Un cow-boy en ville et en Technicolor rencontre une fée sous la pluie, chantant la fin de la jeunesse et des Sex Pistols. C'est Francisco qui fête ses 30 ans (...) Il est instituteur et né à 18 heures, ce qu'il ne cesse de répéter à sa copine, laquelle préfère s'occuper de la kermesse de l'école. A ce stade, on est déjà enchanté et enfermé dans un théâtre de poche en plans-séquences, assis derrière des rideaux de bolduc. On y représente l'histoire de Blanche-Neige avec les élèves et ça tombe bien parce que la suite du film repose une question inventée par Walser et cinématographiée par Monteiro : que faisait Blanche-Neige pendant qu'elle était morte ? Francisco, lui, s'écroule un certain nombre de fois (accident, évanouissement), se fait décapiter par le cadre, est le rival malheureux d'un Zorro de 13 ans, joue de l'ukulélé, puis disparaît dans une sombre et profonde maison.
Suite à ce «Théâtre», s'ouvre la seconde partie, intitulée «Rougeole», où la voix de Francisco nous apprend que sept nains vont veiller sur lui jusqu'à sa guérison. On nous les présente à travers les illustrations d'un livre de contes, ainsi qu'une série d'interdits, à commencer par celui de prononcer le nom de Francisco, «premier mot de la liste des cent mots défendus». Dans cette demeure sibylline comme un vestiaire de mecs, Simões est, semble-t-il, le chef, assisté de Harry. Le temps des cinq autres se passe à faire les idiots façon Jackass, et le nôtre à compulser un musée du cinéma où Peau d'âne côtoie John Wayne tandis que Siegfried traverse les Nibelungen pour finir sur l'Ile au trésor de Ruiz. Mais chacun y retrouvera ce qu'il y a mis et Gomes n'est pas contrariant en interview. Il accorde à l'un que La gueule que tu mérites est un film sur la régression et la nécessité de tuer l'enfance en soi, à l'autre que c'est une thérapie contre l'absence, au troisième que c'est le meilleur film jamais réalisé sur une communauté masculine toutes lectures ouvertes par l'«Adieu mes amis» qui clôt le film.
Lyrique et joutant contre la mort, Francisco est le veuf inconsolé de lui-même. Alité dans le noir, invisible et innommable pendant une heure dix, il souffre d'irrésolution : sortir de soi, c'est courir le risque de se déposséder, rester au-dedans, c'est faner. De là peut-être l'étrange rapport à l'origine qui parcourt le film, l'interdiction de la femme et le thème «gay» qui le sous-tend, à la fois repoussoir et à tiroirs, depuis Francisco arborant par dépit un T-shirt marqué «Je suis pédé» jusqu'à l'affolant bain du «nain» Travassos avec son canard jaune (...) Dans ce harem velu, les hommes servent de frère, de fils ou de père, selon des flux complices qui se déforment et se réarrangent au soleil noir d'une photographie signée Rui Poças, déjà éclaireur des ambigus O Fantasma et Odete de João Pedro Rodrigues."
A mourir d'ennui. Pas pu le regarder jusqu'au bout.
UN JOLI CONTE POUR ENFANT ADULTE, D'UNE ETRANGETE PERTINENTE ET POURTANT SI FAMILIERE. ET SI TU VEUX EN SAVOIR PLUS TAKA LE LOUER NA !
laborieux
C'est bien fait !