (...)
Un réalisme total auquel l’excellente photo de Raoul Coutard confère une authenticité directe qui est le principal élément de la force avec laquelle le film s’impose à l’attention et à la réflexion. La caméra est toujours avec ces hommes, à hauteur d’homme : on ne voit jamais l’adversaire que du point de vue de la patrouille, le film refusant une convention dramatique habituelle au film de guerre qui veut qu’on ait parfois le point de vue de l’ennemi pour alimenter le suspense. Ici, point de ces compromissions ni de ces ficelles pathétisantes. Ce film touchera au cœur tous ceux qui ont vécu cette guerre ou — et ils sont plus nombreux — une autre, plus proche mais fort semblable.
C’est un film antihéroïque : on y meurt dans la boue, en souffrant, en silence. Et sans espoir, sans le réconfort (si réconfort il y a !) de donner sa vie pour une cause juste, ou gagnée. L'ennemi n’est pas caricaturé, ni méprisé : il est vu, non du point de vue de l’Histoire, mais de celui de ces hommes qui sont à son contact et en meurent, tandis que les diplomates discutent à Genève. (...)
Qu’on ne crie pas à l'esprit militariste ; ces deux caractères sont — étaient — profondément vrais. Si l’auteur éprouve pour eux une indéniable tendresse (...), il ne les justifie pas pour autant : il se borne à les décrire, dans leur humaine complexité, dans leur simple vérité, excellemment incarnés par deux bons acteurs, Jacques Perrin et Bruno Cremer. Manifestement, Pierre Schœndœrffer laisse à d’autres le soin de juger cette guerre du point de vue de l’Histoire : il se borne à nous fournir un témoignage personnel et un document humain qui méritent de figurer au dossier."
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